Le rover Curiosity vient de préparer l'échantillon de roche issu de son récent prélèvement, le premier forage jamais effectué ailleurs que sur Terre. Cette poudre va être analysée par les laboratoires automatiques de chimie et de minéralogie transportés par cet engin de 900 kg.
Curiosity s'est de nouveau photographié. Depuis le cratère Gale, il a expédié à la Nasa l'image de sa pelle, emplie d'un petit chargement de poussière. Les spécialistes de la mission MSL (Mars Science Laboratory), au JPL, sont heureux : Curiosity a réussi son premier forage, réalisé le 8 février dernier, dans la roche baptisée John Klein.
Choisie pour sa structure (elle ne semble pas très dure) mais aussi pour sa nature sédimentaire elle pourrait abriter d'anciennes traces d'un passé humide, le principal objet d'étude du géologue Curiosity.
Après y avoir enfoncé un foret de 16 mm et percé un trou de 6,4 cm de profondeur, Curiosity a utilisé sa petite pelle et a pu récupérer la précieuse poudre, qui va être analysée. On peut parler d'événement historique, car c'est la première fois qu'un outil humain fore sur une autre planète.
Curiosity va tamiser son échantillon avec Chimra
Sur Mars, l'atterrisseur Phoenix disposait d'une pelle et a creusé pour réaliser un prélèvement de sol meuble. Quant à Spirit et Opportunity, leur bras articulé porte une brosse rotative qui leur a permis de dépoussiérer la surface de roches avant leur étude rapprochée. Mais faire un trou dans une autre planète, voilà qui est une première.
Tout se passe lentement avec un tel robot, et chaque étape doit être minutieusement préparée et vérifiée. Pour l'instant, l'échantillon poudreux est toujours dans sa pelle et la prochaine étape est sa filtration sur un tamis, qui sera secoué et dont le maillage est de 150 microns. Ce sera le travail de l'instrument Chimra (Collection and Handling for In-Situ Martian Rock Analysis, récolte et manipulation pour les études in situ de roche martienne).
Lire le passé de Mars dans ses roches d'aujourd'hui
Après avoir tamisé, Chimra fractionnera la petite quantité de poudre en deux parties et le bras articulé les déposera dans les orifices des laboratoires CheMin et Sam. Le premier, comme son nom l'indique, est spécialisé dans la chimie et la minéralogie (Chemistry & Mineralogy). Il comprend un carrousel portant 62 petits récipients, permettant chacun une analyse. L'échantillon subit deux analyses, l'une en diffraction X, qui renseigne sur sa structure cristalline, et l'autre en fluorescence X, pour déterminer ses éléments chimiques.
Sam (Sample Analysis at Mars), lui, porte plusieurs instruments pour séparer les différents composants chimiques de l'échantillon (par chromatographie en phase gazeuse) et en déterminer la nature (pas spectrométrie de masse).
Ces analyses devraient permettre d'avancer dans la reconstitution de l'histoire géologique de Mars, encore mal connue, et de déterminer jusqu'à quel point l'eau liquide et des conditions favorables à une vie ont pu exister et se maintenir au moins temporairement.