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Une animation montrant le filtre de Chimra, en positions ouverte et fermée. Son maillage est de 150 microns. © Nasa, JPL, MSSS, Planetary.org, Emily Lakdawalla
Curiosity s'est de nouveau photographié. Depuis le cratère Gale, il a expédié à la Nasa l'image de sa pelle, emplie d'un petit chargement de poussière. Les spécialistes de la mission MSL (Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory)), au JPLJPL, sont heureux : Curiosity a réussi son premier forage, réalisé le 8 février dernier, dans la roche baptisée John Klein.
Choisie pour sa structure (elle ne semble pas très dure) mais aussi pour sa nature sédimentaire elle pourrait abriter d'anciennes traces d'un passé humide, le principal objet d'étude du géologue Curiosity.
Après y avoir enfoncé un foret de 16 mm et percé un trou de 6,4 cm de profondeur, Curiosity a utilisé sa petite pelle et a pu récupérer la précieuse poudre, qui va être analysée. On peut parler d'événement historique, car c'est la première fois qu'un outil humain fore sur une autre planète.
La photographie qui a fait plaisir aux membres de la mission MSL : envoyée le 20 février 2013, elle montre la poudre récoltée après le forage d'un trou dans une roche martienne par le rover Curiosity. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Curiosity va tamiser son échantillon avec Chimra
Sur Mars, l'atterrisseur Phoenix disposait d'une pelle et a creusé pour réaliser un prélèvement de sol meuble. Quant à Spirit et Opportunity, leur bras articulé porteporte une brosse rotative qui leur a permis de dépoussiérer la surface de roches avant leur étude rapprochée. Mais faire un trou dans une autre planète, voilà qui est une première.
Tout se passe lentement avec un tel robotrobot, et chaque étape doit être minutieusement préparée et vérifiée. Pour l'instant, l'échantillon poudreux est toujours dans sa pelle et la prochaine étape est sa filtrationfiltration sur un tamis, qui sera secoué et dont le maillage est de 150 microns. Ce sera le travail de l'instrument Chimra (Collection and Handling for In-Situ Martian Rock Analysis, récolte et manipulation pour les études in situ de roche martienne).
Image prise au 32e jour martien (sol 32) par la caméra Mastcam et montrant le porte-outil au bout du bras articulé. On y repère la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager), le dépoussiéreur DRT (Dust Removal Tool, une brosse), la foreuse (Drill), le spectromètre APXS (Alpha Particle X-Ray Spectrometer), ainsi que Chimra, le préparateur d'échantillons pour les laboratoires Chemin et Sam. © Nasa, JPL, MSSS, Planetary.org ; annotations d'Emily Lakdawalla
Lire le passé de Mars dans ses roches d'aujourd'hui
Après avoir tamisé, Chimra fractionnera la petite quantité de poudre en deux parties et le bras articulé les déposera dans les orifices des laboratoires CheMin et Sam. Le premier, comme son nom l'indique, est spécialisé dans la chimie et la minéralogie (Chemistry & Mineralogy). Il comprend un carrousel portant 62 petits récipients, permettant chacun une analyse. L'échantillon subit deux analyses, l'une en diffraction X, qui renseigne sur sa structure cristalline, et l'autre en fluorescence X, pour déterminer ses éléments chimiques.
Sam (Sample Analysis at Mars), lui, porte plusieurs instruments pour séparer les différents composants chimiques de l'échantillon (par chromatographie en phase gazeusechromatographie en phase gazeuse) et en déterminer la nature (pas spectrométrie de masse).
Ces analyses devraient permettre d'avancer dans la reconstitution de l'histoire géologique de Mars, encore mal connue, et de déterminer jusqu'à quel point l'eau liquide et des conditions favorables à une vie ont pu exister et se maintenir au moins temporairement.