Un boomerang lancé revient… parfois seulement aux mains de l'expéditeur et c'est normal ! Certains des boomerangs australiens traditionnels n'étaient pas faits pour être lancés mais servaient pour un éventail d'utilisations qui vont bien au-delà du stéréotype connu de tous.


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    Les boomerangs sont connus de la plupart du grand public comme étant des objets qui se lancent et reviennent, avec un peu de pratique, dans la main de l'expéditeur. Il existe cependant des boomerangs qui ne sont pas faits pour décrire un demi tour en vol. Certains étaient utilisés par les aborigènes d'Australie pour chasser les kangourous et les émeus car, lancés au ras du sol, ils permettaient de briser les pattes de ces proies. D'autres catégories de boomerangs n'étaient même pas faits pour être lancés, ce qui laisse supposer que ces objets peuvent avoir des fonctions moins évidentes.

    Des chercheurs australiens et français ont publié une étude dans le journal Australian Archaeology à propos de quatre boomerangs presque complets et un fragment de boisbois avec une forme de boomerang.

    Quatre boomerangs et le fragment d'un cinquième attestent des multiples fonctions de ces outils, utilisés par les aborigènes australiens avant l'arrivée des Européens. © <em>Yandruwandha Yawarrawarrka Traditional Land Owners Aboriginal Corporation</em>
    Quatre boomerangs et le fragment d'un cinquième attestent des multiples fonctions de ces outils, utilisés par les aborigènes australiens avant l'arrivée des Européens. © Yandruwandha Yawarrawarrka Traditional Land Owners Aboriginal Corporation

    Ces boomerangs ont été trouvés en 2017 et 2018 au niveau de la rivière Cooper Creek, proche de la ville d'Innamincka, dans le nord-est de l'Australie du Sud. Ils ont été mis au jour dans le lit de la rivière, au cours d'un épisode de sécheressesécheresse par un employé des parcs nationaux du sud de l'Australie et par une propriétaire locale. Cet assemblage constitue le sixième assemblage archéologique en bois déjà répertorié en Australie. Si les plus anciens boomerangs australiens sont vieux de 10.000 ans, la datation au radiocarbone de ce nouvel ensemble situe la fabrication de ces objets entre 1650 et 1830 après J.-C., soit avant l'arrivée des Européens tels que Charles Sturt (1795-1869) en Australie.

    L'un des auteurs de l'étude, Joshua Haynes, répertorie les boomerangs trouvés au niveau de la rivière Cooper Creek avant de procéder à leur datation au radiocarbone. © <em>Yandruwandha Yawarrawarrka Traditional Land Owners Aboriginal Corporation</em>
    L'un des auteurs de l'étude, Joshua Haynes, répertorie les boomerangs trouvés au niveau de la rivière Cooper Creek avant de procéder à leur datation au radiocarbone. © Yandruwandha Yawarrawarrka Traditional Land Owners Aboriginal Corporation

    Un ancrage physique dans la culture des Yandruwandha Yawarrawarrka

    Outre la très bonne conservation des objets de cet assemblage, l'intérêt de cette découverte réside dans les formes et tailles de ces boomerangs. Ils sont en effet plus grands et plus lourds que les boomerangs faits pour revenir après avoir été lancés. D'après la morphologiemorphologie des objets, les chercheurs estiment qu'ils étaient employés principalement pour chasser des oiseaux mais également pour creuser, pour la gestion du feu et pour le combat. Les auteurs suggèrent également que les boomerangs pouvaient aussi être utilisés au cours de cérémonies. Ils étaient traditionnellement utilisés par les aborigènes Yandruwandha Yawarrawarrka, dont la culture se transmet depuis des siècles au fil des générations.

    Ils étaient utilisés principalement pour chasser des oiseaux mais également pour creuser, pour la gestion du feu et pour le combat

    Le président de la Yandruwandha Yawarrawarrka Traditional Land Owners Corporation explique ainsi que la découverte de ces boomerangs a une importante signification culturelle pour les Australiens car elle permet d'avoir accès à des preuves tangibles relatives à l'histoire des aborigènes. Les conditions environnementales qui ont permis la préservation de ces objets durant plusieurs siècles sont cependant menacées par le changement climatique et avec elles, la perspective de nouvelles découvertes archéologiques exceptionnelles.