Le saut à ski est au programme des Jeux olympiques d’hiver depuis la première édition, en 1924 à Chamonix. Mais la discipline a beaucoup évolué. Dernière révolution : la position des sauteurs avec des skis en « V » pour favoriser l’appui sur l’air.

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    Antoine Blondin, journaliste de L'Équipe mais également romancier (Un singe en hiverhiver) les appelait « les hirondelles au garde-à-vous ». C'était il y a quelques décennies. En tenue noire, le buste bien droit et les bras tendus, les sauteurs à skis s'envolaient des tremplins pour tenter de battre les records. La comparaison est aujourd'hui complètement obsolète. Les sauteurs sont désormais en combinaison dans des textiles dont la composition pourrait être classifiée « secret-défense » par les fournisseurs tant elle peut être déterminante.

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    Au-delà des progrès du matériel, la position des compétiteurs a également fortement évolué. Dans les années 1950, les bras furent d'abord ramenés le long du corps par le Suisse Andreas Daescher. Même si en 1969, le Polonais Miroslaw Graf tenta le premier une nouvelle technique avec des skis écartés, c'est en septembre 1985, sur le tremplin de Falun, en Suède, qu'eut lieu une véritable révolution. Sans le vouloir, le Suédois Jan Boklöv, chahuté par le ventvent, fut contraint d'abandonner les skis parallèles et les écarta en formant une sorte de V. Il se sentit alors planer et retomba vingt mètres plus loin que ses précédents sauts. Plus jamais, il ne ressautera en parallèle.


    Revivez le moment où Stefán Kraft bat le record du monde de saut à ski. © ZapActu, fotolia

    Un gain de longueur de 10 %

    Les réactions d'abord moqueuses furent vite dissipées au regard des résultats obtenus. D'abord durement notée par les juges, cette nouvelle façon de sauter, ou plutôt désormais de planer séduit tous les sauteurs. Aujourd'hui, Boklöv, vainqueur de la Coupe du monde 1989, est comparé à l'Américain Dick Fosbury qui, en 1968, eut l'idée de franchir les barres au saut en hauteur sur le dosdos et non plus en ciseaux.

    Cette position permet en effet d'augmenter l'appui sur l'airair et donc d'augmenter les distances « planées ». Des études estiment à 28 % l'amélioration de la pénétration dans l'air et à 10 % le gain de distance obtenue par rapport à l'ancienne technique. L'appui sur l'air est en effet une des clés de la réussite.

    Un record du monde à 253,5 mètres

    Tels les avions en phase de décollage ou d'atterrissage ou bien les parachutistes lors de leur atterrissage, les sauteurs préfèrent avoir un léger vent de face plutôt qu'un vent de dos qui les plaquerait plus vite au sol. La position en V permet également d'avoir beaucoup plus de finesse lors du vol.

    Le record du monde actuel de vol à skis est détenu depuis mars 2017 par l'Autrichien Stefán Kraft avec un saut à 253,5 mètres sur le tremplin de Vikersund, en Suède.