En 2020, des personnes ont contracté l'encéphalite à tiques loin des régions où cette maladie virale est endémique. Les investigations ont montré que les malades ont attrapé le virus en mangeant du fromage de chèvre au lait cru, une première dans l'Hexagone. 


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    En 2020, 43 habitants du département de l'Ain ont été infectés par le virus de l'encéphalite à tiques, le TEBV. Transmis par les tiques, il est endémiqueendémique dans plusieurs pays d'Europe dont la France où la majorité des cas sont détectés dans le Grand Est. L'Ain ne fait pas partie de l'aire géographique du virus de l'encéphalite à tiques, alors comment ces 43 personnes sont-elles tombées malades ? Des scientifiques rattachés à l'Anses, à l'Inra ou à Santé publique France ont mené l'enquête pour remonter la piste de la contamination. Une étude parue en 2022 dans Frontiers in Microbiology retrace les étapes de cette investigation entre santé humaine et animale qui a conduit à l'identification de l'origine de la contamination : du fromage au lait cru, les premiers cas d'encéphalite à tiques transmis par l'alimentation en France.

    Le virus de l'encéphalite à tiques observé au microscope électronique. © Karin Stiasny, Christian Kössl, Jean Lepault, Félix A Rey, Franz X Heinz, CC by-sa 3.0
    Le virus de l'encéphalite à tiques observé au microscope électronique. © Karin Stiasny, Christian Kössl, Jean Lepault, Félix A Rey, Franz X Heinz, CC by-sa 3.0

    Des cas rares de contamination par les aliments

    « En avril 2020, le premier confinement a favorisé la consommation de produits locaux. Le fait que les cas soient groupés a facilité l'identification de l'origine de la contamination », explique Gaëlle Gonzalez, chargée de projet à l'unité de virologie du laboratoire de santé animale de l'Anses dans un communiqué de presse.

    En effet, les 43 personnes infectées ont un point commun : la consommation de fromage de chèvre au lait cru de type faisselle entre avril et mai 2020 provenant du même producteur local. Les scientifiques ont donc mené l'enquête dans cette ferme de l'Ain qui élève cinquante-six chèvres, trois vachesvaches laitières et quatre autres allaitantes.

    Des prélèvements faits sur les animaux ont permis d'identifier la présence d'anticorps anti-TEBV dans le sang de onze chèvres, soit 20 % du cheptel. La présence de ces anticorps, des IgM, témoigne de l'exposition récente des animaux au TEBV. Le génomegénome du TEBV, constitué d'ARNARN, a été identifié dans un tank contenant du lait de chèvre. L'Anses indique que le virus peut être présent dans le lait d'un animal contaminé jusqu'à 23 jours après l'infection initiale. Des tiques porteuses du TEBV ont aussi été trouvées dans la zone où les chèvres pâturaient ; ce sont probablement elles qui ont contaminé les caprins.

    L'infection par le virus de l'encéphalite à tiques provoque majoritairement un syndromesyndrome pseudo-grippal qui se résorbe seul et passe inaperçu, mais dans 10 à 30 % des signes de méningiteméningite ou de méningo-encéphalite plus graves peuvent se manifester. Il n'y a pas de traitement spécifique contre l'encéphalite à tiques, le traitement est uniquement symptomatique. En revanche, les personnes travaillant en milieu forestier ont accès à deux types de vaccinvaccin pour prévenir l'infection. La transmission par les tiques reste la voie de contamination la plus fréquente de cette maladie.