Vanikoro est une petite île de 190 km2 située au Nord des îles Vanuatu, dans le Pacifique. C'est là qu'Henri-Pierre Aberlenc, entomologiste au Cirad, a découvert parmi de nombreux insectes, la larve encore inconnue d'un coléoptère ainsi que plusieurs nouvelles espèces d'insectes, dans le cadre d'une opération d'envergure destinée à éclairer le destin final de Lapérouse à la fin du XVIIIe siècle.


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    Le passalide Gonatas naviculator de Vanikoro, très peu recensé depuis la fin du XIXe siècle. La larve de cette espèce de coléoptère vient d'être décrite pour la première fois, par Henri-Pierre Aberlenc, lors de la mission 2005 à Vanikoro.<br>© Cirad, H.P. Aberlenc La septième mission de l'opération Lapérouse a eu lieu du 18 avril au 16 mai 2005. Lancée par l'association néo-calédonienne Salomon, il y a 25 ans, l'opération a pour objectif de comprendre le destin final en 1788 sur l'île de Vanikoro dans le Pacifique, de l'expédition menée par Lapérouse après trois années de navigation autour du monde. Après avoir répondu à une première invitation en 2003, un entomologiste du Cirad, Henri-Pierre Aberlenc, a participé à cette nouvelle équipée.

    Le passalide Gonatas naviculator de Vanikoro, très peu recensé depuis la fin du XIXe siècle. La larve de cette espèce de coléoptère vient d'être décrite pour la première fois, par Henri-Pierre Aberlenc, lors de la mission 2005 à Vanikoro.
    © Cirad, H.P. Aberlenc

    La septième mission de l'opération Lapérouse a eu lieu du 18 avril au 16 mai 2005. Lancée par l'association néo-calédonienne Salomon, il y a 25 ans, l'opération a pour objectif de comprendre le destin final en 1788 sur l'île de Vanikoro dans le Pacifique, de l'expédition menée par Lapérouse après trois années de navigation autour du monde. Après avoir répondu à une première invitation en 2003, un entomologiste du Cirad, Henri-Pierre Aberlenc, a participé à cette nouvelle équipée.

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    Les insectes ont été récoltés grâce aux pièges jaunes. Ils doivent en être retirés un à un, sur le terrain.© Cirad, H.P. Aberlenc

    Ayant déjà contribué à l'opération Lapérouse en 2003, Henri-Pierre Aberlenc, entomologisteentomologiste au Cirad, a pris part à l'expédition 2005. Il a collecté, sur l'île, entre trois et quatre mille insectesinsectes représentant plus d'un millier d'espècesespèces différentes dont certaines sont encore inconnues des scientifiques.

    Parmi ces merveilles, figure la larvelarve de Gonatas naviculator (Percheron, 1844), une espèce de coléoptèrecoléoptère de la famille des passalides, dont des spécimens adultes n'avaient auparavant été recensés qu'à peu de reprises : en 1844, le spécimen type décrit par Percheron, à la fin du XIXe siècle cinq couples pris par le Docteur Philippe François, et, en 2003 et en 2005, une série d'adultes pris par Henri-Pierre Aberlenc. Une poignée d'exemplaires sont disséminésdisséminés dans d'autres collections. La larve était totalement inconnue jusqu'à ces dernières semaines. Elle a pu être prélevée en de nombreux exemplaires à trois stades successifs de croissance. Ces exemplaires ont été déposés au Museum national d'Histoire naturelle (Mnhn) de Paris, à côté des exemplaires du Dr François, et dans la collection d'insectes du Cirad. Une étude de l'Adn viendra par la suite compléter l'étude purement morphologique.

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    Cet insecte est une punaise indéterminée qui a été trouvée à Vanikoro lors de la mission 2005.© Cirad, H.P. Aberlenc

    Henri-Pierre Aberlenc a également retrouvé deux espèces endémiquesendémiques de Vanikoro précédemment décrites dans la littérature : le passalide déjà cité et le charançon Elytrurus lapeyrousei, découvert par Dumont d'Urville. A l'heure actuelle, la moisson d'espèces nouvelles pour la science et endémiques de Vanikoro se chiffre à trois : les coléoptères buprestides Maoraxia bourgeoisi - dédié à Yves et Hugues Bourgeois - et Agrilus funebris vanikorensis, ainsi que le coléoptère psélaphien Laperouseus conani - dédié à la fois à Lapérouse et à Alain Conan - qui représente non seulement une espèce nouvelle mais aussi un genre nouveau. Le chercheur suppose que d'autres espèces, en cours d'étude, pourront être qualifiées de nouvelles : des coléoptères ténébrionides, une cigale, des punaises, des mouches, etc.

    Quelques espèces ont été prélevées en alcoolalcool absolu afin de pouvoir en réaliser le séquençage Adn dans le cadre du projet barcoding. Cette technique permet de comparer les espèces entre elles. Elle apporte une information complémentaire à celle tirée de l'étude morphologique.

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    Elytrurus lapeyrousei. Capturé pour la première fois par Dumont D'Urville au début du XIXe siècle, il a été décrit par Boisduval. L'Elytrurus est un insecte endémique de Vanikoro.© Cirad, H.P. Aberlenc

    L'étude entomologique est doublée d'une étude biogéographique. Elle consiste à déterminer l'origine géographique des espèces collectées, par quels chemins elles sont arrivées à Vanikoro et permet même parfois d'estimer la date de leur arrivée. D'après les premiers résultats, l'essentiel du peuplement provient de Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Sud-Est asiatique. Le peuplement s'est fait d'ouest en est. Pour certaines espèces, Vanikoro représente en effet la limite orientale de répartition.

    L'inventaire et l'étude de la totalité des espèces collectées s'étalera sur plusieurs années. Pas moins de vingt chercheurs, répartis dans cinq pays à travers le monde - l'Angleterre, la France, l'Italie, la Nouvelle-Calédonie et la République Tchèque - sont déjà associés à ce travail depuis 2003. L'étude des diptères, très prometteuse en espèces inédites et remarquables, ne pourra certainement pas être terminée d'ici plusieurs dizaines d'années en raison du manque de spécialistes dans ce domaine.

    Cependant, d'ores et déjà, il s'avère que cette île petite et relativement isolée est remarquablement préservée : sa richesse biologique est étonnante pour un aussi petit territoire.

    La mission a reçu le soutien des ministères de la Défense, de la Marine nationale, de la Culture et de la Communication par l'intermédiaire du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) de Marseille et du ministère délégué à la Recherche par l'intermédiaire de l'Ird. Le Fonds Pacifique a été le mécène d'Henri-Pierre Aberlenc.