En explorant des fonds marins à l'est de l'Australie, une équipe d'océanographes a identifié une série d'espèces inconnues, éponges et arthropodes entre autres. De quoi donner du travail aux zoologistes. L'expédition a aussi découvert de vastes populations de corail mort, probablement à cause de l'acidification de l'océan.

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    Une raie mâle au fond de la mer du Tasman. © Advanced Imaging and Visualization Laboratory, Woods Hole Oceanographic Institution

    Une raie mâle au fond de la mer du Tasman. © Advanced Imaging and Visualization Laboratory, Woods Hole Oceanographic Institution

    Pendant plus d'un mois, des océanographes australiens et des Etats-Unis ont sillonné la mer du Tasman, dans l'océan Pacifique, entre la Nouvelle-Zélande et la Tasmanie (une île située au sud de l'Australie). L'enjeu de cette expédition organisée par la CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) était d'explorer une énorme faille qui plonge à quatre kilomètres sous la surface,  la zone de fracture tasmane.

    Les biologistes marins ont utilisé le Jason, un véhicule robotisé, ou Rov (Remote Operated Vehicle), grand comme une voiturevoiture. L'engin a pu descendre jusqu'au plancherplancher océanique et explorer une région du globe encore à peu près inconnue. Chaque année, les biologistes décrivent un grand nombre d'espèces nouvelles et il n'est pas rare qu'une exploration d'un territoire simplement mal connu en ramène plusieurs dizaines. Par exemple, dans la seule région du Grand Mékong, un millier d'espèces ont été décrites en une décennie et, plus récemment, Google EarthGoogle Earth a permis de dénicher au Mozambique une région quasiment inexplorée et qui s'est révélée riche d'espèces inconnues.

    Un poulpe photographié par Jason. © <em>Advanced Imaging and Visualization Laboratory, Woods Hole Oceanographic Institution</em>

    Un poulpe photographié par Jason. © Advanced Imaging and Visualization Laboratory, Woods Hole Oceanographic Institution

    Alors que le navire vient à peine de rentrer à Hobart (Tasmanie), on sait déjà que le bilan de l'expédition sera excellent. Les événements du voyage, petits et grands (du dernier menu à bord aux découvertes d'animaux inconnus), ont été scrupuleusement notés pendant l'expédition par Adam Subhas sur son blog.
    Les résultats demanderont maintenant des semaines ou des mois de travail de dépouillement mais il est déjà certain que Jason a rencontré plusieurs espèces encore non répertoriées, comme le rapporte une dépêche de l'AFP.

    Corail en péril

    Les zoologisteszoologistes ont repéré notamment une éponge géante de deux mètres de large et des anémones de mer (des cnidaires proches des méduses) à taches violettes. L'organisme qui a le plus étonné les océanographes est une ascidie carnivore. Cet animal, dont le groupe, qui comporte des centaines d'espèces, peuple de nombreuses mers du monde, vit fixé à l'état adulte et ressemble un peu à une outre à deux orifices.

    Jason, un Rov géré la <em>Woods Hole Oceanographic Institution</em>. © Julie Huber, <em>Marine Biological Laboratory</em>

    Jason, un Rov géré la Woods Hole Oceanographic Institution. © Julie Huber, Marine Biological Laboratory

    Sa physiologie et son développement larvaire suggèrent qu'il est proche des vertébrésvertébrés et donc qu'il est un peu notre cousin. Celui déniché par l'expédition mesure 50 centimètres de longueur. Cette ascidie géante ressemble « à une dionée attrape-mouche, mais beaucoup plus grosse », comme le raconte Adam Subhas dans son blogblog.

    Jason a également dévoilé d'immenses champs de corailcorail mort, dont beaucoup dataient de quelque 10.000 ans. Mais certains étaient bien plus jeunes. D'après les chercheurs, il semble que la plupart des récifs coralliensrécifs coralliens sans vie installés à plus de 1.300 mètres sont morts récemment. Le sentiment de l'équipe est que ce récif profond est en train de disparaître, probablement à cause de l'acidification de l'eau de mer, une des conséquences de l'augmentation de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphèreatmosphère.

    La Grande barrière de corailGrande barrière de corail n'est pas loin et cette observation vient s'ajouter à d'autres qui montrent que les récifs coralliens semblent actuellement en régression, souvent à cause de la pollution côtière.