Première cause de mortalité par infection bactérienne chez les nourrissons de moins de deux mois, la coqueluche est toujours présente en France et pose un problème de politique vaccinale dans de nombreux pays. C'est en 1906 que la bactérie responsable de cette maladie fut isolée par le pasteurien Jules Bordet. Une occasion de faire le point sur la situation de la coqueluche aujourd'hui et les recherches en cours.

au sommaire


    La coqueluche est aujourd'hui responsable de 40 à 60 millions de cas par an dans le monde et de 300 000 décès, principalement dans les pays en développement. Son incidence a largement diminué dans les pays qui ont introduit une vaccination généralisée. Mais depuis une dizaine d'années, dans ces pays, on observe un changement dans la transmission de la maladie, du à l'absence de rappel vaccinal après l'âge de 18 mois. Cette transmission ne s'effectue plus d'enfants à enfants comme dans l'ère pré-vaccinale mais d'adolescents-adultes (chez lesquels la protection acquise par la vaccination a disparu) à nouveau-nés. Pour cette raison, un rappel tardif à 11-13 ans est recommandé depuis 1998 en France et depuis 2004 pour les jeunes parents, les adultes à risque, et les personnels de santé en contact avec des nouveau-nés. Ces rappels ont pu être introduits grâce à la mise sur le marché de vaccins sous-unitaires ou acellulaires (c'est-à-dire composés de protéines bactériennes inactivées) adaptés au nourrisson et à l'adolescent ou à l'adulte. D'autres pays européens ont depuis, au vu d'une certaine résurgence de la coqueluche, émis des recommandations analogues.

    Aujourd'hui, l'incidence de la maladie chez les nourrissons non vaccinés (moins de trois mois) reste élevée en France : 266 cas pour 100 000 en 2004(2). Chez l'adulte "contaminateur potentiel", elle était de 887 cas pour 100 000 d'après une enquête menée en 2002. Cent ans après la découverte du germegerme en cause par le pasteurien Jules Bordet, la coqueluche provoque encore plusieurs décès chaque année en France, généralement chez des nourrissons contaminés par leurs parents.

    D'où l'importance du maintien d'une veille épidémiologique sur le territoire, assurée par le réseau "Renacoq", mis en place par le ministère de la Santé, composé de pédiatrespédiatres et de bactériologistes hospitaliers, et du Centre National de Référence de la coqueluche et autres bordetelloses, situé à l'Institut Pasteur et chargé du volet microbiologique de la surveillance.

    Parallèlement, des études sur les nouveaux vaccins doivent être menées : si on sait que les vaccins "sous-unitaires" ont moins d'effets secondaires que les vaccins "à germes entiers" précédemment utilisés, on ne connaît pas encore la duréedurée de l'immunitéimmunité qu'ils confèrent, ce qui est primordial pour pouvoir adopter à l'avenir des stratégies vaccinales adéquates.

    L'Unité de recherche PréventionPrévention et ThérapieThérapie moléculaires des Maladies humaines de l'Institut Pasteur, dirigée par Nicole Guiso, qui héberge le CNR de la coqueluche et autres bordetelloses, mène des recherches en ce sens, en collaboration avec différents pays européens.

    Impliquée dans la surveillance microbiologique et clinique de la coqueluche, en France et dans d'autres pays (avec les Instituts Pasteur situés à Saint-Petersbourg, à Alger, à Tunis, à Téhéran), dans l'étude de la durée de l'immunité provoquée par les différents vaccins, ce laboratoire de recherche surveille également les autres bordetelloses. Il faut en effet vérifier si leur évolution n'est pas modifiée par la vaccination anti-pertussis, avec le risque toujours possible de résurgence de certaines pathologiespathologies : la "para-coqueluche", due à Bordetella parapertussis, qui n'est pas aujourd'hui un problème en France mais persiste dans les pays de l'Est et en Finlande ; la bordetellose due à l'espèceespèce bronchiseptica, qui affecte des personnes immunodéprimées.

    Grâce au séquençageséquençage génomiquegénomique des différentes espèces de Bordetella effectué ces dernières années au Sanger Centre (Royaume-Uni), les chercheurs pasteuriens visent à développer des tests diagnosticsdiagnostics performants pour améliorer la nécessaire surveillance des différentes bordetelloses. Ils étudient aussi l'évolution, dans le temps et dans différents écosystèmesécosystèmes, de ces espèces bactériennes en développant des techniques fines d'analyse à partir des séquences de leurs génomesgénomes.

    Enfin, l'équipe de Nicole Guiso évalue actuellement de nouveaux outils thérapeutiques contre la coqueluche, basés sur l'utilisation d'anticorpsanticorps spécifiques de différentes toxinestoxines de Bordetella pertussis.

    Ces études sont facilitées par l'existence d'un modèle animal, mis au point ces dernières années par les chercheurs de l'Institut Pasteur, déjà utilisé dans le cadre d'enquêtes coordonnées par l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé sur l'évaluation des vaccins sous-unitaires.