Environ 20 % des patients infectés par le SARS-CoV-2 souffrent de symptômes comme l'agueusie ou l'anosmie. Quels sont les mécanismes physiopathologiques à l'œuvre ? 


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    C'est la semaine du goût. Une semaine allègrement financée par l'industrie alimentaire, soit dit en passant. Mais ce n'est pas le sujet. Les patients souffrant d'agueusie ne pourront pas profiter de cette semaine avec le reste de la population. L'occasion de revenir brièvement sur la physiopathologie de ce symptôme dans le cadre de l'infection au SARS-CoV-2 à l'aide de deux études publiées dans la littérature scientifique.

    Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la perte de goût liée à l'infection au SARS-CoV-2. © Microgen, Adobe Stock
    Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la perte de goût liée à l'infection au SARS-CoV-2. © Microgen, Adobe Stock

    Une histoire de récepteurs 

    Dans la littérature scientifique, plusieurs hypothèses ont été avancées, conformément aux altérations du goût déjà connues, et étudiées chez les autres infections à coronavirus. Aussi, des raisonnements biochimiques ont été proposés.

    Premièrement, la langue est pleine de récepteurs ACE2, les petites clés préférées du SARS-CoV-2, sur lesquelles il adore se fixer pour vous infecter. On peut donc penser que la forte présence de ces récepteurs sur cette zone se traduise en une forte présence du virus au niveau de la langue et altère le goût. Ces récepteurs sont connus pour jouer un rôle majeur dans la perception du goût. En effet, même si le mécanisme en jeu est mal connu, les scientifiques pensent que cela est dû à une inactivation de certaines protéines et des canaux à sodiumsodium

    Aussi, le SARS-CoV-2 peut se fixer sur les récepteurs de l'acideacide sialique, empêchant donc la fixation de ce dernier, qui est essentiel à la perception du goût. C'est un composant fondamental de la salivesalive qui protège les glycoprotéinesglycoprotéines véhiculant les moléculesmolécules gustatives dans notre bouche. De ce fait le SARS-CoV-2 pourrait donc occuper les sites de fixation de l'acide sialique sur les papilles gustatives, accélérant la dégradation des particules gustatives.

    Enfin, l'altération du système olfactif pourrait aussi jouer un rôle significatif étant donné que les deux systèmes chimiosensoriels sont fortement liés. Une congestion nasale et une accumulation de mucusmucus font souvent perdre le goût lorsque nous avons un simple rhume. Néanmoins, pour la Covid-19Covid-19, les patients atteints d'anosmie seraient moins nombreux que ceux qui souffrent d'agueusie.