Notre podcast fait sa rentrée ! Pour ce nouvel épisode, nous vous proposons une immersion auditive auprès de deux femmes de science illustres, engagées durant la première guerre mondiale. Une mère et sa fille vont parcourir toute la France pour soigner les soldats blessés grâce à un procédé encore nouveau, la radiographie à rayon X. Pour découvrir cette histoire inédite, écoutez le nouvel épisode de Chasseurs de science !


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    Irène Joliot-Curie est née le 12 septembre 1897. À l'occasion de l'anniversaire de sa naissance, nous consacrons le nouvel épisode de notre podcast Chasseurs de science à l'une de ses premières aventures scientifiques. En effet, à seulement 17 ans, la jeune Irène rejoint sa mère, Marie CurieMarie Curie, sur le front de la première guerre mondiale. Le duo mère-fille est à l'initiative d'un projet qui va changer la médecine moderne. En effet, Marie Curie a une idée : amener tout le matériel nécessaire pour prendre en charge les soldats blessés au plus près du champ de bataille. Pour cela elle imagine un véhicule, surnommé « Petite Curie », qui contient tout un panel d'instruments médicaux. Parmi eux, un appareil de Röntgen, qui permet de faire des radiographies aux rayons X. Ce dernier est au cœur de la stratégie de Marie Curie.

    Chasseurs de science met à l'honneur un duo mère-fille engagé pour les soldats blessés

    Irène, fraîchement dotée d'un diplôme d'infirmière, compte bien épauler sa mère dans son entreprise. Elle la rejoindra au front, à bord d'une Petite Curie et réalisera elle-même des radiographies sur les soldats blessés, malgré les réticences des médecins de guerre. Cette aventure familiale permettra l'essor de la radiographie, un examen médical aujourd'hui incontournable, qui a été découverte en 1895 par l'allemand Wilhelm RöntgenWilhelm Röntgen. Le travail de Marie et Irène sur le front ainsi que toutes les autres unités radiologiques ont permis d'épargner la vie de nombreux soldats meurtris par les éclats d'obus et de schrapnel. Tous les détails de cette histoire scientifique incroyable sont à découvrir dans le nouvel épisode de notre podcast Chasseurs de science disponible.

    Marie Curie à bord d'une Petite Curie lors de la première guerre mondiale en 1915. © Domaine public
    Marie Curie à bord d'une Petite Curie lors de la première guerre mondiale en 1915. © Domaine public

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    Transcription du podcast

    Bienvenue à tous dans Chasseurs de Science un podcast produit par Futura. Je suis Julie votre guide temporelle. Dans ce nouvel épisode, nous prendrons la route aux côtés de deux femmes extraordinaires pour veiller au chevet des soldats de la première guerre mondiale. Si ce podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous soutenir en le partageant sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et en nous laissant une note sur les plateformes de diffusion.

    Septembre 1914, la bataille de la Marne fait rage. Les Allemands et les Français, qui sont soutenus par les Anglais, se déchirent sur une ligne de front de plus de 200 kilomètres. Dans l'hôpital de campagne situé en retrait du champ de bataille, la situation est préoccupante. Beaucoup de soldats blessés décèdent lors du trajet entre le front et l'hôpital, ou bien sous le scalpel des chirurgiens qui n'arrivent pas à trouver les balles à retirer. 

    C'est une des femmes de science les plus illustres du XXe siècle, Marie Curie, qui va proposer une solution à cette situation cauchemardesque. En effet, elle a compris une chose essentielle. Pour limiter le nombre de morts, c'est l'hôpital qui doit venir aux blessés, pas l'inverse.

    Avec ce nouvel épisode de Chasseurs de Science, montez côté passager dans un véhicule hors du commun : une petite Curie. Vous aurez comme compagnes de voyage deux femmes tout aussi extraordinaires. Marie Curie et sa jeune fille, Irène, vont sillonner la France meurtrie par la guerre pour améliorer les soins prodigués aux soldats.

    À Paris, Marie Curie vient tout juste d'investir le nouveau bâtiment de l'Institut du RadiumRadium alors que la première guerre mondiale est proclamée. Forte de ses deux prix Nobel, le premier obtenu en 1903 avec son mari Pierre et Henri BecquerelHenri Becquerel pour la découverte des radiations, et le deuxième obtenu cette fois-ci seule en 1911, pour ses travaux sur le radium et le poloniumpolonium, elle souhaite tout de suite se mobiliser auprès des blessés. Selon elle, toute la ligne de soin est à repenser. On doit pouvoir vérifier l'état du blessé avant de le transporter à l'hôpital ou bien le soigner sur place si son état est trop préoccupant. Un examen médical, la radiographie, est essentiel à ses yeuxyeux. Grâce à elle, les médecins pourront voir les balles à travers les chairs sans opérer.

    Mais la radiologie n'en est qu'à ses débuts. Les rayons Xrayons X ont été découverts il y a à peine 20 ans par Wilhelm Röntgen, un Allemand. Seule une centaine de médecins en France maîtrisent cette technique et tous les hôpitaux n'ont pas le matériel nécessaire pour la pratiquer. C'est bien dérisoire face au nombre de « gueules cassées » à soigner. 

    Marie Curie soumet alors une idée à l'armée : des unités radiographiques mobilesmobiles capables d'aller au plus près des soldats blessés. Son projet se heurte d'abord à la réticence de l'institution, mais finit par être approuvé.

    Georges Massiot, un ingénieur à la tête d'une usine de fabrication d'équipement radiologique, conçoit une voiturevoiture laboratoire de radiologie. Il s'agit d'un véhicule Peugeot 10HP qui comporte tout le nécessaire pour prendre en charge les blessés comme un lit d'examen pliable ou encore une tente pour protéger des intempéries. À l'intérieur, il y a aussi un appareil de Röntgen, qui est alimenté par une dynamodynamo couplée au moteur du véhicule, qui sert à réaliser des radiographies.

    Cette voiture, qui porteporte le numéro 1, est la première conçue à but radiographique pour l'armée. Dix-sept autres suivront, toutes validées par Madame Curie en personne et le docteur Béclère, le directeur du service radiologique des armées. Ces voitures d'un nouveau genre seront baptisées « Petite Curie » par les soldats.

    Peu après, Marie Curie est enfin prête à partir pour le front à bord d'une voiture radiologique. Sa première destination est le champ de la bataille de la Marne, en 1914. Après son arrivée, l'hôpital dans lequel elle officie enregistre un nombre de décès particulièrement faible. 

    Là-bas, les soldats sont pris en charge aux abords du front et selon les résultats des radiographies réalisées dans le véhicule, il est décidé de les opérer sur place ou de les envoyer vers un hôpital mieux équipé. Celle qui avait la réputation d'être froide et dure se révèle particulièrement attentive auprès de ses patients. « Vous verrez c'est comme une photographiephotographie », les rassure-t-elle.

    Sa deuxième fille, Eve, écrit des années plus tard dans une biographie consacrée à sa mère. « Elle a ce qui peut leur être doux : un joli timbre de voix, des mains légères, beaucoup de patience et un respect immense et religieux de la vie humaine ».

    En 1915, la fille aînée de Marie, Irène, souhaite aussi l'aider. Âgée d'à peine 17 ans et un diplôme d'infirmière tout juste en poche, la jeune femme use de tous les arguments pour que sa mère accepte qu'elle parte avec elle dans une Petite Curie. Elle finit par obtenir gain de cause.

    Sur le front, la jeune Irène peine tout d'abord à s'imposer auprès des médecins de guerre. Mais grâce aux radiographies réalisées dans le camion, elle parvient à identifier les éclats de shrapnel, les balles perdues et les fractures avec une efficacité sans pareil. Son expertise permet de faciliter les opérations chirurgicales et elle gagne finalement le respect de ses collègues masculins.

    Cette année-là, Marie Curie et sa fille feront onze déplacements à travers toute la France, jusqu'à la frontière belge. En 1916, l'implication de Marie Curie est totale, elle passe son permis spécialement pour se mettre au volant d'une Petite Curie, et menait elle-même, en compagnie de sa fille, ses missions sur le front. 

    Durant les dernières heures de la Grande Guerre, en 1918, ce sont plus de 50 voitures radiologiques qui sillonnent la France, vers les tranchées mais aussi dans les campagnes privées d'infrastructures médicales ; 155 postes semi-fixes sont aussi construits.

    De son côté, Marie Curie est revenue à Paris et continue de s'investir pour le développement de la radiologie. À l'institut du Radium, des infirmières, prises en charge par Irène, mais aussi des médecins ou des soldats, se succèdent pour être formés aux techniques de radiographie. Désormais, aucun médecin n'envisage de se passer d'une radio pour effectuer un diagnostic ou opérer un patient. 

    À la fin de cette aventure, une nouvelle profession voit le jour : celle des manipulateurs en radiologie. Pendant six mois, 150 jeunes premières femmes sont formées aux mathématiques, à l'anatomie mais aussi aux bases théoriques de l'électricité et du fonctionnement des rayons X. Dans son livre, La Radiologie et la Guerre, Marie Curie livre sa vision de cette nouvelle discipline : 

    « Le manipulateur est l'aide qui fait fonctionner les appareils pour le médecin radiologiste ; c'est lui qui entretient l'appareillage en bon état, développe les plaques, manipule le porte-ampoule, répare les défauts de l'installation électrique. Son rôle est en principe, celui d'un ingénieur technicien ; quand il a été affecté à un poste mobile, il doit comme le médecin être particulièrement actif, habile et débrouillard. »

    Voilà comment Marie Curie et sa fille Irène, qui elle aussi obtiendra un prix Nobel de chimiechimie pour la découverte de la radioactivitéradioactivité induite, ont favorisé l'essor de la radiologie moderne. Durant la première guerre mondiale, plus d'un million de clichés radiologiques ont été faits, dont un millier par Marie Curie elle-même. Et dire que tout avait commencé par de simples images aux rayons X de la main de l'épouse de Wilhelm Röntgen, en 1895.

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