Des chercheurs américains ont mené un petit essai clinique pour tester une pilule contraceptive destinée aux hommes. Lors d’une présentation à un congrès, ils ont annoncé qu’elle avait été bien tolérée et qu'elle réduisait le taux de deux hormones impliquées dans la production de spermatozoïdes. 


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    Cette nouvelle pilule est en cours de test par une équipe de chercheurs de l'University of Washington School of Medicine et du Los Angeles Biomed Research Institute (LA BioMed), qui ont recruté 40 jeunes hommes en bonne santé pour la première phase d'essais cliniques. Dix participants ont reçu une pilule placeboplacebo de manière aléatoire, alors que les autres hommes testaient le nouveau traitement, appelé 11-béta-méthyl-19-nortestostérone dodécylcarbonate, ou 11-béta-MNTDC.

    Deux dosagesdosages de pilules ont été testés, 14 hommes ont reçu des doses de 200 mg, et 16 des doses de 400 mg. Tous les participants à l'essai devaient prendre leur comprimé (la pilule ou le placebo) une fois quotidiennement pendant 28 jours.

    Leurs conclusions, qui ont été présentées dimanche 24 mars lors du congrès annuel de l'Endocrine Society américaine de La Nouvelle-Orléans, ont montré qu'une prise quotidienne pendant un mois permettait de considérablement abaisser le niveau de deux hormones nécessaires à la production de spermatozoïdes, en comparaison avec le placebo.

    La production de spermatozoïdes est stimulée par la testostérone. © Tatiana Shepeleva, Fotolia
    La production de spermatozoïdes est stimulée par la testostérone. © Tatiana Shepeleva, Fotolia

    Pas d’effets secondaires graves

    Les effets du médicament étaient, par ailleurs, réversiblesréversibles à l'arrêt du traitement, et les participants n'ont pas rapporté d'effets secondaires graves. Parmi les effets secondaires légers, on note la fatigue, l'acné, les maux de tête, une libido un peu abaissée et de légers troubles de l'érection, mais l'activité sexuelle ne baissait pas. De plus, aucun participant n'a arrêté son traitement à cause des effets indésirables, et ils ont tous été diagnostiqués en bonne santé à l'issue du test.

    « Nos résultats montrent que cette pilule, qui combine deux activités hormonales en une, va abaisser la production de spermesperme tout en préservant la libido », a indiqué la chercheuse Christina Wang. En revanche, comme le médicament aurait besoin de plus de 28 jours pour produire des effets sur la production de spermatozoïdes, l'équipe de chercheurs note que cet essai était trop court pour observer une suppression optimale des spermatozoïdes. La prochaine étape sera de mener des études plus longues, et, si cette pilule s'avère efficace, des études plus vastes devront être menées avant de la tester sur des couples sexuellement actifs.

    Un contraceptif hormonal, sûr et réversible devrait être proposé dans environ dix ans

    « Un contraceptif hormonal, sûr et réversible devrait être proposé dans environ dix ans », a prédit le docteur Wang, ajoutant qu'un sondage précédemment mené avait montré que de nombreux hommes étaient ouverts à l'idée d'une pilule contraceptivepilule contraceptive masculine, tant que ses effets étaient réversibles.


    Contraception : la pilule masculine presque à portée de main ?

    Article de Janlou Chaput paru le 7 septembre 2012

    Une nouvelle moléculemolécule, nommée JQ1, pourrait être l'avenir de la contraceptioncontraception masculine. Ce composé utilisé dans le traitement contre le cancercancer a rendu infertiles des souris mâles sans effet secondaire notoire... à part une diminution du volumevolume testiculaire. La pilule masculine sera-t-elle prescrite dans quelques années ?

    Hommes et femmes ne sont décidément pas tout à fait égaux. Car si la pilule contraceptive féminine existe depuis 1956, l'homologue masculin n'est encore qu'une idée dans l'esprit des scientifiques. Pas de quoi les taxer de sexistes, ils sont juste limités par des considérations physiologiques.

    Pourtant, les tentatives ne manquent pas. Un traitement à base de plusieurs hormones passe l'épreuve du feufeu en étant testé par des volontaires lors d'un essai clinique. Même s'il se révélait efficace, son utilisation à grande échelle parait peu probable. D'autres molécules ont été éprouvées, mais les effets secondaires sur la santé et la fertilité qu'elles engendraient ont contraint les laboratoires à ne pas insister davantage.

    Et voilà qu'une nouvelle solution pointe à l'horizon. Son nom : JQ1. Ce composé d'abord utilisé dans la lutte contre le cancer vient de démontrer dans la revue Cell tout l'intérêt qu'il représente dans la mise au point d'une contraception masculine efficace, en bloquant la spermatogenèse, le processus de fabrication des spermatozoïdes.

    JQ1, la pilule de demain ?

    Pas de cobayes humains dans cette expérience, mais des souris mâles ont reçu par injection la molécule infertilisante. Très vite, la production de gamètesgamètes a drastiquement chuté. Les quelques cellules sexuelles qui restaient en vie n'avaient pas leur mobilité normale. La fécondation d'une femelle est donc impossible.

    La majorité des hommes se disent prêts à prendre la pilule contraceptive. Ils sont beaucoup moins nombreux à apprécier l'idée de sortir la poubelle ou demander son chemin à quelqu'un. Ont-il si peur que ça des enfants ? © Sirer, <a target="_blank" href="http://bit.ly/Kh6tfi">StockFreeImages.com</a>
    La majorité des hommes se disent prêts à prendre la pilule contraceptive. Ils sont beaucoup moins nombreux à apprécier l'idée de sortir la poubelle ou demander son chemin à quelqu'un. Ont-il si peur que ça des enfants ? © Sirer, StockFreeImages.com

    Lors du traitement, aucun effet secondaire sur la santé des rongeursrongeurs n'a été noté et la libido n'a pas non plus été affectée. Seul hic pourtant sans conséquence : la réduction du volume testiculaire. À l'arrêt des injections, les mâles ont connu le même succès reproducteursuccès reproducteur, preuve de la réversibilité du traitement, et les descendants n'ont manifesté aucun problème de santé ni quelconque malformationmalformation.

    JQ1 inhibe l'activité d'une protéineprotéine uniquement retrouvée dans le testiculetesticule, nommée BDRT, en ciblant une région particulière. Cette molécule contribue en temps normal au remodelage de l'ADN nucléaire dans les derniers stades de la spermatogenèse et joue un rôle fondamental. On connaissait au préalable son pouvoir stérilisant puisque des individus porteurs de mutations dans le gènegène Bdrt ne produisaient pas de spermatozoïdes.

    Les hommes se disent prêts à prendre la pilule

    La communauté scientifique s'accorde pour dire que cette découverte, émanant de chercheurs du Baylor College of Medicine (Houston) et du Dana-Farber Cancer Institute (Boston), est de taille. Il s'agit du premier contraceptif efficace qui n'affecte pas les taux d'hormones sexuelles. Même si dans l'expérience, JQ1 a été administré par voie sanguine, les auteurs affirment qu'une version orale, fournie dans une pilule, est tout à fait concevable.

    En attendant, la molécule n'est pas encore prête à être testée chez l'homme. Avant cela, ces mêmes scientifiques espèrent trouver un dérivé de JQ1 encore plus spécifique pour une meilleure efficacité. Un médicament qui devra très probablement supprimer le seul effet secondaire remarqué, car si 70 % des hommes ont reconnu dans une étude récente être prêts à prendre la pilule si celle-ci venait à être commercialisée, accepteront-ils de voir leur virilité mise à mal ?