Les résultats d’une nouvelle étude fournissent des preuves sur les associations à court terme entre les contraceptifs hormonaux et le risque de cancer du sein, y compris ceux contenant uniquement des progestatifs.
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Il existe des contraceptifs hormonaux combinés -- contenant des œstrogènesœstrogènes et des progestatifs -- et des contraceptifs contenant uniquement des progestatifs. Si l'on sait depuis longtemps que l'utilisation de contraceptifs oraux combinés est associée à une légère augmentation du risque de cancer du sein, il existe actuellement peu de données sur l'effet des contraceptifs progestatifs sur ce même risque.
L'utilisation de contraceptifs hormonaux progestatifs a largement augmenté, à la fois par voie orale et sous forme de formulations à longue duréedurée d'action telles que les injectables, les implants et les dispositifs intra-utérins libérant l'hormone. Par exemple, les prescriptions de contraceptifs oraux à base de progestatifs ont presque doublé en Angleterre au cours de la dernière décennie, égalisant presque celles des contraceptifs oraux combinés. C'est pourquoi des chercheurs anglais et australiens ont voulu connaître l'impact de l'utilisation actuelle ou récente de différents types de contraceptifs hormonaux sur le risque de cancer du sein. Les résultats de l'étude sont publiés dans la revue en libre accès PLOS Medicine.
Une étude menée sur 10 000 femmes pré-ménopausées
D'après les résultats, l'utilisation de toutes les formes de contraceptifs progestatifs est associée à une légère augmentation du risque de cancer du sein, similaire à celle associée à l'utilisation de contraceptifs oraux combinés. Les chercheurs ont analysé les données de la Clinical Practice Research Datalink (une base de donnéesbase de données de soins primaires britannique) sur 9 498 femmes de moins de 50 ans atteintes d'un cancer du sein invasifinvasif, ainsi que sur 18 171 femmes sans cancer du sein pour comparer les résultats.
Environ 44 % des femmes atteintes d'un cancer du sein et 39 % des témoins avaient reçu une prescription de contraceptif hormonal, dont environ la moitié pour des préparations progestatives. « Nos résultats suggèrent qu'il existe une augmentation relative d'environ 20 à 30 % du risque de cancer du sein associé à l'utilisation actuelle ou récente de contraceptifs oraux combinés ou de contraceptifs à base de progestatif seul », écrivent les auteurs.
Les scientifiques ont effectué des méta-analyses en combinant les résultats de la présente étude avec les résultats précédemment publiés de 12 études observationnelles (portant sur les préparations à base de progestatif seul et incluant des femmes d'une tranche d'âge plus large). Il se trouve que, pour une utilisation de contraceptifs oraux entre les âges de 16 à 20 ans, l'incidenceincidence sur le risque de développer un cancer du sein en 15 ans est de 8 sur 100 000. Elle représente 265 pour 100 000 femmes pour une utilisation entre 35 et 39 ans car le risque de développer un cancer du sein augmente avec l'âge.
Pas d’informations sur les associations à plus long terme
Bien que les résultats fournissent des preuves sur les associations à court terme entre les contraceptifs hormonaux et le risque de cancer du sein, ils ne fournissent pas d'informations sur les associations à plus long terme, ni sur l'impact de la durée totale d'utilisation des contraceptifs sur le risque de cancer du sein.
La pilule contraceptive favoriserait un type de cancer du sein
Article de Claire PeltierClaire Peltier, publié le 5 août 2010
La prise de la pilule contraceptivepilule contraceptive serait un facteur de risquefacteur de risque du cancer du sein, au moins chez les femmes afro-américaines. La pilule favoriserait préférentiellement un certain type de tumeurtumeur, difficile à traiter.
Le cancer du sein est un des cancers les plus fréquemment développé chez les femmes. Bien qu'il se soigne particulièrement bien aujourd'hui grâce aux avancées effectuées en biologie moléculairebiologie moléculaire notamment, les femmes ne sont pas toutes égales face à la maladie. Ou plutôt, la maladie n'est pas équivalente chez toutes les femmes atteintes.
En effet, il existe plusieurs versions de la maladie, basées sur ses caractéristiques. Certaines tumeurs possèdent, en surface ou à l'intérieur des cellules, des récepteurs des hormones comme celui de l'œstrogène (ER), de la progestéroneprogestérone (PR) et du facteur de croissancefacteur de croissance épidermique (HER2). La présence de ces récepteurs rend la croissance de la tumeur dépendante aux hormones. Si au moins l'un des trois récepteurs est présent, la tumeur hormono-dépendante est plus facile à traiter à l'aide moléculesmolécules antagonistes des hormones que lorsque le cancer est dit « triple-négatif ».
La pilule, subtil mélange de dérivés d'œstrogènes et de progestérone était soupçonnée d'être bénéfique à la fois contre le cancer et contre les maladies cardiovasculaires : de précédentes études à large échelle avaient montré une diminution des risques, sans pour autant en expliquer les causes moléculaires ou physiologiques. Une nouvelle étude menée par une équipe du Slone Epidemiology Center au Boston University School of Medicine (BUSM) vient contredire ces faits.
Augmentation des cancers de type ER-
Les scientifiques se sont intéressés au lien entre la prise de pilule et le développement des cancers du sein. Ils ont étudié le cas de 53.848 femmes noires-américaines parmi 59.000 femmes suivies pendant 12 ans entre 1995 et 2007 par une étude nommée Black Women's Health Study (BWHS). Cette large étude, effectuée dans le but de comprendre les raisons pour lesquelles les femmes noires seraient davantage victimes de problèmes de santé que les femmes blanches, est déjà à l'origine de plus d'une centaine de publications sur un grand nombre de maladies différentes.
Tous les deux ans, les femmes ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes et leur santé et ici les scientifiques se sont focalisés sur trois paramètres : la prise de pilule contraceptive, le diagnosticdiagnostic d'un cancer du sein et les facteurs de risques. Parmi ces femmes, 789 ont développé un cancer du sein au cours de l'étude. Des données concernant les caractéristiques du cancer ont également pu être obtenues.
L'étude, publiée dans le journal Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention démontre statistiquement que l'incidence du cancer du sein ER- (sans récepteurs aux œstrogènes) est 65% supérieure chez les femmes qui prennent une pilule contraceptive par rapport à celles qui n'en prennent pas. Les risques sont encore plus grands pour les femmes qui prenaient la pilule depuis plus de 5 ans avant l'étude et sur une durée supérieure à 10 ans. Le risque serait plus élevé pour le cancer ER- que pour le cancer ER+ (pourvu de récepteurs aux œstrogènes).
Les résultats, issus d'une vaste étude sur des femmes d'origine afro-américaine, ne peuvent pas être extrapolés à toute la population féminine. Elle inquiète cependant les scientifiques responsables de ces recherches, qui aimeraient comprendre le mécanisme du lien entre la prise de pilule et le développement d'un type particulier de cancer, afin de lutter contre son apparition.