Une dose d’ultrasons peut réduire la production de spermatozoïdes chez le rat. Des chercheurs américains espèrent un jour faire de cette thérapie un contraceptif masculin. Mais des analyses supplémentaires sont requises pour s’assurer de la fiabilité et de la réversibilité du traitement.

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    Même chez un individu fertile, tous ses spermatozoïdes ne sont pas des bêtes de course. Certains sont lents et d'autres sont même immobiles. On considère en moyenne que seulement 1 spermatozoïde sur 10 millions a une chance d'atteindre l'ovule. Pour cette raison, une réduction très importante du nombre de gamètes mâles dans le testicule par des ultrasons peut devenir un moyen contraceptif efficace. Mais il reste quelques paliers à franchir... © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Même chez un individu fertile, tous ses spermatozoïdes ne sont pas des bêtes de course. Certains sont lents et d'autres sont même immobiles. On considère en moyenne que seulement 1 spermatozoïde sur 10 millions a une chance d'atteindre l'ovule. Pour cette raison, une réduction très importante du nombre de gamètes mâles dans le testicule par des ultrasons peut devenir un moyen contraceptif efficace. Mais il reste quelques paliers à franchir... © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    L'impact des ultrasons sur la production de sperme est connu depuis quelques décennies maintenant. Mostafa Fahim et ses collègues montraient déjà en 1975 dans la revue Contraception la nocivité de ces sons à haute fréquence sur la production de spermatozoïdes.

    Mais ces travaux faisaient appel à un matériel aujourd'hui dépassé et qui ne figure plus dans les inventaires des cliniques. Des chercheurs de l'université de Caroline du Nord (États-Unis) ont alors voulu tester l'efficacité de l'outillage moderne dans le but de créer un contraceptif masculin à base d'ultrasonsultrasons.

    D'après leurs résultats parus dans Reproductive Biology and Endocrinology, la technique pourrait se révéler efficace. C'est le constat fait après avoir soumis des rats à des ultrasons à deux fréquences différentes : 1 MHz ou 3 MHz. Résultat : la technique la plus efficace consiste en deux traitements de 15 minutes séparés de deux jours, à 3 MHz, à la température de 37 °C, en se plaçant dans une solution saline à 3 % pour mieux conduire les ondes sonoresondes sonores.

    À cette dose, les spermatocytes et les spermatides, des cellules germinales, précurseurs des spermatozoïdes, sont en grande partie détruits, ce qui limite fortement la quantité de sperme. En comparant avec une autre méthode utilisant la chaleurchaleur seule pour détruire les gamètes mâles, ils ont pu montrer que les ultrasons permettaient de diviser par 10 le nombre de spermatozoïdes, et de diviser par 1.000 leur motilitémotilité.

    La spermatogenèse correspond à la fabrication des spermatozoïdes, d'une cellule germinale initiale jusqu'au gamète mobile et fécondant. Les ultrasons utilisés dans cette expérience détruisent les cellules appelées spermatocytes et spermatides, en plein milieu du cycle. Les spermatozoïdes ne peuvent alors pas se former. © Nicole Vacheret, Wikipédia

    La spermatogenèse correspond à la fabrication des spermatozoïdes, d'une cellule germinale initiale jusqu'au gamète mobile et fécondant. Les ultrasons utilisés dans cette expérience détruisent les cellules appelées spermatocytes et spermatides, en plein milieu du cycle. Les spermatozoïdes ne peuvent alors pas se former. © Nicole Vacheret, Wikipédia

    Les ultrasons en guise de contraceptif masculin ?

    Les rats ainsi traités ne devenaient pas infertiles pour autant. Malgré un faible nombre de spermatozoïdes, les rongeursrongeurs étaient encore capables de procréer. Ce qui n'est pas le cas des êtres humains, puisque l'OMSOMS considère qu'un homme devient infertile s'il présente moins de 15 millions de gamètes par millilitre d'éjaculat (95 % des hommes fertiles disposent de plus de 39 millions d'unités), et si moins de 40 % d'entre eux sont mobilesmobiles

    Cette technique contraceptive présente certains avantages. Peu invasive et contraignante, elle pourrait également s'avérer peu coûteuse à l'usager.

    Restent cependant quelques étapes, cruciales, à franchir pour s'assurer que ce contraceptif puisse devenir un « bon candidat », comme le commente James Tsuruta, premier auteur de l'étude. D'abord s'assurer que la transposition chez l'Homme aboutit aux mêmes résultats et rend impossible toute fécondation. Mais surtout vérifier la réversibilité du traitement. Or, les chercheurs ignorent la duréedurée d'efficacité de cette méthode contraceptive et l'impact de plusieurs doses sur la production de spermatozoïdes à court, moyen et long termes.