Grâce à la conception d'un nouvel anticorps capable de détecter la présence d'oligomères, les scientifiques viennent de franchir une nouvelle étape dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer.
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La maladie d'Alzheimer est, à ce jour, la forme de démence la plus répandue, touchant plus de 7 % de la population mondiale. Parmi les personnes atteintes, on estime que seulement un malade sur quatre est diagnostiqué, avec des symptômes se manifestant généralement lorsque la maladie est déjà arrivée à un stade de progression avancé et difficile à endiguer. Mais, grâce à un nouvel anticorps, capable de détecter certaines protéines responsables de la formation de plaques amyloïdes, les scientifiques pourraient bientôt être en mesure de diagnostiquer la pathologie plus tôt, pour une meilleure prise en charge.
Les oligomères, filature d'un coupable présumé
En présence de protéine tauprotéine tau, le peptide dit bêtabêta-amyloïde occupe un rôle prédominant dans la formation des plaques séniles qui caractérisent la maladie d'Alzheimer. Baptisée oligomèreoligomère dans sa forme libre, la bêta-amyloïde cause une diminution de l'efficacité des réseaux cholinergiquescholinergiques impliqués dans la mémoire et l'apprentissage, ainsi que dans l'activité musculaire et les fonctions végétatives du système nerveux périphérique. Or, les oligomères ont longtemps échappé à la détection des chercheurs, étant difficilement repérables lors des premiers stades de la maladie.
« Nous avons toujours un besoin urgent de méthodes quantitatives pour reconnaître les oligomères qui jouent un rôle majeur dans la maladie d'Alzheimer, mais sont trop discrets pour les stratégies de détection par anticorps standard, explique Michele Vendruscolo, à la tête de la nouvelle étude, parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Science. Grâce à notre stratégie innovante, nous avons découvert des anticorps capables de reconnaître ces particules toxiques. »
Vers une meilleure compréhension de la maladie
La méthode proposée par l'équipe de Vendruscolo repose sur une approche de détection par anticorps développée au cours des dix dernières années au Centre for Misfolding Diseases. L'anticorps conçu au cours de leur recherche possède désormais une affinité trois fois plus importante avec les oligomères qu'avec d'autres types de bêta-amyloïdes, rendant la détection plus fine et précise.
Mais les bénéfices de cette avancée ne s'arrêtent pas là. En offrant une détection plus efficace des oligomères, la méthode proposée par les chercheurs permettra d'étudier plus en avant le rôle du peptide bêta-amyloïde dans la maladie d'Alzheimer.
« Bien que la thèse des amyloïdes soit la plus répandue, elle n'a pas encore été complètement validée, en partie car les oligomères bêta-amyloïdes sont particulièrement difficiles à détecter ; par conséquent, les opinions sur les causes de la maladie d'Alzheimer diffèrent, poursuit Vendruscolo. La découverte d'un anticorps destiné à cibler précisément les oligomères est donc une étape importante dans le suivi de la maladie, l'identification de ses origines, et le contrôle de sa progression. »
Alzheimer : un diagnostic précoce grâce aux anticorps de lama !
Article de Destination Santé, publié le 21 juillet 2011
Et si le diagnosticdiagnostic de la maladie d'Alzheimer pouvait se faire avant les signes de démencedémence ? Une équipe espère y arriver en fabriquant des sondes composées d'anticorps de lamalama... En effet, cet animal possède des anticorps capables de traverser la barrière hémato-encéphaliquebarrière hémato-encéphalique. Un espoir pour les 860.000 personnes atteintes.
Tout savoir sur la maladie d'Alzheimer
Si l'on s'en tient aux moyens actuellement disponibles, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer reste aujourd'hui encore très difficile, voire impossible avant l'apparition de symptômes caractéristiques. La solution viendra-t-elle... du lama ? C'est ce qu'espèrent les partenaires d'une nouvelle aventure, qui associe le Centre de recherche de l'Institut du cerveaucerveau et de la moelle épinièremoelle épinière (IMCIMC, CNRS/Inserm/UPMC), le Commissariat à l'énergieénergie atomique (CEA), l'Institut Pasteur et l'Institut Roche.
Pourquoi le lama ? Parce que cet animal possède des anticorps très spéciaux. Plus petits que les nôtres, ils sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique (BHE), qui protège le cerveau mais permet aussi... d'y faire pénétrer certains médicaments. Un premier pas vers le diagnostic plus précoce de la maladie, au point de la détecter avant qu'elle n'apparaisse ?
L'Institut Roche de recherche translationnelle vient de lancer un projet de recherche sur trois ans pour développer de nouveaux outils diagnostiques. Des sondes immunologiques devraient permettre de détecter les protéines caractéristiques des lésions cérébrales de la maladie d'Alzheimer, les protéines Tau.
Des sondes pour repérer les signes de lésions cérébrales
Ces sondes seront composées d'anticorps spécifiques des protéines Tau, couplés à un produit de contrastecontraste. Celui-ci permettra de visualiser les fameuses protéines, grâce à l'imagerie par résonnance magnétique (IRMIRM). « Nous sommes en train de mettre au point les anticorps correspondant aux amas intercellulaires de protéine Tau et aux plaques amyloïdes », explique Pierre Lafaye, de l'Institut Pasteur. Il s'agit des deux types de lésions du tissu cérébral coexistant dans la maladie d'Alzheimer. « Grâce à des fragments des anticorps fabriqués par l'organisme du lama, associés à un produit de contraste, nous espérons être en mesure de visualiser les lésions au niveau du cerveau », ajoute-t-il. Chez la souris d'abord, puis « dans des échantillons de tissu cérébral humain postmortem ».
La maladie d'Alzheimer affecte 860.000 patients en France. Leur nombre devrait dépasser les 2 millions d'ici à 2040. Être capable de « détecter la maladie avant l'apparition des signes de démence et avant la perte des fonctions cognitives est une priorité pour les malades et pour les proches », rappelle-t-on au laboratoire Roche. Le projet, mené conjointement par cette entreprise privée et des instituts de recherche publique (l'Institut Pasteur, le Commissariat à l’énergie atomique et le Centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière) devrait à terme « permettre de mieux évaluer la progression de la maladie, ainsi que les effets de nouvelles thérapiesthérapies en cours de développement ».