Chez la souris, l'augmentation de la quantité de fibres alimentaires et de vitamine A dans son alimentation réduit l'allergie à la cacahuète. Une expérience de 2016 suggère que manger peu de fibres favorise les allergies.

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    Article paru le 24 juin 2016

    L'incidence des allergies alimentaires a bien augmenté au cours des dernières décennies dans les pays occidentaux. Pour l'expliquer, l'hypothèse hygiéniste a été avancée : elle suggère que les allergies sont liées à un manque d'exposition aux microbesmicrobes environnementaux. Toutefois, Laurence Macia et Charles Mackay, deux immunologistes à l'université Monash, en Australie, avancent plutôt l'idée selon laquelle les allergies alimentaires seraient liées à l'alimentation et au microbiome.

    Dans une étude parue dans Cell Reports, ces chercheurs ont étudié des souris chez qui ils ont induit artificiellement une allergie alimentaire. Elles ont été nourries avec une alimentation riche en fibres. Puis, leurs bactéries intestinales ont été données à un groupe de souris sans bactéries intestinales. Ce second groupe était protégé contre l'allergie et présentait une réponse moins sévère lors d'une exposition aux cacahuètes.

    Un régime riche en fibres semble protéger ces souris de l'allergie en modifiant le microbiome. Mais comment est-ce possible ? Du point de vue moléculaire, dans le côlon, les fibres alimentaires sont fermentées par des bactéries anaérobies pour donner des acides gras à chaîne courteacides gras à chaîne courte (AGCC) : acétate, butyrate et propionate. Ceux-ci se lient à des récepteurs couplés à des protéines Gprotéines G et exprimés par les cellules épithéliales et des cellules immunitaires. Les AGCC ont donc un impact sur la réponse allergique.

    Les allergies alimentaires, dont celle à la cacahuète, se sont beaucoup développées au cours des dernières années. La faute à un excès d’hygiène ou à l'alimentation ? © Hong Vo, Shutterstock

    Les allergies alimentaires, dont celle à la cacahuète, se sont beaucoup développées au cours des dernières années. La faute à un excès d’hygiène ou à l'alimentation ? © Hong Vo, Shutterstock

    Des acides gras à chaîne courte qui influencent l'immunité

    Quand les chercheurs ont donné aux souris allergiques de l'eau enrichie en acides gras à chaîne courte trois semaines avant l'exposition aux cacahuètescacahuètes, les souris avaient une réponse allergique réduite, même en l'absence d'un microbiotemicrobiote protecteur. Il était donc possible d'obtenir un effet anti-inflammatoireanti-inflammatoire juste en administrant les AGCC.

    L'effet des fibres sur l'immunitéimmunité passe par des lymphocytes T régulateurs (Treg), aussi appelés lymphocyteslymphocytes T suppresseurs. En effet, le microbiote intestinal a une influence sur ces lymphocytes T, comme l'explique la chercheuse : « Ma théorie est que les bactéries bénéfiques qui prédominent dans la consommation de fibres favorisent le développement des cellules T régulatrices ».

    L'interaction du système immunitairesystème immunitaire avec les bactéries de l'intestin prévient donc des réactions allergiques. Cette protection nécessitait aussi de la vitamine Avitamine A.

    Des essais précliniques seront nécessaires pour étudier le lien entre les fibres et les allergies chez l'Homme.