Dès 2014, l’IRD alertait sur le risque de Zika en France métropolitaine à cause de la présence du moustique-tigre dans certains départements. Ce virus, cousin de l'agent de la dengue et du chikungunya, cause aujourd’hui une épidémie sans précédent en Amérique latine et semble se propager.


au sommaire


    L'Amérique connaît aujourd'hui une grave épidémie de Zika qui inquiète particulièrement l'OMS. L'organisation a qualifié cette épidémie d'urgence de santé publique de portée mondiale. Depuis le premier cas au Brésil en mai 2015, 22 autres pays ont été touchés. Or, cette infection, dont la plupart des cas sont asymptomatiques, est souvent difficile à diagnostiquer. Elle provoque fièvre, éruptions cutanées, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires. Rien de grave, donc mais les femmes enceintes, elles, sont menacées en raison du risque de microcéphalies chez les nouveau-nés.

    Ce mercredi 3 février 2016, de nouvelles menaces de transmission par le Zika sont mises en lumièrelumière : l'AFP annonce que les autorités sanitaires du Texas ont signalé un cas suspect de transmission sexuelle du Zika. D'après un communiqué des services de santé du comté de Dallas (DCHHS), « le patient a été infecté par le virusvirus après avoir eu des relations sexuelles avec une personne malade de retour d'un pays où le virus est présent ». Cependant, un porteporte-parole du CDCCDC a indiqué à l'AFP que le CDC n'avait pas enquêté sur le mode de transmission du virus dans ce cas précis. D'autres soupçons de transmission sexuelle du Zika avaient émergé en 2008 car l'épouse d'un chercheur américain revenu du Sénégal avait été contaminée. Pour Anne Schuchat, directrice adjointe du CDC, la transmission sexuelle est plausible, mais le principal mode de transmission reste la piqûre de moustique du genre Aedes. Il existe aussi une possibilité de transmission du Zika de la mère à l'enfant, d'après le CDC, mais le virus ne serait pas transmis pendant l'allaitementallaitement.

    Outre l'espèceespèce Aedes aegyptiAedes aegypti, un autre moustiquemoustique peut aussi transmettre le Zika : Aedes albopictusAedes albopictus, lui aussi couramment appelé moustique-tigretigre. C'est ce qu'avaient montré en 2014 des chercheurs de l'IRDIRD (Institut de recherche pour le développement) dans un article paru dans Plos Neglected Tropical Diseases.

    L’épidémie de Zika au Brésil s'est répandue dans le pays. © Idé
    L’épidémie de Zika au Brésil s'est répandue dans le pays. © Idé

    Le moustique-tigre Aedes albopictus est un vecteur du Zika

    L'épidémie de Zika a connu des antécédents de moindre ampleur : en Micronésie en 2007 avec 5.000 cas et en Polynésie en 2013 avec 55.000 personnes touchées. Mais les chercheurs de l'IRD ont montré que le virus était également présent lors des épidémies de denguedengue et de chikungunyachikungunya de Libreville (Gabon) en 2007 dans des travaux qui ont révélé que le moustique responsable de la propagation du Zika était le moustique-tigre.

    Comme le Gabon a connu une épidémie de dengue et de chikungunya en 2007, les chercheurs se sont demandé si le virus Zikavirus Zika était aussi présent à cette époque dans la capitale. 20.000 personnes avaient été touchées et vu la similitude des symptômessymptômes entre dengue, chikungunya et Zika la question méritait d'être soulevée. Les chercheurs ont donc analysé les échantillons sanguins des malades et trouvé que de nombreuses personnes avaient été infectées par le Zika, avec la même fréquence que la dengue et le chikungunya. L'analyse des moustiques prélevés en 2007 a montré que le virus Zika était bien présent chez Aedes albopictus, le moustique-tigre, qui véhicule ces trois arbovirus. Le moustique-tigre représentait 55 % des moustiques prélevés à Libreville.

    Venu d'Asie, le moustique-tigre s'est répandu en Afrique, en Amérique, mais aussi en Europe et dans le sud de la France. C'est pourquoi, dès 2014, l'IRD alertait du risque bien réel de propagation du Zika en France métropolitaine. De la même façon, le Haut conseil de la santé publique a émis un avis en juillet 2015 concernant le risque de fièvre Zika en France. Ce texte indiquait que le risque de transmission du Zika était élevé dans les départements français d'Amérique où le vecteur Aedes aegypti est présent ; à la Réunion, à Mayotte et dans les départements de Métropole où le moustique Aedes albopictus est implanté, le risque était qualifié de « réel ». Le moustique a été détecté dans une trentaine de départements, essentiellement dans le sud de la France.

    Contre le Zika, la préventionprévention, consistant à se protéger des moustiques, reste la meilleure stratégie pour éviter la maladie. Une note d'espoir tout de même : une publication récente dans Journal of Medical Entomology décrit un nouveau répulsif anti-moustique, OFF ! Clip-On, particulièrement efficace contre Aedes aegypti.