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James Watson (à gauche) et Francis Crick (à droite), devant leur modèle de la molécule d’ADN, aux laboratoires Cavendish en 1953. Crédit : A. Barrington Brown / Science Photo Library
Le 31 mai à Houston, au cours d'une cérémonie officielle, un homme de 79 ans recevait un drôle de cadeau : sur les deux DVDDVD qui lui ont été remis est enregistrée... la liste complète de ses propres gènes. C'est la première fois que l'on réalise le décryptage complet du génome d'un individu et la personnalité de ce pionnier est hautement symbolique : il s'agit de James Dewey WatsonJames Dewey Watson, qui a partagé le prix Nobel 1962 avec Francis CrickFrancis Crick et Maurice Wilkins pour la mise en évidence de la structure en double-hélice de la moléculemolécule d'ADN.
En 2003, le projet dit du génome humain était venu à bout du séquençage complet des gènes d'un être humain mais il s'agissait d'une liste établie à partir de nombreuses personnes. On a donc beaucoup appris sur le nombre et la nature des gènes de l'espèceespèce humaine mais pas sur les disparités génétiques entre chacun de nous. L'un des artisans de cette ambitieuse entreprise était James Watson lui-même et ce scientifique a souhaité aller plus loin, en offrant en quelque sorte son génome à la science, pour initier ce qui pourrait être une nouvelle forme de médecine. Une autre célébrité de la génétique, le docteur Craig Venter, s'est prêtée au jeu. La société qu'il présidait, Celera Corporation, s'était lancée en 2000 dans le séquençage du génome humain.
Séquençage ultra-rapide
Quel est l'intérêt d'établir la liste des gènes d'une personne ? Elle permettrait probablement, expliquent les adeptes de cette voie de recherche, de personnaliser les traitements ou même d'anticiper une maladie qui risque de survenir. A court terme, les chercheurs espèrent repérer des gènes associés à différentes maladies.
Mais la technique est encore loin d'être au point. Le travail de deux mois qui a conduit au décryptage de l'ADN de Watson, mené au Human Genome Sequencing Center (HGSC) et avec l'aide de la société 454 Life Sciences, a coûté la bagatelle d'un million de dollars. Le prix a son importance car s'il se réduit beaucoup à l'avenir, il serait envisageable d'entreprendre cette analyse de façon banalisée.
Les progrès semblent en effet considérables si l'on compare les deux mois nécessaires au décryptage du génome du docteur Watson aux treize années de labeur qui ont conduit en 2003 au premier séquençage du génome humain. La technique utilisée est nouvelle et l'ADN, extrait du sang, a été multiplié par PCR (Polymerase Chain ReactionPolymerase Chain Reaction)), sans imposer le recours au clonageclonage dans des bactériesbactéries.
« Ce projet réunit la génétique, le diagnosticdiagnostic génétique et la génomiquegénomique dans une nouvelle vision d'une médecine personnalisée », résume Richard Gibbs, directeur HGSC.
Reste que l'entreprise n'est pas sans risque pour les deux volontaires. En rendant disponible pour la communauté scientifique la liste de leurs gènes, ils exposent leurs propres faiblesses génétiques mais aussi celles de leurs proches. Mais la compréhension du génome humain reste encore bien imparfaite. On ne sait pas lire dans les gènes comme dans un livre...