Quand on vieillit, on dort souvent de moins en moins bien. Les somnifères marchent parfois, mais pas toujours. On récupère moins vite. Mais pourquoi ? La réponse pourrait bien se trouver dans notre cerveau, au niveau des neurones orexinergiques. En effet, la qualité et la quantité de ce type de neurones, impliqués dans l’état de veille, se modifient avec l’âge. Explications.


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    À partir de 60-65 ans, beaucoup d'individus se plaignent d'avoir un mauvais sommeil. Les réveils nocturnesnocturnes sont fréquents. Ces nuits fragmentées ne permettent pas un repos suffisant et nuisent de façon importante à la qualité de vie en journée de ces personnes. En effet, un mauvais sommeil est associé à des risques accrus d'hypertensionhypertension, d'arrêt cardiaque, de diabète ou de dépression nerveuse. Bien que ce phénomène soit largement observé et connu depuis longtemps, les mécanismes sous-jacents ne sont toujours pas élucidés. Une équipe s'est intéressée à la question et vient de publier un article dans le prestigieux journal Science.

    Des neurotransmetteurs de l’état d’éveil

    Les auteurs de cette étude se sont penchés sur les hypocrétines, aussi appelées orexinesorexines. Seuls certains neurones du cerveau, une très faible partie des neurones localisée dans l'hypothalamus latéral et dorsomédian ainsi que dans l'aire périfornicale, sont capables de produire ces neurotransmetteurs. Ces peptides sont impliqués dans l'appétit et l'état d'éveil : ils sont excitateurs. Ils initient et maintiennent l'état d'éveil. Des travaux précédents ont montré que les patients ayant de faibles taux d'hypocrétines avaient de forts besoins de sommeilsommeil et pouvaient souffrir de narcolepsienarcolepsie.

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    Les études ont été menées chez la souris. © filin174, Adobe Stock
    Les études ont été menées chez la souris. © filin174, Adobe Stock

    Un modèle de souris

    Le sommeil est également perturbé avec l'âge chez la souris, ce qui en fait un bon modèle pour étudier le sommeil des personnes âgées. Deux groupes ont été constitués : un groupe de souris dites jeunes âgées de 3 à 5 mois et un groupe de souris dites vieilles âgées de 18 à 22 mois. Les souris âgées avaient bien des problèmes de sommeil, avec des réveils nocturnes fréquents. Les auteurs ont observé que la quantité de neurones capables de produire les hypocrétines était moindre chez les souris âgées comparativement aux souris jeunes, de moins 38 %. Ce résultat peut paraître paradoxal au premier abord, puisque les hypocrétines sont excitatrices et maintiennent l'éveil. Mais les neurones restants présentaient une hyperexcitabilité par rapport aux neurones d'une jeune souris : c'est-à-dire qu'un stimulus très faible suffisait pour qu'ils produisent des hypocrétines, qui déclenchent l'éveil. 

    Mieux comprendre pourquoi on dort mal quand on vieillit pourrait aider à développer des traitements plus personnalisés, plus adaptés à ce trouble spécifique du sommeil. Les somnifèressomnifères actuellement disponibles provoquent souvent un état de somnolencesomnolence au réveil, accentuant le risque de chute. Grâce à ces travaux, une nouvelle génération de somnifères pourrait être mise au point pour les personnes âgées souffrant de réveils nocturnes.