« Miracle à Jérusalem » titrait le journal Jerusalem Post le 13 mai dernier. C’est en effet un cas quasi désespéré auxquels ont été confrontés les médecins du Centre médical Hadassah : un homme de 46 ans avec une tige en métal de 50 centimètres de long encastrée en diagonale dans le crâne.


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    En ce mois d'avril 2020, Kamel Abdel Rahman visite son futur appartement encore en constructionconstruction, lorsqu'il se trompe de chemin et tombe du deuxième étage. Sa tête s'encastre dans une énorme tige en métalmétal de 50 centimètres, qui traverse son crâne de l'orbiteorbite droite à la mâchoire gauche. « Je ne pouvais plus bouger ; j'ai crié pour appeler à l'aide », témoigne l'homme de 46 ans dans le Jerusalem Post. Curieusement, Kamel Abdel Rahman reste conscient et affirme n'avoir ressenti aucune douleur. « Je me souviens de l'expression horrifiée et des hurlements de ma famille venue à mon secours ; j'ai alors compris que ça devait être grave. »

    La tige en métal de 50 centimètres de long et un centimètre de diamètre traverse le crâne de part en part. © Samuel Moscovici
    La tige en métal de 50 centimètres de long et un centimètre de diamètre traverse le crâne de part en part. © Samuel Moscovici

    Toute la base du crâne était fracturée et du liquide céphalorachidien s’écoulait abondamment de son nez

    Alors que son état se détériore rapidement, l'homme est transporté au Centre médical Hadassah, dans le service de neurochirurgie. Après s'être assurés qu'il respire encore, les médecins pratiquent une batterie d'examens d'imagerie médicale pour visualiser la position du clou dans le crâne sous toutes les coutures. « Par chance, le clou s'était encastré juste entre les deux artères carotides principales qui apportent l'oxygène au cerveau », explique Samuel Moscovici, le neurochirurgien l'ayant pris en charge, dans un courriel à Futura. Mais les dégâts sont considérables : « Toute la base du crâne était fracturée et du liquide céphalorachidien s’écoulait abondamment de son nez ».

    Une région du crâne difficile d’accès

    L'équipe procède alors délicatement à l'extraction du clou et des morceaux de chair abîmés. « Une opération très délicate car il ne fallait pas toucher les deux artères de la carotide, dans une région difficile d'accès », raconte Samuel Moscovici. Une fois la tige en métal enlevée, ses collègues de neurochirurgie vasculaire procèdent à une angiographieangiographie cérébrale afin d'évaluer les artères intracrâniennes et extracrâniennes touchées. L'examen, qui consiste à introduire un produit contrastant via un cathétercathéter au niveau de l'aineaine, révèle plusieurs artères lésées, que les médecins s'attellent à réparer une à une. Le patient est alors à peu près stabilisé, mais pas sauvé, car les tissus de la tête sont encore complètement déchiquetés. « Nous avons fermé la zone et attendu quelques jours que le gonflement de la tête diminue, afin de pouvoir réanalyser la situation et réparer les graves dégâts causés par la blessure », relate Samuel Moscovici dans le Jerusalem Post.

    Le patient rétabli en compagnie de Samuel Moscovici, un des médecins qui l’a opéré. © Samuel Moscovici
    Le patient rétabli en compagnie de Samuel Moscovici, un des médecins qui l’a opéré. © Samuel Moscovici

    Dix heures d’opération pour reboucher les trous

    La seconde opération, qui va durer plus de 10 heures, est pratiquée via une sonde endoscopique afin de ne pas infliger un traumatisme supplémentaire au patient. Les chirurgiens prélèvent de la graisse et du muscle sur l'abdomenabdomen et la jambe pour réparer la base du crâne et boucher la fuite de liquide céphalorachidienliquide céphalorachidien. « Nous devions travailler dans des régions crâniennes critiques, avec des structures complètement déformées par rapport à l'anatomieanatomie classique, détaille Samuel Moscovici. Après l'opération, nous étions plutôt optimistes mais nous ne savions pas dans quel état le patient allait se réveiller. »

    Contre toute attente, Kamel Abdel Rahman se réveille parfaitement et tout semble fonctionner correctement. « Le fait que la tige n'ait pas traversé d'artère majeure et que la lésion cérébrale n'ait pas touché une zone d'élocution a sans nul doute permis ce bon rétablissement », explique Samuel Moscovici. Trois semaines après son accidentaccident, le miraculé a pu retourner chez lui.

    « J'ai opéré de nombreux traumatismes crânienstraumatismes crâniens et tumeurstumeurs cérébrales complexes, mais c'est la première fois que j'ai été confronté à un tel cas, vraiment impressionnant », conclut Samuel Moscovici, encore sous la joie d'avoir réussi un tel miracle.