La mort reste un mystère. Et il semblerait que sa définition même veuille, au fil de quelques travaux scientifiques récents, être remise en question. Aujourd’hui, des chercheurs annoncent avoir obtenu de rétines humaines… qu’elles voient après la mort !


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    À la base de notre capacité à voir le monde qui nous entoure, il y a des cellules spécialisées plaquées sur notre rétine. Des photorécepteurs sensibles à la lumièrelumière. Et lorsque nous mourrons, bien sûr, ces précieuses cellules meurent avec nous. Mais des chercheurs de l’université de l’Utah (États-Unis) sont parvenus à ressusciter quelques-uns de ces photorécepteurs. À voir, en quelque sorte, après la mort. Une avancée qui pourrait révolutionner la recherche sur le cerveau et la vision.

    De premières tentatives avaient déjà donné des résultats encourageants par le passé. Restaurant une activité électrique toutefois très limitée dans les yeuxyeux de donneurs d'organes. Cette fois, ce sont des cellules photoréceptrices de la macula qui ont pu être réveillées. La macula, c'est cette région de la rétine située tout au fond de notre œil. Elle est responsable de notre vision centrale et de notre capacité à distinguer les détails les plus fins et les couleurscouleurs.

    Les photorécepteurs dont il est question ici - eux aussi issus de donneurs d'organes humains - ont répondu à une lumière vive, à des lumières colorées et même à des éclairséclairs de lumière très faibles. Et ce jusqu'à cinq heures après avoir été prélevés. Mieux encore, ils ont pu reprendre leurs communications avec d'autres cellules de la rétine. Une véritable résurrection, basée sur l'idée que c'est la privation d'oxygène, surtout, qui avait fait échouer les précédentes expériences.

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    Les chercheurs de l'université de l'Utah, en effet, ont conçu une unité de transport dédiée. Permettant de restaurer l'oxygénation et d'apporter quelques nutriments aux yeux prélevés sur des donneurs d'organes moins de 20 minutes après leur décès. Grâce à un appareil imaginé pour stimuler la rétine et mesurer l'activité électrique de ses cellules, ils ont, pour la première fois, pu observer un signal spécifique qui n'était jusque-là apparu que dans des yeux bien vivants. Celui que les spécialistes qualifient d'onde b.

    Au-delà du résultat obtenu, le modèle même développé par les chercheurs de l'université de l'Utah constitue une avancée. Il devrait permettre aux scientifiques de mieux étudier les maladies neurodégénératives telles que la dégénérescence maculaire, cause principale de malvoyance chez les personnes âgées. Sans avoir à en passer par un modèle animal pas toujours très adapté. Les souris, par exemple, n'ont pas de macula. L'idée de pouvoir produire des patchs viables de tissu rétinien humain pourrait être utilisée pour développer de nouvelles thérapiesthérapies pour les maladies cécitantes.

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    Avant de conclure, rappelons qu'il y a quelques années, des chercheurs de l'université de Yale (États-Unis) avaient réanimé des cerveaux de porcs désincarnés. Des cerveaux revenus à la vie pendant pas moins de 36 heures. Ils avaient fait la une de tous les journaux. Les résultats obtenus ici par les chercheurs de l'université de l'Utah ne semblent peut-être pas aussi spectaculaires. Mais ils relancent une fois de plus la question de la nature définitive de la mort. Ou au moins, celle de sa définition comme la perte irréversible de l'activité neuronale.