Trois signes avant-coureurs chez les adolescents permettraient de dépister de futurs troubles anxieux à l’âge adulte. C’est le résultat d’une étude portant sur plus de 2 000 adolescents européens.


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    Une personne souffre de troubles anxieux lorsqu'elle ressent une anxiété forte et durable sans lien avec une menace réelle, qui perturbe son fonctionnement normal et ses activités quotidiennes (selon un dossier de l'Inserm). Ces affections, touchant environ 21 % des adultes au moins une fois dans leur vie, débutent souvent pendant l'enfance ou l'adolescence. Près d'un adolescent sur trois est concerné par ces troubles psychiatriques dont un repérage précoce permettrait d'éviter une aggravation des symptômes plus tard. De plus, certains types de troubles anxieux (comme le trouble panique et le trouble d'anxiété généralisé) apparaissent davantage un peu plus tard dans la vie, d'où la nécessité de détecter le plus tôt possible les individus risquant de développer une anxiété clinique.

    Une équipe dirigée par des chercheurs de l'Inserm (ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli (CNRS/Université Paris-Saclay) a donc recherché chez des adolescents des prédicteurs de l'apparition de troubles anxieux. « Notre étude révèle pour la première fois qu'il est possible de prédire de façon individualisée, et ce dès l'adolescence, l'apparition de troubles anxieux futurs. Ces prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés pourraient permettre de détecter les personnes à risque plus tôt et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne », explique Jean-Luc Martinot, coauteur de l'étude, directeur de recherche à l'Inserm et pédopsychiatre.

    Un suivi de la santé mentale à 14, 18 et 23 ans

    Les chercheurs ont suivi la santé mentale de plus de 2 000 adolescents issus de la cohorte européenne Imagen et âgés de 14 ans au moment de leur inclusion dans l'étude. Les participants ont rempli des questionnaires en ligne à 14, 18 et 23 ans, afin d'évaluer les réponses psychométriques dans le temps. L'état de santé psychologique mentionné à 14 ans présente-t-il un impact sur le diagnostic individuel de troubles anxieux plus tard dans la vie (18-23 ans) ? Un algorithme poussé d'IAIA a permis de le savoir, et de dégager trois signes avant-coureurs de ces troubles à l'âge adulte :

    • le neuroticismeneuroticisme : une tendance persistante à ressentir des émotions négatives et une inadaptation au stressstress ;
    • le désespoir (lié à un faible score sur l'optimisme et la confiance en soi) ;
    • les symptômes émotionnels (sur le plan physiquephysique et/ou psychologique).

    À noter que le neuroticisme était la caractéristique la plus prédictive de l'anxiété future.

    21 % des adultes sont touchés par un ou plusieurs troubles anxieux au cours de leur vie. © Tim Gouw , Adobe Stock
    21 % des adultes sont touchés par un ou plusieurs troubles anxieux au cours de leur vie. © Tim Gouw , Adobe Stock

    Apport de l’IRM pour le trouble anxieux généralisé

    D'autre part, les chercheurs se sont intéressés aux volumesvolumes de matièrematière grise dans le cerveaucerveau, puisque l'on sait grâce à l'imagerie par résonance magnétiqueimagerie par résonance magnétique (IRM) que des différences peuvent être observées chez les adolescents souffrant de troubles anxieux. « Les volumes régionaux de l'IRM n'ont pas amélioré la performance de prédiction des troubles anxieux prospectifs par rapport aux seules caractéristiques psychométriques, mais ils ont amélioré la performance de prédiction du trouble anxieux généralisé, les volumes de la caudale et du pallidum étant parmi les caractéristiques les plus contributives », écrivent les auteurs de l'étude parue dans Molecular Psychiatry.

    L'IRM du cerveau adolescent permettrait donc de prédire un futur trouble anxieux généralisé. La performance de l'IA sur des données psychométriques collectées en ligne pourrait également servir à prévenir l'anxiété clinique de manière individuelle.