La France n’est pas reconnue comme étant un territoire avec un important potentiel en hydrocarbures. Et pourtant, il y a bien du pétrole en France métropolitaine. Un pétrole dont l’exploitation est d’ailleurs la plus ancienne au monde et qui a perduré jusqu’à aujourd’hui même si les volumes produits restent très faibles.


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    Évoquer la production de pétrole, et plus généralement d'hydrocarbureshydrocarbures, fait immédiatement penser aux pays du golfe persique, aux États-Unis ou à la Russie, mais certainement pas à la France. Pourtant, le territoire métropolitain possède certaines réserves de pétrole. Si elles sont certes minimes par rapport au potentiel des pays cités précédemment, elles ont pourtant été largement exploitées par le passé et le sont toujours.

    La France produit ainsi sur son territoire environ 1 % du pétrolepétrole que nous consommons. Cette production relativement peu visible est pourtant très ancienne puisqu'elle date du XVIIIe siècle, avec la découverte et l'exploitation du gisement pétrolier de Pechelbronn, en Alsace. L'exploration de nouveaux gisements et leur exploitation ne s'est cependant réellement accrue qu'après la Seconde Guerre mondiale, 77 titres d'exploitation ont ainsi été délivrés. Mais où sont-ils situés ?

    Pechelbronn, première exploitation de pétrole au monde

    Si l'Alsace (fossé rhénan), de par son passé géologique, est la première région où le pétrole français a été exploité, de nombreux autres gisements ont été découverts par la suite, principalement dans le Bassin parisien et le Bassin Aquitain.

    Carte des principaux sites français où le pétrole est exploité. © Ewan ar Born, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.5
    Carte des principaux sites français où le pétrole est exploité. © Ewan ar Born, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.5

    C'est en effet en 1740 que le roi Louis XV autorise la création de la toute première exploitation pétrolière au monde. Situé à environ 50 km de Strasbourg, le site de Merkwiller-Pechelbronn est d'ailleurs connu depuis la Renaissance par les habitants de la région pour ses nappes de pétrole affleurantes et ses sources « d'huile de pierre », qui sont alors utilisées... pour se soigner ! L'usage médical de l'huile minérale de Pechelbronn est intensément cité dans plusieurs ouvrages dont une thèse de médecine en 1734 qui décrit son utilisation pour soigner les infections, les plaies, les problèmes de peaux, la goutte... Mais c'est en 1745 que le premier puits pétrolier est creusé pour extraire le pétrole de façon plus industrielle. L'exploitation démarre avec les sables bitumineux, puis les mineurs tombent sur de l'huile de plus en plus fluide.

    Les produits dérivés du pétrole extrait à Pechelbronn. © Ji-Elle, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Les produits dérivés du pétrole extrait à Pechelbronn. © Ji-Elle, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Dans les années 1920, le pétrole ainsi extrait est transformé en lubrifiantlubrifiant pour l'industrie. Le site va ensuite connaître une nouvelle phase de développement avec l'invention par les frères Schlumberger d'une méthode de prospection électrique, qui va permettre d'augmenter significativement la production de pétrole. L'exploitation du site de Pechelbronn atteint ainsi son apogéeapogée en 1937 et emploie alors plus de 2 700 personnes. La production de brut alsacien dépasse les 70 000 tonnes par an, ce qui représente 5 % de la consommation française de l'époque.

    Bassin parisien et Bassin aquitain

    Petit à petit, l'amélioration des techniques de prospection vont permettre de découvrir de nombreux autres gisements. La production de pétrole dans les Bassins parisien et aquitain remonte ainsi aux années 1950. Si le site de Pechelbronn est arrêté depuis 1964, les nouvelles découvertes se sont succédé dans les deux autres bassins et la production y est toujours d'actualité, même si elle reste anecdotique face aux importations d'hydrocarbures.

    L'exploitation de pétrole français est d'ailleurs difficilement concurrentielle et son maintien dépend surtout du prix du baril. De nombreux puits ont ainsi été stoppés lorsque le prix du baril était trop bas. Inversement, son augmentation sur la dernière décennie fait qu'il redevient intéressant de prospecter sur le sol français. En 2014, la production totale du champ de Parentis dans le Bassin aquitain s'élevait à plus de 220 millions de barils.

    Station de pompage du lac de Parentis dans le Bassin aquitain. © Plbcr, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Station de pompage du lac de Parentis dans le Bassin aquitain. © Plbcr, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Toutefois, dans le cadre de la transition énergétique et de la réduction de la consommation d'énergies fossiles, l'exploitation des réserves identifiées et l'exploration de nouveaux réservoirs sur le territoire métropolitain ont vocation à s’arrêter progressivement.

    Et les DOM-TOM ?

    La France possède cependant de nombreux territoires maritimes situés un peu partout dans le monde, au large des DOM-TOM. Certains présentent un intérêt et un potentiel pétrolier, comme le bassin de la Nouvelle-Calédonie, la zone maritime au large de la Guyane française et des Antilles, mais également celles situées autour de l'archipelarchipel de Saint-Pierre-et-Miquelon et dans le canal du Mozambique.

    Le pétrole guyanais avait d'ailleurs fait parler de lui en 2012 à la suite de la découverte d'un gisement. De plus amples investigations avaient laissé suspecter la présence d'un important réservoir offshoreoffshore dans le domaine profond, à plus de 2 000 mètres sous l'eau, mais les premiers forages d'investigation n'avaient finalement pas permis de le confirmer.