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La redécouverte du plus grand mammifère terrestre de tous les temps au Pakistan permet une meilleure compréhension de son anatomie, de son environnement et précise son âge géologique, partons à la découverte du Baluchitère.
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La redécouverte du plus grand mammifère terrestre de tous les temps au Pakistan permet une meilleure compréhension de son anatomie, de son environnement et précise son âge géologique, partons à la découverte du Baluchitère.
Il nous fallait donc poursuivre nos recherches dans la région très sensible de Lundo Chur (probablement le Chur Lando des anciens auteurs), comme Forster-Cooper il y a un siècle, afin de retrouver des restes de baluchithère en situation stratigraphique contrôlée.
En fait, cette région a été inaccessible jusqu'en 1998, en raison des guerres tribales. En 1999, la première équipe autorisée à se rendre dans les environs de Lundo Chur comprenait quatre paléontologues (le responsable de la mission (J.-L. W.), un spécialiste des rongeurs (L. M.), un magnétostratigraphe (Mouloud Benammi) et moi-même), un prince Balouch (Mir Haider Shawani) et un géologue de l'Université du Balouchistan à Quetta (Ibrahim Baloch Shawani).
Les conditions climatiques, éprouvantes dès le début du séjour (fin mars), ont empiré au fil des jours, puisque la température a plusieurs fois frisé les 50° à l'ombre. Dans ces conditions très difficiles, il était nécessaire de s'organiser de manière rigoureuse. Après un réveil plus que matinal, nous partions sur le terrain à l'aube, pour profiter des courts moments de « fraîcheur ».
La chaleur, vite accablante, nous obligeait à retourner au camp dès 11 heures. Les provisions d'eau étaient épuisées depuis longtemps, nous aussi ! C'est parfois 30 à 40 kg que nous avons dû transporter sur le dos, calcinés par le soleil.
Au fil des jours, nous avons sillonné tous les environs, dans un rayon de 6 à 7 km, en récoltant systématiquement les fossiles déterminables et en levant les coupes géologiques.
La mission 1999 et les missions suivantes (jusqu'en 2004) nous ont permis de découvrir une quarantaine de gisements, sur une quinzaine de niveaux stratigraphiques successifs. Les plus anciens caractérisent un milieu marin ou deltaïque. Le littoral de l'époque fourmillait de vie, avec de très nombreux sélaciens (requins et raies), dont on a retrouvé des dents par milliers.
Ils nous ont notamment livré quelques restes de mammifères marins : des siréniens (groupe des lamantins et dugongs) et des cétacés primitifs, qui fréquentaient les eaux littorales chaudes du Pakistan, d'Égypte et d'Amérique du Nord.