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La redécouverte du plus grand mammifère terrestre de tous les temps au Pakistan permet une meilleure compréhension de son anatomie, de son environnement et précise son âge géologique, partons à la découverte du Baluchitère.
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La redécouverte du plus grand mammifère terrestre de tous les temps au Pakistan permet une meilleure compréhension de son anatomie, de son environnement et précise son âge géologique, partons à la découverte du Baluchitère.
Après une semaine de terrain, en 1999, c'est au cours d'une prospection matinale que nous avons vu apparaître dans des ravines sableuses un véritable amoncellement de fossiles.
Le sol était jonché de restes osseux gigantesques. Nous avons alors essayé de délimiter la zone fossilifère : celle-ci s'étendait sur des hectares et des hectares. Un bref examen des restes a suffi pour déterminer leur appartenance : un rhinocéros géant, le baluchithère !
Des centaines d'éléments crâniens, dentaires et postcrâniens s'offraient à nous. Après tant de temps, nous avions vraisemblablement retrouvé le gisement originel de Paraceratherium, signalé par Pilgrim et Forster-Cooper au début du siècle dernier.
Les résultats accumulés depuis 1999 permettent de dire que ces dépôts-là sont plutôt d'origine fluviatile. Les animaux ont été emportés par une ou plusieurs crues, tandis que d'autres ont été la cible de prédateurs. On peut sans peine imaginer un environnement enchanteur, sous un climat tropical : d'innombrables troncs d'arbres fossiles jonchent aujourd'hui le sol sableux, le plus souvent couchés (certains troncs dépassent les 10 m de long), mais parfois en place, avec les racines.
Des fruits fossilisés, proches de ceux des Nipa (palmiers actuels des mangroves de Malaisie), ont également été découverts.
Les baluchithères côtoyaient d'autres rhinocéros de taille plus modeste,
des ruminants,
des suoïdés (le groupe des phacochères et des pécaris) et des représentants de groupes aujourd'hui disparus, comme les schizothères (lointains cousins éteints des chevaux et des rhinocéros, munis de griffes) et les anthracothères (voisins des hippopotames). Les reptiles n'étaient pas en reste, puisque les sédiments regorgent de plaques dermiques de tortues (aquatiques et terrestres) et de crocodiles.
La prédation semble d'ailleurs essentiellement avoir été le fait de ces derniers. Les restes en sont très abondants. Deux groupes sont présents dans les gisements de la région, avec des crocodiles géants, qui atteignaient environ 12 à 15 m de long (deux fois comme ceux du Nil -et de la même taille que le caïman géant fossile d'Amazonie) et des gavials de la taille de ceux du Gange (crocodiles piscivores actuels).
Les restes attribuables à des mammifères prédateurs (carnivores et créodontes) sont en revanche rarissimes dans nos récoltes : quelques dents et os isolés seulement. La faune de ce gisement indique dans son ensemble un âge oligocène (25 à 26 millions d'années), bien antérieur à l'âge classiquement admis pour les dépôts de la région.
Les terrains plus récents regorgent de restes appartenant à d'autres géants, les mastodontes (cousins éteints des éléphants).