On savait déjà qu'une baisse importante de la concentration en oxygène de l'eau pouvait mettre en danger des espèces aquatiques. Une nouvelle étude parue dans l'édition courante d'Environmental Science and Technology avance qu'un manque d'oxygène peut aussi pousser les poissons femelles à se transformer en mâles…

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    En l'absence d'oxygène, les poissons zèbres préfèrent être mâles que femelles... <br />(Crédits : C. Thisse)

    En l'absence d'oxygène, les poissons zèbres préfèrent être mâles que femelles...
    (Crédits : C. Thisse)

    Les milieux aquatiques pauvres en oxygène

    L'usage à outrance des engrais et les rejets industriels dans les rivières sont la plupart du temps responsables des diminutions du niveau d'oxygène dans les milieux aquatiques. On dénombre à travers le monde 150 principales zones pauvres en oxygène, dont celle du Golfe du Mexique, qui couvre une surface de 20.000 kilomètres carré.

    Il est connu que, dans ces zones, le manque d'oxygène menace la survie des espèces aquatiques. Mais l'influence de ce facteur sur les hormoneshormones sexuelles des poissons l'est nettement moins. « Le problème est bien plus important que prévu », estime l'écotoxicologue Rudolf Wu, de l'université de Hong Kong, dans un article paru récemment.

    L'asphyxie augmente la production de testostérone

    Certains poissons et reptiles sont capables de changer de sexe. Cette modification dépend à la fois de leurs gènesgènes et du milieu naturel dans lequel ils évoluent. La température, le taux d'acidité et la composition chimique de l'eau sont autant d'éléments qui font pencher la balance en faveur du mâle ou de la femelle. Selon Rudolf Wu, il faut maintenant ajouter à ces facteurs la concentration en oxygène.

    Pour appuyer sa thèse, Rudolf Wu a élevé des poissons zèbres dans une eau pauvre en oxygène. Peu après la naissance, ces poissons présentent des gonadesgonades semblables à des ovairesovaires puis, entre 10 jours et un mois, leurs gènes et leur environnement modifient leur production d'hormones et, in fine, déterminent leur sexe.

    Au bout de 120 jours, Wu a constaté que 75 % des spécimens étaient des mâles, tandis que, dans un milieu à la concentration normale en oxygène, seuls 60 % évoluaient vers le sexe masculin. Comment expliquer cette différence ? Le chercheur s'est penché tout particulièrement sur des enzymesenzymes qui conditionnent la synthèse des hormones sexuelles et a remarqué qu'ils étaient moins abondants chez les jeunes poissons vivant dans un milieu pauvre en oxygène. La quantité de testostéronetestostérone produite s'en est trouvée accrue, et la proportion de mâles dans la population également.

    Wu se demande à présent si le manque d'oxygène ne pourrait pas avoir des effets similaires sur l'homme. En effet, des études ont montré que des personnes vivant en altitude ou souffrant d'apnée du sommeilapnée du sommeil présentent des taux hormonaux légèrement différents des autres. Mais, heureusement, on est encore bien loin d'affirmer qu'une baisse du niveau d'oxygène dans l'atmosphère engendrerait une multiplication du nombre de garçons à la surface de la TerreTerre !