Grâce à une méthode mise au point par des chercheurs américains, il est désormais envisageable de décontaminer des sols pollués au pétrole lourd tout en préservant leur fertilité. La preuve : ils ont fait pousser des laitues sur des sols ainsi traités.


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    Même si les marées noires font généralement couler le plus d'encre, 98 % des déversements d’hydrocarbures se produisent sur terre. Dans le monde, pas moins de 25.000 cas sont recensés chaque année. Des chiffres qui aident à saisir l'urgence à trouver des solutions de décontamination.

    Et c'est justement ce que proposent aujourd'hui des chercheurs de l'université de Rice (États-Unis). Ils s'appuient pour cela sur la pyrolysepyrolyse, ce même procédé qui sert à nettoyer les fours. Ils ont mis au point une technique qui leur permet de chauffer les sols souillés tout en empêchant l'oxygène d'y pénétrer, préservant ainsi également leur fertilité.

    Les argiles jouent un rôle essentiel dans la fertilité des sols. Ils retiennent l’eau. Et si la température augmente au-delà de 500 °C, les argiles sont détruites et la déshydratation des sols apparaît alors irréversible. Ici, de la laitue poussant sur des sols traités par les chercheurs de l’université de Rice (États-Unis). © Wen Song, Université de Rice
    Les argiles jouent un rôle essentiel dans la fertilité des sols. Ils retiennent l’eau. Et si la température augmente au-delà de 500 °C, les argiles sont détruites et la déshydratation des sols apparaît alors irréversible. Ici, de la laitue poussant sur des sols traités par les chercheurs de l’université de Rice (États-Unis). © Wen Song, Université de Rice

    Une température et une durée de traitement contrôlées

    Des essais sur des échantillons de sols contaminés en laboratoire avec du pétrolepétrole lourd ont montré qu'un chauffage à 420 °C pendant 15 minutes élimine 99,9 % des hydrocarbureshydrocarbures pétroliers totaux (TPH) et 94,5 % des hydrocarbures aromatiqueshydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). À cette température, en effet, une série de réactions convertit les hydrocarbures lourds en solutions stables et peu réactives. De quoi ramener le sol au niveau de pollution que l'on rencontre classiquement dans la nature.

    Pour tester la fertilité de ce sol, les chercheurs ont ensuite voulu y faire pousser de la laitue Simpson à graines noires. Une laitue particulièrement sensible à la pollution au pétrole. Après 21 jours, les laitues ainsi cultivées présentaient le même taux de germination et le même poids que celles cultivées dans un sol propre. Et cerise sur le gâteau, le traitement proposé semble ne libérer aucun polluant toxique dans l'airair environnant.