Seuls des restes de repas fossilisés permettent d’en apprendre plus sur les habitudes alimentaires et les techniques de chasse des dinosaures. Sinocalliopteryx, un théropode bipède découvert en Chine, semble avoir été particulièrement friand d’oiseaux préhistoriques. Mais comment faisait-il pour les attraper, malgré sa grande taille et son absence d’aile ?

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    L'histoire des dinosaures, disparus voici 65 millions d'années lors de la crise biologique du Crétacé-Tertiaire, s'écrit et se précise au fil des découvertes de fossiles. Plusieurs d'entre elles ont profondément modifié l'image que nous nous faisions d'eux. Des dinosaures du Crétacé auraient ainsi été à sang chaud. De même, de nombreuses espèces devaient posséder des plumes sur une partie ou sur l'intégralité de leur corps, à l'image des vélociraptors.

    Il n'existe qu'une seule possibilité pour étudier le régime alimentaire des dinosaures : trouver des aliments conservés dans leur cavité abdominalecavité abdominale. Une équipe menée par Lida Xing de l'University of Alberta (Canada) vient justement de mettre au jour en Chine un nouveau squelette de Sinocalliopteryx abritant des précieux restes de repas fossilisés. Ce dinosaure dépourvu d'aile était visiblement capable d'attraper activement des congénères de plus petite taille et pouvant voler. Certaines proies seraient même des cousins proches du vélociraptorvélociraptor. L'étude a été publiée dans la revue Plos One.

    L'holotype de <em>Sinocalliopteryx gigas.</em> Il s'agit du squelette utilisé pour décrire cette espèce pour la première fois. Il a lui aussi été trouvé dans la formation géologique du Yixian en Chine. Des restes de <em>Sinornithosaurus,</em> un petit dinosaure volant de la famille des dromaeosauridés, sont visibles dans son abdomen, sous les côtes.<em> </em>© Xing <em>et al.</em> 2012, <em>Plos One</em>

    L'holotype de Sinocalliopteryx gigas. Il s'agit du squelette utilisé pour décrire cette espèce pour la première fois. Il a lui aussi été trouvé dans la formation géologique du Yixian en Chine. Des restes de Sinornithosaurus, un petit dinosaure volant de la famille des dromaeosauridés, sont visibles dans son abdomen, sous les côtes. © Xing et al. 2012, Plos One

    Sinocalliopteryx, le dinosaure friand d'oiseaux préhistoriques 

    Le Sinocalliopteryx gigas était enfoui dans la formation géologique d'Yixian (province du Liaoning). Cette espèce vivant au début du Crétacé pouvait atteindre 2 m 30 de long, avoir la hauteur d'un loup et peser jusqu'à 20 kgkg. Ce théropode bipède appartenait à la famille des compsognathidés, un groupe majoritairement composé d'espèces carnivores de petite taille (1 m de long en moyenne) recouvertes de plumes. Ce spécimen contenait dans la région postérieure de son abdomenabdomen un squelette désarticulé de Confuciusornis, l'un des oiseaux préhistoriques les mieux connus. D'autres os présents dans l'animal et peu attaqués par les acidesacides gastriques, 4 scapulocoracoïdes, suggèrent également la présence d'au moins deux autres volatiles dans la cavité abdominale.

    Selon les auteurs, Sinocalliopteryx pourrait avoir été un prédateur actif puisqu'il a rapidement ingéré au minimum trois proies. Une question se pose néanmoins : comment a-t-il fait pour attraper ces oiseaux ? Ce dinosaure de grande taille ne peut en effet ni voler ni grimper aux arbresarbres. Il devait donc chasser à l'affût, en fonçant sur sa proie une fois celle-ci posée au sol et avant qu'elle ne puisse redécoller. Heureusement pour lui, Confuciusornis ne devait pas être un dinosaure volant très agile.

    Les scientifiques ont choisi d'analyser une nouvelle fois le premier Sinocalliopteryx gigas trouvé sur le site et décrit en 2007, pour confirmer leur propos. Car ce fossilefossile contenait lui aussi des restes alimentaires dans l'abdomen, à savoir un morceau de tibiatibia de dromaeosauridés et une boule composée de plumes ou de poils formant un duvet. Plusieurs critères suggèrent que ces restes appartiendraient à un Sinornithosaurus, « oiseauoiseau-lézard chinois », long de 90 cm. Or, ce genre est cousin de celui des vélociraptors. Cette découverte démontrerait donc, bien que l'on s'en doutait, que des dromaeosauridésdromaeosauridés prédateurs, comme le microraptor, pouvaient également devenir des proies à l'occasion.