Retrouvé dans l'estomac d'un vélociraptor, un os de ptérosaure rend perplexe, et donne à penser que ces prédateurs ne dédaignaient peut-être pas les charognes. Il est en effet difficile d’imaginer un dinosaure de taille modeste s’attaquer à des reptiles volants pouvant mesurer plusieurs mètres d’envergure.


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    Cette représentation graphique d'un vélociraptor se nourrissant d'un ptérosaure est l'œuvre de Brett Booth. Le vélociraptor appartient à la famille de dromaeosauridés et partage de nombreux caractères avec les oiseaux actuels (dont les plumes). © Brett Booth

    Cette représentation graphique d'un vélociraptor se nourrissant d'un ptérosaure est l'œuvre de Brett Booth. Le vélociraptor appartient à la famille de dromaeosauridés et partage de nombreux caractères avec les oiseaux actuels (dont les plumes). © Brett Booth

    Grâce au film Jurassic Park, les vélociraptors se sont fait une place de choix dans l'imaginaire de nombreux cinéphiles. Ces dinosaures y sont présentés comme des superprédateurs chassant en groupe. Ils possédaient en effet des membres postérieurs puissants spécialement adaptées à la course. Plus marquant, chaque patte était pourvue d'une longue griffe en forme de faucille - jusqu'à 15 cm - fixée sur le deuxième doigt. Elles étaient probablement utilisées pour mieux saisir les proies.

    Depuis, le temps a fait son œuvre et nous connaissons mieux ce carnivore du Crétacé supérieur, plus petit que sa représentation dans les films. Ils mesuraient environ 1,80 mètre de long (de la tête à la queue) pour une hauteur de 1,20 mètre. Le corps avait la taille d'un gros poulet, pour 7 à 15 kgkg. Ils étaient également recouverts de plumes et devaient pourchasser leurs proies la nuit.

    Il semble maintenant que ce théropode ne tournait pas le dosdos à de la nourriture gracieusement offerte. Bien que spécialisé pour la chasse, il pouvait se repaître de viande morte arrachée à des cadavres. Cette information est révélée dans la revue Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology par David Hone du University College Dublin (UCD).

    Ce fossile de <em>Velociraptor mongoliensis </em>abrite un os de ptérosaure de 75 mm de long (indiqué par les flèches noires). L'animal souffrait également d'une côte brisée (flèche blanche). © David Hone
    Ce fossile de Velociraptor mongoliensis abrite un os de ptérosaure de 75 mm de long (indiqué par les flèches noires). L'animal souffrait également d'une côte brisée (flèche blanche). © David Hone

     

    Le vélociraptor : un dinosaure opportuniste ?

    Cette révélation fait suite à la découverte en 1994 d'un squelette particulièrement bien conservé de Velociraptor mongoliensis dans le désert de Gobi, en Mongolie. La partie supérieure de la cage thoraciquecage thoracique abritait en effet un os de 75 mm de long à l'emplacement de l'estomacestomac... un reste de ptérosaure !

    Cet ordre rassemble des reptiles volants dont certaines espèces, par exemple Quetzalcoatlus sp., peuvent atteindre 12 à 15 mètres d'envergure. Selon les auteurs, il est peu probable qu'un animal de la taille du vélociraptorvélociraptor ait activement chassé une proie plusieurs fois supérieure en taille. Il aurait pu à la rigueur s'attaquer à un individu malade ou blessé mais il est tout de même plus probable que le ptérosaure ait été mort. Le superprédateur aurait donc eu un comportement opportuniste, dont l'importance dans la biologie de l'espèce pourrait avoir été sous-estimée.

    L'os trouvé était intact, lisse et non déformé. Les sucs gastriquessucs gastriques n'auraient pas eu l'occasion d'agir. Le vélociraptor aurait donc succombé rapidement après l'avoir ingéré. L'analyse de la cage thoracique révèle également que notre dinosaure devait s'être brisé une côte peu de temps avant sa mort.

    L'analyse des contenus stomacaux d'organismes fossiles fournit toujours des informations précieuses. Elle révèle des preuves directes sur le régime alimentaire des spécimens observés et permet ainsi de mieux comprendre leur niveau trophiqueniveau trophique.