Les passages pluvieux s'enchaînent sur la France depuis mi-octobre et les régions de l'ouest et du nord du pays ont connu des intensités records de pluie. Comment expliquer des pluies aussi extrêmes ? Il est fort probable que la chaleur anormale de l'eau de la Manche et de l'Atlantique ait nettement accentué l'intensité des pluie.


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    Dans le Pas-de-Calais, les cumuls de pluie ont atteint 250 à 350 mm du 1er au 10 novembre, soit l'équivalent de 3 mois de pluie en 10 jours. Plusieurs fleuves et rivières sont entrés en crue, menant à des inondations historiques dans le département. Mais pourquoi pleut-il autant ? La situation météométéo est pourtant classique pour cette époque de l'année, avec un flux d'ouest récurrent propulsant les perturbations océaniques vers la France. Cependant, c'est bien l'intensité exceptionnelle des pluies qui interroge. Si la situation météo s'explique avec un ensemble de paramètres atmosphériques et océaniques, l'un d'entre eux joue un rôle fondamental : la température de l'eau.

    Plus l'eau est chaude, plus les perturbations sont pluvieuses

    Celle-ci est anormalement élevée, à la fois sur le côtes de la Manche (16 °C ces derniers jours au lieu d'une normale de 12 °C à cette époque), mais aussi de manière plus globale. La température moyenne de surface de l'océan atlantique nord est de 23 °C, un seuil record en novembre depuis le début des relevés (contre une moyenne 1982-2011 début novembre de 22 °C).

    Or, les perturbations qui déversent toutes ces pluies en France proviennent de l'océan, puis traversent la Manche. En circulant au-dessus de ces eaux anormalement chaudes, elles se chargent de pluies : plus l'eau est chaude, plus les perturbations sont pluvieuses car la hausse des températures accentue l'évaporation des eaux de surface. La présence d'airair froid en altitude au nord de la France contrastecontraste aussi avec la chaleurchaleur de l'eau côtière, ce qui renforce les précipitations. Les rivières atmosphériques, ces bandeaux pluvieux qui circulent dans l'atmosphère, des tropiques vers l'ouest de l'Europe, sont aussi plus extrêmes.

    Dans ses derniers rapports, le GiecGiec précise que pour chaque degré de réchauffement supplémentaire au niveau planétaire, il y a 7 % d'humidité en plus dans l'atmosphère. Le mois d'octobre a d'ailleurs été le plus chaud enregistré dans le monde, mais également le plus humide, avec de nombreux épisodes de précipitations extrêmes dans le monde, et pas seulement en France.