La chaleur est le phénomène météo qui a tué le plus d'Européens, mais aussi d'Américains, au cours de ces 25 dernières années.


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    Alors que le pic de la canicule est atteint ce lundi et mardi en France, Météo France évoque une situation de « vigilance absolue ». Au même moment, au Royaume-Uni, l'organisme météométéo national, le Met Office, a déclaré une situation d'urgence présentant un risque pour la vie des citoyens. Plus de 1.000 personnes seraient déjà décédées au Portugal et en Espagne à cause de la canicule en cours depuis une semaine : environ 700 au Portugal et 400 en Espagne. En France, encore aucun chiffre n'a été communiqué.  

    En France, chaque grande canicule fait des milliers de morts

    Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les fortes chaleurschaleurs ne font pas seulement des milliers de morts en Inde, au Pakistan ou en Afrique. En Europe, comme aux États-Unis, la chaleur est le phénomène météo qui tue le plus de personnes en moyenne, et cela, devant les inondations, le grand froid et les cyclones (pour les États-Unis). Dans le reste du monde, c'est le froid qui reste le phénomène le plus meurtrier, mais la tendance est en train de changer progressivement.

    La mortalité liée aux phénomènes météo aux États-Unis en 2021 : la chaleur (<em>heat</em>) arrive en premier. © NWS
    La mortalité liée aux phénomènes météo aux États-Unis en 2021 : la chaleur (heat) arrive en premier. © NWS

    Rappelons qu'en 2003, la canicule historique du 1er au 15 août avait causé la mort de 70.000 personnes en Europe, dont 15.000 à 20.000 en France. Comme souvent, il faut attendre l'arrivée de catastrophes majeures pour la création de systèmes d'alertes spécifiques. C'est ainsi que les vigilances « canicule » (mais aussi « grand froid ») ont été ajoutées à la liste des alertes météo de Météo France, en 2004, après les milliers de morts liées à la canicule de 2003. En 2019, la canicule historique qui a fait monter la température jusqu'à 46 °C à Vérargues dans l'Hérault a provoqué la mort d'au moins 1.500 personnes en France, plus qu'aucun autre phénomène météo depuis la canicule de 2003.

    Si la gestion des aléas météo extrêmes s'est évidemment améliorée, l'ONU précise que partout dans le monde, le constat est le même : les canicules sont les phénomènes météo qui s'aggravent le plus, mais aussi ceux pour lesquels les pays sont les moins bien préparés. En Angleterre, les projections estiment que 2.000 personnes par an perdront la vie en raison des vagues de chaleur d'ici 2050, alors que le pays se sentait jusqu'à maintenant que très peu concerné par l'augmentation des températures.   

    En France, aucun autre phénomène météo n'a causé autant de décès que la chaleur ces 25 dernières années. © Tilio & Paolo, Adobe Stock
    En France, aucun autre phénomène météo n'a causé autant de décès que la chaleur ces 25 dernières années. © Tilio & Paolo, Adobe Stock

    La mortalité liée à la chaleur est largement sous-estimée

    Selon l'Organisation mondiale de la santé, 166.000 personnes sont décédées dans le monde à cause de la chaleur entre 1997 et 2017, un chiffre probablement très sous-estimé en raison des nombreux décès indirects liés à ce phénomène météo et aux complications de santé possibles, pas forcément bien comprises ni répertoriées dans certains pays. Selon l'ONU, l'augmentation mondiale des températures causera 250.000 décès de plus entre 2030 et 2050, et pas seulement en raison des coups de chaleur, mais aussi en raison des maladies et du manque de nourriture que les fortes chaleurs entraînent. Certains organismes de recherche évoquent des chiffres de mortalité liés à la chaleur beaucoup plus élevés : selon une étude de The Lancet, la chaleur aurait tué au moins 356.000 personnes dans le monde au cours de l'année 2019.

    En plus de pouvoir déclencher un coup de chaleur (lorsque la température du corps dépasse 40 °C), les canicules peuvent également être à l'origine d'AVCAVC, de thrombosethrombose ou de problème cardiaque. Associées à la pollution, elles entraînent ou aggravent des problèmes respiratoires. Lorsque la chaleur s'ajoute à d'autres phénomènes dangereux, comme la pollution de l'air ou de l'eau, ou une maladie déjà en cours, les décès ne sont pas forcément attribués à la canicule, ce qui laisse penser que le nombre de morts lié à la chaleur, y compris en Europe, est bien plus grand que les chiffres officiels.