Sale temps pour BP, non seulement la tempête Bonnie l’oblige à suspendre ses opérations pour lutter contre la marée noire mais des universitaires américains l’accusent d’avoir tenté d’acheter leur silence pour protéger ses intérêts. Comme si cela ne suffisait pas, on découvre que la compagnie a aussi truqué des photos.

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    Une photo satellite de la tempête tropicale Bonnie. Crédit : NOAA.

    Une photo satellite de la tempête tropicale Bonnie. Crédit : NOAA.

    Les projections de l'évolution et de la trajectoire de la tempête Bonnie, qui vient de se former au Bahamas, montrent clairement qu'elle devrait effleurer le sud de la Floride, mais surtout, qu'elle va pénétrer dans le golfe du Mexique, perturbant nécessairement les opérations de lutte contre la marée noire. Le site où BP teste actuellement son dôme de confinement, en attendant de pouvoir lancer l'opération « static kill », en sera affecté. Cette dernière, qui devrait durer de quelques jours à quelques semaines, consistera à injecter de la boue puis du cimentciment par deux puits latéraux pour condamner le puits d'où s'échappait du pétrolepétrole depuis le 22 avril 2010, suite à la catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon.

    Malheureusement, les conditions météorologiques accompagnant Bonnie devraient retarder d'une dizaine de jours le début des opérations de « static kill », prévu initialement fin juillet ou début août, si l'on en croit des représentants de BP. Le responsable des opérations de lutte contre la marée noire pour l'administration américaine, l'amiral à la retraite Thad Allen, a d'ailleurs déclaré jeudi que : « En raison du risque que la tempête tropicale Bonnie fait peser sur la sécurité des quelque 2.000 personnes travaillant à la lutte contre la marée noire dans la zone du puits, nombre des bateaux et plateformes vont se préparer à évacuer. Cela inclut la plateforme de forage des puits de dérivation qui permettront de colmater définitivement le puits ». Toutefois, le dôme de confinement reste en place.

    Photos retouchées et scandales scientifiques en perspective

    Vient s'ajouter à ceci une suite de mésaventures jetant le doute sur le sérieux et la probité avec laquelle BP conduit les opérations depuis le début de la marée noire.

    Un blogueur américain a en effet découvert que des photos montrant des employés de BP devant les écrans de surveillance ont été retouchées avec Photoshop !

    Une des photos retravaillées avec photoshop. Crédit : BP p.l.c.

    Une des photos retravaillées avec photoshop. Crédit : BP p.l.c.

    Les retouches sont particulièrement grossières mais BP a reconnu les faits arguant que : « habituellement, nous n'utilisons Photoshop que pour corriger les couleurscouleurs ou recadrer l'image. Dans ce cas, les photographes ont copié-collé trois captures d'écrancaptures d'écran sur les moniteursmoniteurs qui n'affichaient aucune vidéo à ce moment. ». Une réponse bien peu convaincante.

    La photo originale avec des écrans vides. Crédit : BP p.l.c.

    La photo originale avec des écrans vides. Crédit : BP p.l.c.

    Pire, ce sont maintenant des universitaires américains qui montent au créneau. Ils laissent entendre que BP aurait plus ou moins implicitement tenté d'acheter leur silence. En effet, BP a contacté plusieurs chercheurs, comme par exemple Bob Shipp, à la tête du département des sciences de la mer à l'Université de South Alabama, afin d'étudier un programme de réhabilitation de l'environnement après la marée noire. Sauf que ces derniers, s'ils avaient signé un contrat, auraient eu l'obligation de ne pas publier de résultats concernant leurs études pendant au moins trois ans.

    Selon Cary Nelson, à la tête de l'Association américaine des professeurs : « c'est vraiment une grande entreprise qui tente d'acheter le silence de l'Université d'une manière totale ».

    L'ampleur de cette catastrophe écologique semble donc loin d'être circonscrite...