Alors que le géant pétrolier BP est jugé au civil pour l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon, la National Wildlife Federation vient de publier son rapport sur l’état de santé du golfe du Mexique. Trois ans après la catastrophe, l’effet de la marée noire se fait toujours sentir. Dauphins, tortues, coraux et poissons, tous luttent pour leur survie.

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    Voilà bientôt trois ans, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon déversait plus de 750 millions de litres de pétrolepétrole brut dans le golfe du Mexique. Le puits, situé à 68 km des côtes, a explosé en avril 2010, la marée noire s'est répandue dans tout le golfe et a atteint les côtes en juin. Si le pétrole n'est plus visible en surface, il est pourtant toujours présent et impacte considérablement la faune du golfe. En outre, des études ont montré que le dispersant utilisé était 52 fois plus toxique que le pétrole lui-même.

    Dans ce contexte, la National Wildlife Federation a cherché à évaluer l'état du golfe dans son ensemble. Pour cela, elle a réuni toutes les études réalisées sur six espèces animales dont le développement dépend directement de la bonne santé du golfe. À l'heure où le géant pétrolier BP est jugé au civil, le rapport est plutôt accablant. Trois ans après la catastrophe, les dommages liés à l'explosion sont toujours aussi importants. « Cette catastrophe a mis en évidence les lacunes dans notre compréhension du golfe du Mexique, explique le professeur d'océanographie de l'université de Floride Ian MacDonald. Mais ce qui est frustrant, c'est que peu de choses ont changé en trois ans. Le taux de décès ne diminue pas, en revanche les financements pour la recherche, oui. »

    L'explosion de la plateforme <em>Deepwater Horizon</em> a engendré la plus importante marée noire de ces 40 dernières années. Plus de 600.000 tonnes de pétrole brut ont été déversées dans le golfe du Mexique. © Idé

    L'explosion de la plateforme Deepwater Horizon a engendré la plus importante marée noire de ces 40 dernières années. Plus de 600.000 tonnes de pétrole brut ont été déversées dans le golfe du Mexique. © Idé

    Parmi les espèces étudiées, les dauphins sont les plus touchés. Depuis la catastrophe, plus de 650 carcasses échouées ont été retrouvées. Les jeunes meurent six fois plus facilement en raison de la pollution. En outre, le nombre de décès est probablement beaucoup plus grand. Les auteurs du rapport estiment que seule une carcasse sur 50 est retrouvée dans ce golfe. L'hécatombe des dauphins est sans précédent, d'après la NOAANOAA. Les prédateurs au sommet de la chaîne alimentairechaîne alimentaire comme le dauphin continuent donc de mourir en grand nombre dans les zones où le pétrole s'est déversé. C'est une indication importante du fait que l'écosystème du golfe du Mexique n'est pas rétabli.

    Mauvais état de santé du golfe du Mexique

    Entre mai 2010 et novembre 2012, plus de 1.700 tortues ont été retrouvées échouées. Avant l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, 240 tortues par an en moyenne étaient retrouvées mortes. La plupart étaient des tortues de Kemp (Lepidochelys kempii), espèce en danger critique d'extinction d'après l'UICN. La première année après le déversement de pétrole, sur les 461 tortues trouvées vivantes dans le golfe, toutes avaient ingéré du pétrole. Or, le combustiblecombustible stresse ces reptilesreptiles. Il les rend plus susceptibles de contracter des maladies ou de rester coincés dans les filets de pêchepêche.

    À 11 km du puits, une colonie de corail est complètement ravagée. Beaucoup de coraux d'eaux peu profondes sont morts. Une étude en laboratoire a récemment montré que le pétrole et le dispersant (Corexit) affectent plus la capacité de certains coraux à construire de nouvelles parties du récif que le pétrole seul. Les scientifiques ont montré que le pétrole avait frappé au niveau cellulaire les killies (Fundulus grandis), ces petits poissonspoissons au début de la chaîne alimentaire et le développement des gros poissons comme le mahi-mahi.

    La mauvaise santé du golfe du Mexique se traduit donc par les problèmes de survie des dauphins et des tortues. Des études ont montré que le phytoplancton contenait des HAP (hydrocarbures aromatiqueshydrocarbures aromatiques polycycliques), composants du pétrole et puissants polluants cancérigènes. Les killies ont présenté des déficiences physiologiques et des coraux âgés de plusieurs centaines d'années ont été éradiqués. Ainsi, si les eaux sont redevenues claires, l'écosystème marin, lui, a du mal à se remettre de la plus grosse marée noire qu'ait connu le golfe du Mexique.