Les jeunes poissons et les larves de coraux utilisent des signaux chimiques pour éviter de s’installer sur des récifs où l’habitat est dégradé. Une découverte qui pourrait aider à sauvegarder les récifs coralliens menacés par la surpêche.

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    Dans les expériences réalisées, les poissons pouvaient choisir entre deux courants d'eau. © Danielle Dixson

    Dans les expériences réalisées, les poissons pouvaient choisir entre deux courants d'eau. © Danielle Dixson

    Des récifs coralliens sont menacés dans le monde entier, en partie à cause de la surpêche qui diminue le nombre de poissons herbivores. Les algues qui ne sont pas éliminées par ces derniers se développent au détriment des coraux. C'est pourquoi des zones ayant subi la surpêche sont désormais protégées. Encore faudrait-il que poissons et jeunes coraux viennent s'y installer...

    Dans un article paru dans Science, des chercheurs du Georgia Institute of Technology (Atlanta) se sont intéressés à la façon dont des moléculesmolécules peuvent attirer des coraux et des poissons afin de les inciter à s'installer dans un récif corallien. Les scientifiques ont étudié trois aires marines des Fidji situées près des zones de pêchepêche. La République des Fidji a en effet mis en place des espaces sans pêche pour protéger ces habitats et permettre aux récifs coralliens en péril de se rétablir.

    Pour leurs expériences, les chercheurs ont utilisé un dispositif permettant aux poissons ou aux larves de corail de choisir de nager dans un des deux courants d'eau présentés dans un canal. Deux types d'eaux ont été proposés, soit celle d'un habitat sain, soit celle d'un habitat dégradé. Vingt poissons de quinze espècesespèces ont été testés. Tous préféraient l'eau provenant de zones dominées par les coraux et sans pêche. De même, les chercheurs ont testé les larveslarves de corailcorail de trois espèces et trouvé qu'elles évitaient l'eau des récifs où dominaient les algues.

    Le corail <em>Acropora nasuta</em> ici en photo pourrait libérer des molécules qui attirent les jeunes poissons et larves de corail. © MDC Seamarc Maldives, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 4.0

    Le corail Acropora nasuta ici en photo pourrait libérer des molécules qui attirent les jeunes poissons et larves de corail. © MDC Seamarc Maldives, Wikimedia Commons, cc by sa 4.0

    Des signaux moléculaires indiquent si l’habitat est dégradé

    Ensuite, les chercheurs ont trempé des coraux dans de l'eau pour qu'elle récupère les molécules qu'ils libèrent dans le milieu aquatique. Ils ont alors montré que celles qui provenaient du corail commun Acropora nasuta attiraient les poissons et les larves de coraux. Or les Acropora sont très affectés par la compétition avec les algues et blanchissent facilement. Les molécules provenant de ces coraux pourraient donc signifier à leurs semblables et aux poissons qu'il s'agit d'un habitat sain. À l'inverse, celles émises par des coraux plus résistants à la surpêche attirent moins.

    De même, les scientifiques ont testé les poissons et les coraux avec une eau dans laquelle avaient trempé des algues, comme Sargassum polycystum qui se développe sur les récifs coralliens. Ses signaux émis ont réduit l'attractivité de l'eau de 86 % pour les poissons et de 81 % pour les larves de coraux.

    Ces travaux pourraient permettre d'améliorer le rétablissement des coraux endommagés par les conséquences de la surpêche. Interdire la pêche ne semble pas suffire puisque des signaux chimiques continuent d'éloigner les nouveaux poissons et coraux après l'arrêt de la surpêche.