Et voilà que revient la chasse aux loups ! Éternel sujet de discorde et de crispation. Honnis par le monde agricole et pastoral, le canidé n'est vraiment pas le bienvenu dans l'Hexagone. Dans son nouveau Plan Loup, le gouvernement s'apprête à renforcer les mesures de protection en faveur des élevages de moutons… De même, la Commission européenne veut réévaluer à la baisse le statut de conservation du prédateur. Pourtant, les études ont démontré que la présence d'une meute de loups sur un territoire a des effets stimulants et bénéfiques pour la biodiversité.


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    En France et en Europe, la chasse au loup est de nouveau ouverte. Souvent relégué à son statut de prédateur, ce canidé est dans la ligne de mire des agriculteurs, en raison de son impact jugé nocif sur les animaux de ferme d'élevage. Espèce protégée en France depuis les années 90, le loup joue pourtant un rôle crucial dans le maintien de la biodiversité. Voici pourquoi il est important de le protéger.

    Simplification des tirs, changement de statut pour passer d'espèce strictement protégée à celui de « simple » espèce protégée... Lundi 18 septembre, le gouvernement a présenté son cinquième plan national d'action sur le loup pour 2024-2029, qui devrait entrer en vigueur dans notre pays à partir du 1er janvier 2024. De nouvelles mesures sont prévues pour gérer la présence de l'espèce, qui fait son retour dans l'Hexagone depuis les années 90.

    Accusé de provoquer des dégâts dans les fermes d'élevage et jugé « potentiellement dangereux pour l'humain », la présence des canidés fait également l'objet de discussions relatives à une possible réduction de sa protection au niveau européen, à l'initiative de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le cap a déjà été franchi en Suède : en février 2023, le pays scandinave s'est lancé dans l'une des plus grandes chasses au loup de son histoire, avec l'autorisation des autorités d'abattre 75 spécimens pour une population totale de 460 dans le pays.

    Le loup joue un rôle crucial dans le maintien et l'équilibre de la biodiversité. © Kena Betancur, AFP
    Le loup joue un rôle crucial dans le maintien et l'équilibre de la biodiversité. © Kena Betancur, AFP

    Quand la présence du loup stimule faune et flore

    Pourtant, la présence des loups dans un écosystème produit un impact positif considérable sur la faune et la flore. En août dernier, une étude réalisée dans le parc national de l'Isle Royale (Michigan, États-Unis) a démontré comment le loup grisloup gris a, en l'espace de deux décennies, contribué à revitaliser tout un écosystème.

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    L'impact inattendu d'un loup solitaire sur la biodiversité de cette île

    « Les herbivoresherbivores (notamment les élansélans) mangent jusqu'à 14 kilos de végétation par jour, la réduction de leur nombre face aux loups entraîne aussi une transformation de l'écosystème pour en rétablir l'équilibre », ont conclu les chercheurs américains à l'origine de cette étude. Toujours selon ces travaux, la diminution du nombre d'élans dans la zone étudiée aurait permis aux sapinssapins baumiers de recommencé à pousser « à un taux qui n'avait pas été observé depuis des décennies, ce qui était vital pour la forêt et donc une myriademyriade de plantes et d'espèces ».

    Comment les loups changent les rivières. © Sustainable Human

    Une meute de loups dans un territoire équilibre la biodiversité

    Il ne s'agit toutefois pas de l'unique preuve démontrant le rôle bénéfique des loups sur la biodiversité : leur effet sur la régulation de population est en réalité connu depuis des décennies. L'exemple le plus fréquemment évoqué est sans doute celui de la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone (ouest des États-Unis) entre 1995 et 1997. À cette période, une quarantaine de canidés capturés au Canada ont été remis en liberté et ont investi le mythique parc national américain.

    Le retour des loups dans cette région a permis de réduire le nombre de wapitiswapitis (mammifèremammifère herbivore de la famille des cervidés) qui, en l'absence des canidés, s'en donnaient à cœur joie et décimaient de vastes zones de végétation, faisant fuir les oiseaux et les castors qui y vivaient. Mais la présence des loups n'a pas eu qu'un effet sur la faune : elle a aussi permis de faire repousser les fleurs des bords des rivières, dont les sols étaient asséchés par le broutage en massemasse des wapitis.

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    La présence de meutes de loups sur un territoire présente encore d'autres avantages. Les corps de leurs proies déposés sur les sols servent par exemple de repas aux charognards et nourrissent du même coup les sols en azoteazote, qui émane des cadavres de ces animaux. Autant de raisons expliquant pourquoi il demeure essentiel de protéger les loups. « Le loup est un exemple d'espèce qui contribue à l'équilibre de la biodiversité et peut servir de solution à certains des problèmes auxquels notre nature est confrontée », souligne notamment le WWF Belgique sur son site internet.