Les départs de feux se sont multipliés en Bretagne ces derniers jours. Comment expliquer que des incendies se déclenchent aussi facilement dans cette région d'ordinaire épargnée ?


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    C'est une situation invraisemblable qui s'est produite ces derniers jours en Bretagne : en l'espace d'un week-end seulement, plus de 30 incendies se sont formés dans le Morbihan, ainsi que plusieurs autres dans le Finistère, l'Ille-et-Vilaine, et les Côtes-d’Armor. Si ces départs de feux sont quasiment à chaque fois d'origine humaine, les conditions météométéo de ces derniers mois ont mené à des conditions très favorables aux incendies. Le risque d'incendie est actuellement de niveau extrême sur la moitié de la Bretagne, et même de niveau maximal « très extrême » sur une partie du Morbihan, d'après les données de Copernicus. Quatre paramètres météo mènent à cette situation catastrophique dans la région : la sécheresse, la chaleurchaleur, l'ensoleillement et les vents.

    Le risque incendie en Bretagne ce lundi 8 août : en rouge foncé, un risque très élevé, en violet un risque extrême, en violet foncé (Morbihan) un risque très extrême. © Copernicus
    Le risque incendie en Bretagne ce lundi 8 août : en rouge foncé, un risque très élevé, en violet un risque extrême, en violet foncé (Morbihan) un risque très extrême. © Copernicus

    Il n'a jamais fait aussi chaud en Bretagne

    La Bretagne est confrontée à une situation de sécheresse durable depuis des mois : le déficit de précipitations a atteint -40 % du 1er janvier au 7 août d'après Météo France. Ce sont 308 mm de pluie qui ont été enregistrés en moyenne sur la région, au lieu d'une normale de 513 mm. Il s'agit de la deuxième année la plus sèche enregistrée en France, après celle de 1976 (avec seulement 196 mm et un déficit de -62 %).

    Le niveau de chaleur est par contre totalement inédit en Bretagne : il s'agit de l'année la plus chaude enregistrée dans la région depuis le début des relevés météo de 1947. L'anomalieanomalie des températures atteint +1,2 °C par rapport à la normale. Rappelons qu'en 1976, la région Bretagne n'avait pas connu d'anomalie thermique, les températures se situaient dans la moyenne.

    La Bretagne n'a jamais connu des températures aussi élevées qu'en 2022. Ici le Cap Fréhel dans les Côtes-d'Armor. © ChiemSeherin, Pixabay
    La Bretagne n'a jamais connu des températures aussi élevées qu'en 2022. Ici le Cap Fréhel dans les Côtes-d'Armor. © ChiemSeherin, Pixabay

    Un vent sec récurrent sur la région

    L'ensoleillement est également proche des niveaux records depuis le début d'année, avec un excédent de +25 %. Un autre paramètre vient aggraver une situation déjà à haut risque, le vent. La présence de l'anticyclone sur le nord-ouest de l'Europe engendre depuis des semaines un vent récurrent de nord-est, connu pour assécher la végétation. Ce vent sec était justement présent le week-end dernier lors des nombreux départs de feux et va d'ailleurs persister jusqu'à jeudi ou vendredi, aggravant encore plus le risque d'incendie.

    Cette combinaison de sécheresse, chaleur historique, fort ensoleillement et vent sec a mené à un risque exceptionnel d'incendie. Dans ce contexte favorable, le potentiel de déclenchement des feux est évidemment démultiplié en pleine saison touristique : plus d'activité humaine conduit forcément à un risque plus grand d'incendies. Les quelques oragesorages qui devraient éclater en fin de semaine seront peut-être bénéfiques, mais la sécheresse des sols est telle qu'une vraie dégradation pluvieuse durable serait nécessaire pour espérer une franche amélioration.