Le Thylacoleo carnifex était le plus gros mammifère carnivore d’Australie. La découverte d’un spécimen presque complet a permis de retracer le mode de vie de cet effrayant prédateur, dont la morsure était la plus puissante de tous les mammifères éteints et actuels.


au sommaire


    « Un des prédateurs les plus redoutables ayant jamais existé sur Terre », ainsi le décrivait le biologiste et paléontologuepaléontologue Sir Richard Owen lorsqu'il a découvert les premiers ossements (un crânecrâne et une mâchoire du Thylacoleo carnifex, en 1859. Plus connu sous le nom de lion marsupialmarsupial, ce dernier arpentait les forêts australiennes à l'époque du Pleistocène. Disparu il y a environ 40.000 ans, il fut le dernier représentant de marsupiaux carnivores sur Terre. L'animal avait dès lors fasciné les scientifiques, ne ressemblant à aucun mammifère de notre époque actuelle.

    Mais jusqu'ici, on ignorait encore de larges parts de sa morphologiemorphologie et de son mode de vie. C'est désormais chose faite, grâce au travail de deux chercheurs de l'université Flinders et du Musée national d'Australie-Méridionale, publié dans le journal PlosOne. Ces derniers ont pu reconstituer un squelette quasi complet grâce à la découverte récente de nouveaux ossements, dont celui d'un spécimen de la plaine de Nullarbor comprenant la queue et les claviculesclavicules. Ils ont ainsi assemblé un puzzle de plusieurs centaines d'os en les comparant avec ceux d'autres espèces connues pour en déduire son mode de vie.

    <i>Thylacoleo carnifex</i> vivait il y a plus de 40.000 ans. © Katrine Hagmann, DeviantArt
    Thylacoleo carnifex vivait il y a plus de 40.000 ans. © Katrine Hagmann, DeviantArt

    Des pattes surpuissantes armées de griffes pour terrasser sa proie

    Long d'environ 1,5 mètre (une taille située entre le léopard et le lion d'Afrique), le lion marsupial pouvait atteindre les 100 kgkg. Il avait une bonne aptitude à grimper aux arbres ou aux parois des cavernes, qu'il fréquentait. Sa queue très raide et musclée lui servait de trépied avec ses deux pattes arrière lorsqu'il devait se libérer les pattes avant pour monter aux arbres ou manipuler de la nourriture. Ses membres antérieurs puissants combinés à un bas du dosdos rigide suggère en revanche qu'il ne devait pas être très doué pour la course. Mais grâce à ses pattes armées de griffes acérées, il était un chasseur hors pair pour sauter sur ses proies et les saisir à la gorge. « T. carnifex utilisait ses incisives d'une manière sans pareille parmi les carnivores existants », relatent les auteurs. « Il était capable de sectionner la moelle épinièremoelle épinière ou les tendons au niveau du cou, causant un traumatisme massif à une proie en difficulté ». Ses pattes massives et ses dents lui permettaient en outre de déchiqueter les carcasses en brisant les os.

    Une reconstruction du squelette et de la musculature de <i>Thylacoleo carnifex</i>. <i>© Roderick T. Wells et Aaron B. Camens, PlosOne, 2018</i>
    Une reconstruction du squelette et de la musculature de Thylacoleo carnifex. © Roderick T. Wells et Aaron B. Camens, PlosOne, 2018

    Au final, l'anatomieanatomie du lion marsupial rappelle celle du tigre de Tasmanie, disparu beaucoup plus récemment au début du XXe siècle. Mais Thylacoleo carnifex appartenait en réalité à une lignée unique, dont le plus lointain ancêtre est le Diprotodon, un autre représentant de la mégafaune australienne du PléistocènePléistocène.

    Décimé… par le manque d’arbres où se cacher

    En octobre, une étude de l’université du Queensland et de l’UNSW avait révélé que l'animal semblant si invisible n'avait pas survécu à l'aridification de l'Australie. Alors qu'il se servait des arbres pour se cacher en guettant ses proies, il s'était ainsi trouvé fort démuni lorsque les forêts se sont transformées en steppessteppes, sans endroit où se cacher. « Cette disparition constitue une leçon pour notre futur », avait alors professé Larisa DeSantis, l'un des coauteurs de l'étude. « Même les plus grands prédateurs peuvent succomber au changement climatiquechangement climatique. »