À partir des archives sédimentaires du rift est-africain, tout à fait uniques par leur richesse, des chercheurs souhaitent reconstituer les paysages et le couvert végétal durant le Plio-Pléistocène (entre 4 et 1 million d'années), période favorable à l'apparition d'une multitude d'espèces, notamment d'australopithèques, précurseurs du genre homo. L'objectif est de comprendre comment les changements environnementaux ont favorisé l'évolution comportementale des premiers hominines et les mouvements migratoires.


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    Quels sont les paysages qui ont accompagné les principales étapes de l'évolution humaine ? Quels facteurs ont contrôlé l'évolution de ces paysages ? Répondre à ces questions s'avère essentiel pour identifier les pressionspressions environnementales potentielles qui ont accompagné, voire influencé, l'émergence et l'évolution des hominines et ainsi tester la robustesse des divers scénarios évolutifs.

    Le grand rift est-africain est considéré comme le site majeur pour travailler sur ces questions. Au sein de ce rift, la dépression du Turkana est célèbre pour les nombreuses découvertes majeures qui y ont été faites concernant l'origine de l'humanité (restes d'hominines et artefacts). Là sont préservées des archives sédimentaires tout à fait uniques. Leur décryptage permet de révéler la dynamique des environnements passés du rift, d'identifier les facteurs contrôlant leur évolution et de comprendre les impacts locaux qu'ont eu les changements climatiqueschangements climatiques globaux et l'évolution tectonique régionale.

    Exemple d’affleurement de la formation Nachukui (membre Nariokotome dans ce cas) disponible sur la bordure ouest de la dépression du Turkana. © Mathieu Schuster
    Exemple d’affleurement de la formation Nachukui (membre Nariokotome dans ce cas) disponible sur la bordure ouest de la dépression du Turkana. © Mathieu Schuster

     

    Une approche « cruciale » pour comprendre nos origines

    À partir d'une étude pluridisciplinaire, des scientifiques issus de cinq laboratoires proposent une restitution continue des fluctuations à long terme du paléolac Turkana, des évolutions des systèmes sédimentaires qui ont structuré les paysages physiquesphysiques et du couvert végétal entre 4 et 1 Ma sur la bordure ouest de la dépression du Turkana. Les résultats démontrent le rôle prépondérant du climat, et notamment celui des précipitations sur le haut plateau éthiopien, sur la végétation, les fluctuations du niveau du lac et l'évolution de la ressource en eau associée. Les chercheurs pointent pour la première fois le rôle décisif de la variabilité de la production de sédimentsédiment résultant de l'érosion du relief bordant le rift sur le type de paléopaysage qui caractérisait la zone.

    L'équipe ambitionne désormais d'appliquer la même approche sur d'autres secteurs de la dépression du Turkana. L'objectif est de reconstruire l'évolution Plio-PléistocènePléistocène continue des paléopaysages de cette région, si cruciale pour notre histoire commune.

    Modèles conceptuels de dépôt représentant les systèmes sédimentaires qui ont caractérisé alternativement la sédimentation sur la bordure ouest du Turkana entre 4 et 1,25 Ma. Les analogues modernes représentent ces systèmes dans des bassins de rift actuels. © Cerege
    Modèles conceptuels de dépôt représentant les systèmes sédimentaires qui ont caractérisé alternativement la sédimentation sur la bordure ouest du Turkana entre 4 et 1,25 Ma. Les analogues modernes représentent ces systèmes dans des bassins de rift actuels. © Cerege