Le sud-ouest de l’Amérique du Nord traverse une période de méga-sécheresse depuis l’an 2000. Une étude récente montre que 42 % est attribuable au réchauffement causé par l’Homme et que des situations extrêmes de ce genre ne feront qu’augmenter au fur et à mesure du siècle. 


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    Le sud-ouest de l'Amérique de Nord présente un faible taux de précipitations et une dominance de l'aridité depuis l'an 2000. Ces conditions particulièrement sèches depuis 22 ans sont inédites depuis au moins 1901. Ces années ont été ponctuées par une sécheresse extrême entre l'été 2020 à l'été 2021, obligeant à instaurer des restrictions sans précédent sur l'utilisation du fleuve Colorado. Une nouvelle étude, publiée dans Nature lundi 14 février par A. Park Williams, chercheur climatologueclimatologue, et ses collègues, a montré que 42 % de cette méga-sécheresse dans le sud-ouest de l'Amérique du Nord est induit par le changement climatique anthropique

    Une approche dendrologique pour mesurer les niveaux d’humidité dans le sol

    Pour cette étude, les équipes de climatologues de l'UCLA, de la NasaNasa et de l'Université de ColumbiaColumbia ont examiné les niveaux d'humidité dans le sol grâce à l'analyse de données sur des modèles de cernes d’arbres. L'humidité du sol est un facteur particulièrement important car elle a un impact sur la productivité agricole et la quantité d'irrigation, sur la productivité et le bien-être des écosystèmes, mais également sur l'activité des feux de forêt et sur l'intensité des vagues de chaleurchaleur.

    Avec cette approche dendrologique, les scientifiques ont pu constater que les anneaux des cernes d'arbresarbres ont un schéma de croissance faible, typique des périodes sèches. Ces observations sont en accord avec la moyenne des précipitations entre 2000 et 2021 qui est de 8,3 % inférieure à la moyenne entre 1950 à 1999, participant à diminuer l'humidité du sol et donc à renforcer la sécheresse.

    Les cernes des arbres sont les témoins de leur croissance. La mesure des largeurs des cernes annuelles permettent une datation précise et d'obtenir des informations climatiques. Cette approche scientifique s'appelle la dendrochronologie. © Jeanne Menjoulet, Flickr
    Les cernes des arbres sont les témoins de leur croissance. La mesure des largeurs des cernes annuelles permettent une datation précise et d'obtenir des informations climatiques. Cette approche scientifique s'appelle la dendrochronologie. © Jeanne Menjoulet, Flickr

    De plus, en comparant avec les tristement célèbres méga-sécheresses qui se sont passées à plusieurs reprises entre les années 800 et 1600, les scientifiques ont constaté que celle de notre millénaire était bien plus importante, classant ces 22 dernières années comme la période la plus sèche depuis au moins 1.200 ans. 

    Des décennies plus sèches à venir

    Bien qu'il y ait eu des interruptions de ces épisodes aux conditions anormalement sèches pendant ces 22 ans, l'aridité continue de dominer. Le principal auteur de l'article, A. Park Williams, avait mené une même étude en 2018 et avait supposé que ce long événement de sécheresse aurait pu se terminer en 2019 en raison des fortes précipitations de cette année-là. Cependant, la sécheresse avait repris en 2020 et s'est exceptionnellement intensifiée en 2021, indiquant aux climatologues qu'elle était loin d'être terminée et que des décennies encore plus sèches allaient advenir. En effet, l'équipe de chercheurs a montré que l'augmentation des températures augmentera de plus en plus les risques de longue et grave situation comme celle-ci. En fait, ils montrent même que, sans le changement climatiquechangement climatique d'origine anthropique, la période 2000-2021 n'aurait même pas connu un seul événement de sécheresse prolongé comme maintenant.

    Les événements de méga-sécheresse ne font que commencer et obligent à réévaluer notre gestion de l'eau. © piyaset, Fotolia
    Les événements de méga-sécheresse ne font que commencer et obligent à réévaluer notre gestion de l'eau. © piyaset, Fotolia

    Outre le fait qu'elles vont augmenter au cours de ce siècle, ces périodes de sécheresse risquent de se propager géographiquement et d'apparaître sur d'autres continents. Pourtant, un des auteurs, Jason E. Smerdon, reste optimiste car nos connaissances sur ce qui se passe et sur ce qui va se produire nous donnent la capacité de passer à l'action et d'anticiper ces périodes extrêmes pour qu'elles soient moins difficiles à vivre.