Les forêts vierges fournissent de nombreux services environnementaux parmi lesquels, le stockage du carbone. Et une nouvelle étude révèle aujourd’hui que la quantité de carbone qui pourrait être libérée par la perte des seules forêts vierges tropicales est six fois plus importante que prévu.


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    La déforestation est un fléau, tant pour la biodiversité que pour la planète dans sa globalité. Ce n'est pas une nouveauté. Mais des chercheurs, de l'université du Queensland (Australie) notamment, ont voulu en savoir plus sur le puits de carbone que constituent les forêts tropicales vierges. Et leurs travaux montrent que son importance a, jusqu'alors, été largement sous-estimée.

    Les pertes enregistrées du côté de ces forêts ne représentent que 3,2 % des émissionsémissions brutes de carbonescarbones dues à la déforestation dans les régions tropicales. Mais les chercheurs ont ajouté à ce chiffre :

    • le carbone qui aurait été séquestré chaque année si ces forêts étaient restées vierges,
    • les conséquences de l'exploitation forestière sélective -- de bois de valeur --,
    • les effets de bordure -- dans des forêts fragmentées, plus d'arbres sont exposés aux ventsvents, aux nuisibles, aux feux, etc.
    • et le recul -- du fait de la chasse excessive des gros animaux qui dispersent les graines -- des arbres les plus à même de stocker le carbone.

    Le tout pour arriver à un impact sur la quantité de carbone stocké multiplié par pas moins de six par rapport à ce que les experts imaginaient jusqu'alors.

    Selon les estimations, il restait, en 2013, à peu près 5,5 millions de kilomètres carrés de forêts tropicales vierges. En Amazonie, au Congo et en Nouvelle-Guinée. C’est environ 20 % de l’ensemble des forêts tropicales, mais environ 40 % de la totalité du carbone stocké dans ces forêts. © Design Cells, Adobe Stock
    Selon les estimations, il restait, en 2013, à peu près 5,5 millions de kilomètres carrés de forêts tropicales vierges. En Amazonie, au Congo et en Nouvelle-Guinée. C’est environ 20 % de l’ensemble des forêts tropicales, mais environ 40 % de la totalité du carbone stocké dans ces forêts. © Design Cells, Adobe Stock

    Des forêts à préserver

    Ainsi les chercheurs n'hésitent pas à qualifier la destruction des forêts tropicales vierges de bombe à retardement environnementale. « Il est urgent de sauvegarder ces écosystèmesécosystèmes car ils jouent un rôle majeur dans la stabilisation du climat », souligne Sean Maxwell, chercheurs à l'université du Queensland.

    Les chercheurs estiment que des études similaires devraient être menées sur d'autres forêts vierges telles que les forêts boréales du Canada et de la Russie. D'autant que la moitié aux deux tiers du stockage du CO2 se fait du côté des forêts vierges situées en dehors des TropiquesTropiques. Un stockage sans lequel les gaz à effet de serregaz à effet de serre s'accumulerait encore plus rapidement dans notre atmosphèreatmosphère qu'ils le font déjà.


    Les forêts tropicales, un puits de carbone revu à la hausse

    La végétation tropicale est un puits de carbonepuits de carbone sans fond ! De nouvelles estimations viennent gonfler de plus de 20 % sa capacité de stockage. Une bonne nouvelle pour la planète mais qui montre également à quel point la déforestation doit cesser.

    Article de Bruno Scala paru le 02/02/2012

    Le Brésil est le pays dont la végétation stocke le plus de carbone, notamment grâce à la forêt amazonienne qui s'étend sur 5,5 millions de km². © CIFOR, Flickr, cc by nc nd 2.0
    Le Brésil est le pays dont la végétation stocke le plus de carbone, notamment grâce à la forêt amazonienne qui s'étend sur 5,5 millions de km². © CIFOR, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les forêts tropicales peuvent stocker bien davantage de carbone que ce que l'on pensait. C'est la bonne nouvelle qui ressort d'une étude à grande échelle, une cartographie détaillée de l'ensemble de la végétation tropicale (hormis celle de l'Australie). Ainsi, par rapport à la dernière estimation réalisée par le Global Forest Resources Assessment en 2010, il apparaît que 21 % de carbone en plus seraient emprisonnés par les arbres des tropiques.

    Les forêts et les autres végétaux sont connus pour être de formidables puits de carbone. Comme les océans. Grâce à la photosynthèsephotosynthèse, les êtres vivants qui la composent assimilent le CO2 de l'atmosphère. Un processus efficace permettant de diminuer la quantité de gaz à effet de serre au sein de l'atmosphère et donc, le réchauffement climatiqueréchauffement climatique.

    Près de 230 Pg de carbone dans la végétation tropicale

    Selon cette analyse, détaillée dans Nature Climate Change, ce sont 228,7 milliards de tonnes de carbone (soit 230 pétagrammes) qui sont stockés à l'intérieur des plantes de ces régions tropicales. Et c'est en Indonésie et au Brésil que les plus grandes quantités sont séquestrées avec respectivement 53,2 et 18,6 milliards de tonnes, soit environ 31 % du total.

    Cartographie de la séquestration de carbone par la végétation tropicale (échelle en tonnes par hectare). © Baccini <em>et al.</em> 2012, <em>Nature Climate Change</em> - adaptation Futura-Sciences
    Cartographie de la séquestration de carbone par la végétation tropicale (échelle en tonnes par hectare). © Baccini et al. 2012, Nature Climate Change - adaptation Futura-Sciences

    Pour parvenir à ces résultats, des chercheurs américains du centre de recherches de Woods Hole et des universités de Boston et du Maryland ont déterminé la capacité de stockage de carbone de chacun des carrés de 500 mètres de côté qui composent la surface occupée par la végétation tropicale d'Amérique, d'Afrique et d'Asie.

    Un travail de longue haleine qui a nécessité une collaboration avec les différents pays investigués, l'analyse précise de données satellite ainsi que des travaux de terrains.

    Évaluer précisément le stockage de carbone

    Mais l'intérêt de l'étude ne réside pas uniquement dans les chiffres de stockage. L'enjeu de ces puits est très important et en connaître les capacités de stockage est un défi scientifique de taille. Les chercheurs ont mis au point un outil performant pour calculer cette capacité et donnant la possibilité, à l'échelle nationale, d'estimer l'impact de la déforestation.

    La déforestation, selon cette nouvelle étude, est responsable de l'émission de 1 milliard de tonnes de carbone par an en moyenne, sur la période 2000-2010. D'après une précédente estimation, elle représente entre 6 et 17 % de l'ensemble des émissions de CO2 d'origine humaine au sein de l'atmosphère.

    Dans un contexte mondial où les émissions des gaz à effet de serre de chacun des pays sont précisément scrutées, où les classements des plus gros pollueurs sont actualisés chaque année et où les décisions internationales sur le climat tiennent précisément compte de ces classements, un outil permettant des évaluations justes est évidemment indispensable.