L'Union mondiale de la nature vient de publier son recensement annuel des espèces vivantes. Malgré une prise de conscience réelle et des programmes de conservation, la tendance est toujours à la disparition massive.

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    L’orang-outan de Sumatra est victime du défrichage des forêts. Il pourrait avoir complètement disparu en 2020, d’après l’institut Jane Goodall. © Anup Shah / naturepl.com / ARKive.

    L’orang-outan de Sumatra est victime du défrichage des forêts. Il pourrait avoir complètement disparu en 2020, d’après l’institut Jane Goodall. © Anup Shah / naturepl.com / ARKive.

    « Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 % de toutes les plantes évaluées sont en péril ». Comme chaque année, l'UICNUICN (Union mondiale pour la nature), une vaste organisation internationale qui regroupe 110 agences gouvernementales et 10 000 scientifiques de 181 pays, publie sa liste rouge des espèces menacées. Comme chaque année, la litanie des chiffres fait mal au cœur. Et comme chaque année, ils sont plus graves que dans l'édition précédente. Au total, sur les 41 415 espèces répertoriées dans la liste 2007, 16 306 sont menacées d'extinction, contre 16 118 en 2006.

    L'UICN mentionne tout de même une réussite parmi les programmes de conservation. La perruche verte de l'île Maurice se porteporte mieux. Les effectifs sont repartis à la hausse et l'espèce est désormais classée dans la catégorie « En danger », un sort plus enviable que dans les rapports précédents, où elle portait la mention « En danger d'extinction ». Cette année, déplore l'UICN, c'est le seul succès enregistré.

    Porté disparu. Le dauphin du Yangtze, un des très rares cétacés d’eau douce et qui vivait dans des rivières chinoises, est considéré comme « Peut-être éteint ». Fin août, un individu a été signalé mais le témoignage est en cours de vérification. © Mark Carwardine / NHPA / Photoshot / ARKive.
    Porté disparu. Le dauphin du Yangtze, un des très rares cétacés d’eau douce et qui vivait dans des rivières chinoises, est considéré comme « Peut-être éteint ». Fin août, un individu a été signalé mais le témoignage est en cours de vérification. © Mark Carwardine / NHPA / Photoshot / ARKive.

    Il semble même, si l'on ose dire, que la biodiversité des espèces menacées augmente. En effet, après les grands singes, qui connaissent depuis de nombreuses années un repli important de leurs effectifs, d'autres organismes vivants, jusque-là épargnés, se voient eux aussi poussés vers la sortie. Des reptilesreptiles, des vautours, des amphibiens, des poissonspoissons, des coraux, des plantes à fleurs et des alguesalgues ont fait leur apparition dans la liste rouge.

    Destruction des milieux naturels

    Pour quelques-unes de ces espèces, c'est la chasse, pour la nourriture souvent, pour la collection parfois, qui constitue la principale menace. Mais l'atteinte essentielle vient de la destruction des espaces naturels. Quand la forêt est défrichée, la fragmentation et la réduction des territoires mettent à mal un grand nombre d'espèces. Le dauphin d’eau douce, qui vivait dans les fleuves chinois, a probablement disparu à cause de la pêchepêche mais aussi du transport fluvial et de la pollution. En Inde et au Népal, les barrages, les travaux d'irrigationirrigation et l'exploitation du sablesable s'apprêtent à faire disparaître le gavial, un petit crocodilecrocodile au long museau. Quant aux grands singes, on connaît bien les effets du défrichage de leurs forêts.

    Le gorille des plaines de l’ouest pourrait perdre la moitié de sa population entre 1992 et 2011. Il est cette année considéré « en danger critique ». © M. Watson / <a href="http://www.ardea.com/" target="_blank">www.ardea.com</a> / ARKive.

    Le gorille des plaines de l’ouest pourrait perdre la moitié de sa population entre 1992 et 2011. Il est cette année considéré « en danger critique ». © M. Watson / www.ardea.com / ARKive.

    En conclusion du rapport, Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de l'UICN, pointe la difficulté mais aussi l'urgence d'agir : « La liste rouge de l'UICN de cette année démontre que les efforts inappréciables déployés à ce jour pour protéger les espèces sont insuffisants. Le rythme de l'érosion de la biodiversité s'accélère et nous devons agir sans plus attendre pour le réduire de manière significative et pour mettre un terme à cette crise mondiale de l'extinction. Nous pouvons le faire mais uniquement dans le cadre d'un effort concerté à tous les niveaux de la société. »

    Des actions énergiques pour protéger des espèces en danger sont donc indispensables mais c'est plus vraisemblablement une réflexion sur la protection des milieux naturels qu'il faut mener. La question ne concerne pas que l'Afrique et l'Amazonie mais tous les pays du monde. Dans le classement de l'UICN, la France abrite 641 espèces menacées au niveau mondial, un score qui la place parmi les dix pays les plus concernés. Le comité français de l'UICN, associé au Muséum d'histoire naturelle, prépare d'ailleurs pour 2010 un bilan exhaustif des espèces présentes en France et dans les territoires d'outre-mer.