L'Odyssée sauvage poursuit sa marche vers la Sibérie. Après les steppes mongoles, Nicolas Vanier, son traîneau et ses chiens sont maintenant dans un immense massif montagneux. La neige se fait plus présente, mais la progression est ralentie par les ravages d'une tempête automnale. L'explorateur confie à Futura-Sciences qu'il vient de connaître « des jours difficiles ».

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    Résumé des épisodes précédents : l'expédition L’Odyssée sauvage, partie le 21 décembre 2013 de la côte pacifique, en Sibérie, s'est dirigée vers l'ouest et a traversé la Mandchourie, en Chine, le long du fleuve Amour, puis est entrée en Mongolie fin janvier. Nicolas Vanier, avec son traîneau et ses dix chiens, a alors traversé les steppes mongoles vers le nord ou le nord-ouest en direction de la Sibérie. Une équipe accompagnatrice le suit ou le précède pour la logistique et le tournage de séquences vidéo lors de leurs rencontres. L'expédition terminera son périple de 6.000 kilomètres sur une île du lac Baïkal, en Russie.

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    Nicolas Vanier se trouve en Mongolie depuis la fin du mois de janvier et a depuis traversé une partie des immenses steppes. Il se trouve actuellement dans un tout autre environnement : des montagnes. Car il n'y a pas que des steppes en Mongolie. Dans le nord du pays, près de la frontière avec la Sibérie, s'élève un vaste massif.

    Dans ce relief, la progression en traîneau est plus compliquée que sur les rivières gelées des steppes. Avec son traîneau et ses chiens, l'explorateur suit des ruisseaux ou des sentiers quand ils existent. Bien souvent, ce sont ceux créés par les élans, les plus grands des cervidés. Le cap est à peu près nord-ouest et la route conduit l'attelage en direction de la frontière sibérienne, de vallées en cols. La neige est davantage présente car avec les températures exceptionnellement hautes de novembre, les steppes ont surtout connu la pluie.

    Nicolas Vanier dans les montagnes de Mongolie. La neige est rare car l'automne a été moins froid que d'habitude. © Taïga

    Nicolas Vanier dans les montagnes de Mongolie. La neige est rare car l'automne a été moins froid que d'habitude. © Taïga

    Les cicatrices de la tempête de 2013

    Les hauteurs, en revanche, ont reçu leur dotation en neige. Durant la dernière semaine, l'attelage a évolué entre 1.000 et 2.600 m, par des températures plus clémentes que les -45 °C rencontrés en Mandchourie. La journée, le thermomètre grimpe parfois à -15 °C, même s'il descend la nuit entre -30 °C et -40 °C. Ce spécialiste du Grand Nord sait s'adapter à ce climat, et ce n'est donc pas le froid qui gêne l'expédition.

    Pourtant, Nicolas Vanier vient de passer « trois jours difficiles », comme il nous l'a confié par téléphone. Durant le dernier automneautomne, une violente tempêtetempête a soufflé sur la région et arraché de nombreux arbresarbres, qui bloquent désormais les passages. « Les arbres tombés forment des obstacles qui obligent parfois à décharger le traîneau pour le recharger derrière. Les racines arrachées créent des trous qui peuvent être emplis de neige, et donc invisibles. Le traîneau est tombé plusieurs fois. Je me suis parfois blessé, notamment à la tête, mais sans gravitégravité. Les chiens ont été héroïques. Comme moi, ils étaient fatigués par cette progression difficile et lente -- parfois une vingtaine de kilomètres en une journée --, quand ils doivent slalomer ou s'enfoncent dans une neige épaisse. Ils sont restés obéissants, même quand leur intuition leur commandait d'aller dans une direction alors que je leur demandais de partir de l'autre côté. Beaucoup d'attelages auraient abandonné dans de telles conditions... »

    Wolf, le chef de meute. © Taïga

    Wolf, le chef de meute. © Taïga

    Avec le peuple mongol

    Au milieu de ces montagnes, Nicolas Vanier est surtout entouré d'animaux. En plus des élans, ses voisins sont souvent des loups et des cerfs. Dans les vallées, en revanche, ses rencontres sont humaines. Dans ce pays peu peuplé, avec deux millions d'habitants seulement sur un immense territoire (mais avec 60 millions de têtes de bétail), les villages sont plutôt rares.

    Dans les steppes, Nicolas Vanier a apprécié la grande hospitalité des Mongols qui l'ont souvent accueilli dans leurs yourtes. « Nous étions au moment du Nouvel An mongol [le 31 janvier cette année, NDLRNDLR] et tout le monde était en costume traditionnel ! » Dans les vallées, les villages sont plus proches les uns des autres (« tous les 30 à 50 km ») et les rencontres sont fréquentes.

    Les prochaines semaines se dérouleront toujours en montagne, et l'attelage restera dans cet environnement chahuté par la précédente tempête. Cependant, après les difficultés des derniers jours, Nicolas Vanier reste optimiste et espère « de bonnes surprises ».