Cet été, les incendies de forêt sont préoccupants dans plusieurs pays, aggravés par le changement climatique. Dans ce contexte, et comme la situation ne pourra qu’empirer au fil des années, l'ESA a réouvert son Atlas des feux dans le monde, utilisant les données du satellite Copernicus Sentinel-3A pour fournir une analyse détaillée des catastrophes. Cet Atlas est salué comme une ressource précieuse pour mieux comprendre ces feux à l'échelle mondiale et élaborer des stratégies de prévention et de gestion plus efficaces à court et moyen terme.


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    Les incendies de forêts sont un sujet préoccupant cet été, avec des feux dévastateurs en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Algérie, en Tunisie, au Chili et au Canada, causant des pertes humaines et des dégâts environnementaux et économiques massifs. Sans surprise, les scientifiques ont averti que ces incendies deviendront plus fréquents et plus répandus en raison de l'augmentation des températures mondiales et des événements météorologiques extrêmes.

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    Des données satellitaires de Sentinel 3 alimentent les données de cet Atlas

    En réponse à cette situation, l'ESA, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, a réouvert son Atlas des feux dans le monde qui délivre un aperçu de la distribution de chaque feufeu sur le plan national et international pour fournir une analyse détaillée de ces catastrophes à travers le monde. Les données sont fournies par le satellite Copernicus Sentinel-3A qui détecte les incendies de nuit en mesurant le rayonnement infrarougeinfrarouge thermique des surfaces terrestres. Même si l'atlas ne peut pas relever tous les feux en raison des contraintes liées au passage du satellite au-dessus de la région concernée et de la couverture nuageuse, il a une valeur statistique représentative d'un mois à l'autre et d'une année sur l'autre. Les données du satellite Copernicus Sentinel-3B viendront s'y ajouter en décembre 2023.

    Les feux de forêts recensés sur l’ensemble de la Planète à partir d’observations nocturnes. © ESA
    Les feux de forêts recensés sur l’ensemble de la Planète à partir d’observations nocturnes. © ESA

    Un Atlas des feux dans le monde en temps quasi réel

    Les données de l'Atlas montrent une augmentation significative des incendies en Grèce, en Italie, au Portugal, en Espagne et en France au cours des sept années précédentes. Le Canada a également connu une augmentation de 705 % du nombre d'incendies au cours des sept premiers mois de 2023, confronté à sa pire saison de feux de forêt jamais enregistrée, avec plus de 10 millions d'hectares de terres brûlées. Une situation qui devrait s'aggraver ces prochaines années avec une augmentation mondiale des incendies extrêmes pouvant atteindre 14 % à l'horizon 2030, 30 % d'ici à 2050 et 50 % d'ici à la fin du siècle. Le Système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS) a signalé que plus de 234 516 hectares de terres ont déjà été brûlés dans l'Union européenne jusqu'au 29 juillet 2023, exigeant des mesures urgentes pour faire face à ce danger croissant.

    La réouverture de cet Atlas est saluée comme une ressource précieuse pour les pouvoirs politiques, les autorités, les chercheurs et les organisations pour mieux comprendre ces feux à l'échelle mondiale et élaborer des stratégies plus efficaces de prévention et de gestion. Grâce à un tableau de bord interactifinteractif, les utilisateurs peuvent comparer la fréquence des incendies entre les pays et analyser leur évolution au fil du temps.

    L’île grecque de Rhodes en proie aux flammes lors de gigantesques incendies incontrôlés cet été. © <em>Copernicus Sentinel data</em> (2023), <em>processed by</em> ESA, CC by-sa 3.0 IGO
    L’île grecque de Rhodes en proie aux flammes lors de gigantesques incendies incontrôlés cet été. © Copernicus Sentinel data (2023), processed by ESA, CC by-sa 3.0 IGO

    Les feux incontrôlés et les changements climatiques s’aggravent mutuellement 

    Cet outil statistique a un intérêt pour la communauté scientifique pour mieux appréhender les conséquences du changement climatiquechangement climatique qui, nous ne voilons plus la face, sont responsables de l'augmentation du nombre et de l'intensité des incendies. Comme le soulignait l'ONU en février 2022 dans un rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnementProgramme des Nations Unies pour l'environnement, les feux incontrôlés sont « aggravés par les changements climatiques en raison de l'augmentation de la sécheresse, des températures élevées de l'airair, de la faible humidité relative, des éclairs et des vents violents, qui entraînent des saisons des incendies plus chaudes, plus sèches et plus longues. Dans le même temps, les changements climatiques sont exacerbés par les feux incontrôlés car ils ravagent des écosystèmesécosystèmes sensibles et riches en carbonecarbone comme les tourbièrestourbières et les forêts tropicalesforêts tropicales. Les paysages se transforment ainsi en poudrières, ce qui complique la lutte contre la hausse des températures ».

    Un outil dont les pouvoirs politiques devraient se saisir

    Pour les responsables politiques, cet Atlas a comme principal intérêt d'être un outil puissant pour mieux orienter leurs investissements vers la prévention et la préparation pour faire face aux futurs incendies incontrôlés. Comme le souligne OlivierOlivier Arino, de l'ESA, la relance de cet Atlas « représente une occasion précieuse pour les autorités, les chercheurs et les organisations d'améliorer leur compréhension des incendies dans le monde entier. En utilisant cette ressource complète, ils peuvent élaborer des stratégies plus efficaces de prévention et de gestion des incendies à l'échelle mondiale ».