Le confinement nous donne l'opportunité d'observer la nature et la merveilleuse ordonnance de sa beauté, de son harmonie et sa complexité. En détruisant les milieux et les espèces, inévitablement nous jouons contre nous. La biodiversité nous sert, prenons le temps de porter un regard intelligent et bienveillant sur notre environnement.
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Je regarde les mésanges qui tournicotent autour du nichoir, que j'ai posé cet hiver. Ou plutôt, je prends le temps de les regarder car les années passées, je n'étais pas au rendez-vous, trop absente, trop occupée, trop fatiguée.
Les témoignages qui se multiplient de nos concitoyens étonnés des chants d'oiseaux, des fleurs qui poussent et des baleines en maraude près des côtes en disent long. D'une part sur la capacité à passer à côté (surtout pour les citadins) de ce qui constitue une immense partie de notre monde : la nature. D'autre part sur la relation que nous avons peu à peu établie avec la vie non humaine : celle de l'intérêt immédiat. La biodiversité doit nous servir ou déguerpir. Nous voilà tout à coup surpris de constater qu'elle vit par elle-même, dans les interstices que nous lui avons laissés.
Le droit de cité sur notre Planète
Nous avons pris l'habitude de classer les animaux. Il y a les « utiles » (qui se mangent, qui nous soignent, qui nous rapportent) et ceux-là, nous les confinons, nous les faisons travailler ou nous les entassons dans des conditions fréquemment cruelles, sans trop imaginer qu'ils puissent être doués de sensibilité.
Il y a pire : les « nuisibles », que nous considérons comme des dangers ou des compétiteurs, sans jamais nous poser la question si ce n'est pas notre façon de procéder vis-à-vis d'eux qui est en cause. Pour eux point de salut, ils sont empoisonnés, traqués, fusillés, écrasés, noyés... J'en passe.
Enfin les plus chanceux nous amusent ou nous attendrissent. Ils ont droit à plus de considération, si l'on excepte l'immense gâchis pour ceux qui sont capturés dans la nature.
Bref, à aucun moment, nous n'avons considéré la vie non humaine comme ayant, autant que nous, droit de cité sur cette planète. Et surtout, en nous pensant supérieurs aux autres formes de vie, nous n'avons pas pris en considération le sens du mot écosystème. Aucune espèce, même le bipède à gros cerveaucerveau, ne peut exister seule. Plus les interactions, les relations proies/prédateurs, les coopérations, les compétitions, sont riches et variées, plus les écosystèmes sont stables, fournissant les conditions optimales et les coévolutions possibles pour chacun de ses composants.
Cette crise nous révèle qu'en détruisant les milieux et les espèces, nous jouons contre notre propre camp. En déforestant à grande échelle, en braconnant de manière acharnée, en pratiquant l'élevage industriellement, en déréglant le climatclimat et donc le mode de vie des espèces, nous aboutissons à laisser le plus petit être de la planète, un virus, mettre en danger notre constructionconstruction économique et sociale !
“Réfléchissons sur notre fragilité, mais aussi sur les beautés et les complexités de la nature”
Alors, goûtons le spectacle des mésanges, des fleurs et des baleines, mais réfléchissons également puisque le confinement nous en donne l'opportunité. Réfléchissons sur notre fragilité, mais aussi sur les beautés et les complexités de la nature, celle qui nous maintient en vie. Passons un nouveau pacte avec elle, basé sur la connaissance et l'intelligenceintelligence, plutôt que sur la destruction. Cela paraît irréalisable ? Impossible à opposer à une marche du monde ivre de profits immédiats ? Ne sous-estimons pas la force d'un ventvent qui se lève. Les sociétés humaines ont été capables en peu de temps de changements considérables. Cette crise signe la fin d'un modèle économique et social qui nous a porté pendant quelques décennies, elle signe la fin du vieux monde. Le prochain est incertain. Mais c'est dès maintenant qu'il faut chacun y jouer sa part.