Présidente de WWF France et marraine de Futura-Sciences, Isabelle Autissier commente pour nous les enjeux de Rio+20, le sommet mondial sur le développement durable. Il est important, nous explique-t-elle, de modifier la route du bateau de l'économie mondiale.
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Isabelle Autissier est présidente du WWF France depuis décembre 2009 et a été réélue à ce poste en mars 2012. © WWF
Comme d'autres ONG, le WWF a fait le déplacement à Rio+20 pour y multiplier les rencontres et « faire passer nos messages », explique à Futura-Sciences la présidente de la branche française, Isabelle Autissier. Pessimiste ? Optimiste ? La navigatrice (première femme à boucler un tour du monde en course en solitaire en 1991) a un autre langage. Pour elle, des réunions internationales de ce genre sont, quoi qu'il en ressorte, indispensables.
Futura-Sciences : Comment les ONG discutent-elles à Rio ?
Isabelle AutissierIsabelle Autissier : Dans les couloirs... Pour nous, il s'agit de faire passer des messages et rencontrer les acteurs, comme la nouvelle ministre française en charge de l'environnement, Nicole Bricq. Beaucoup de choses se passent ainsi, dans ce que l'on appelle des side-meetings, où les ONG se rencontrent sur des thèmes précis. Par exemple, le WWF pose le débat des exploitations minières, pour le pétrolepétrole ou les matièresmatières premières. Ce que le WWF veut porter comme message, c'est que le bateau de l'économie mondiale doit changer de route pour éviter d'aller dans le murmur. Actuellement, il nous faudrait quatre planètes, il faut tendre vers une... L'indice Planète vivante, publié par le WWF, montre à chaque édition une situation qui empire, sur le réchauffement, sur l'empreinte écologique ou sur la biodiversité.
Des sommets internationaux de ce genre sont-ils la bonne méthode ?
Isabelle Autissier : On a un problème planétaire. Ce n'est pas une mauvaise chose que les dirigeants internationaux se rencontrent. Je ne suis pas contre ces sommets. Il y a 20 ans, le sommet de Rio avait été un moment très fort et fondateur. Il faudrait que ce Rio+20 soit fort lui aussi et initie de nouvelles pistes pour l'économie mondiale, côté production et côté consommation.
Êtes-vous optimiste ou pessimiste pour l’issue de ce somment ?
Isabelle Autissier : Quelqu'un a dit que l'optimisme et le pessimisme sont deux faces d'une même pièce, la démission. C'est vrai qu'on ne voit pas de signaux très enthousiasmants. Certains responsables y vont à reculons. D'autres se contentent de dire « on s'en occupe ». Mais il faut avancer. Il faut se battre.
C’est un langage de marin ?
Isabelle Autissier : Sans doute. Sur un bateau, on n'a pas le choix. Il faut tenir compte de l'environnement et faire ce que l'on peut.
Une question ouverte aujourd’hui est celle de l’économie verte mais que désigne cette expression selon vous ?
Isabelle Autissier : On y met un peu tout et n'importe quoi. Cela peut parfois paraître comme de la poudre aux yeuxyeux. Mais il y a des éléments clairs. Par exemple, le fait que l'agriculture plus traditionnelle ou « bio », comme on voudra, a un impact moindre sur l'environnement. Ou que dans le domaine de l'énergieénergie, il faut réduire la part des sources fossiles. Mais on ne peut pas décider de switcher l'économie d'un seul coup. Il faut tirer et pousser le monde de l'entreprise. Pour ce qui est de l'exploitation des forêts, par exemple, il faut aller vers un meilleur contrôle de l'origine du bois, avec des certificationscertifications. C'est un chemin à prendre, un chemin vers le moindre impact...
Certains disent que prendre ce genre de mesures revient à handicaper les économies des pays qui les prennent. Que répondre ?
Isabelle Autissier : C'est le discours du lobbying des grandes entreprises, qui disent « il faut être compétitifs ». Nous, nous disons qu'une autre économie est possible, qu'il faut investir dans la recherche. Ce sont là des emplois pour demain...