Les coelacanthes sont décidemment pleins de surprises. Ces véritables "fossiles vivants", qui existaient déjà sur Terre avant la disparition des dinosaures et que l’on considère souvent comment un chaînon entre les poissons et les reptiles, avaient déjà stupéfié le monde en 1938. On pensait alors qu’ils avaient disparu au moment de la fameuse crise biologique de l’interface Crétacé-Tertiaire, quand des spécimens ont été pêchés sur la côte est de l’Afrique. En 1998, une autre espèce de coelacanthe avait été découverte en Indonésie avec un unique exemplaire pêché. Ce nombre vient maintenant d’être porté à deux !

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    Ronan Bourhis (AFP/Archives - Un coelacanthe pêché en Indonésie en mai 2007)

    Ronan Bourhis (AFP/Archives - Un coelacanthe pêché en Indonésie en mai 2007)

    Justinus Lahama et son coelacanthe (Crédit : national geographic).

    Justinus Lahama et son coelacanthe (Crédit : national geographic).

    Justinus Lahama, un pêcheur indonésien habitant la ville de Manado au nord de l'île de Célèbes a eu une chance exceptionnelle ce 19 mai 2007. Parti pêcher avec son fils Delvy à 200 mètre de la plage, là où la profondeur dépasse les 100 mètres, il a en effet ramené en surface un étrange poisson semblant posséder des pattes, pesant 50 kgkg et long d'1 m 30.

    Il venait d'entrer dans l'histoire en capturant le deuxième coelacanthe indonésien connu.

    Remarquablement, l'animal a survécu près de 17 heures dans un enclos en bord de mer, profond de 1 m. Cela surprend d'autant plus les scientifiques qui ont pu venir le voir et le filmer vivant en train de nager que, jusqu'à présent, ses cousins découverts au large du Kenya, des Comores et de Madagascar n'avaient été observés qu'à des profondeurs dépassant les 150 mètres. On pense d'ailleurs que leur habitat naturel est plutôt à 200 mètres de profondeur.

    Les coelacanthes indonésiens ont été découverts au large de Manado dans la Mer des Célebes au dessus de Sulawesi (centre de la carte).

    Les coelacanthes indonésiens ont été découverts au large de Manado dans la Mer des Célebes au dessus de Sulawesi (centre de la carte).

    Après sa mort le poisson a été congelé. Des analyses ADNADN permettront de savoir si, comme celui découvert en 1998 et baptisé du nom de Latimeria menadoensis, il s'agit d'une espèce différente du Latimeria chalumnae des côtes africaines. Dans ce dernier cas, les horloges moléculaireshorloges moléculaires contenues dans l'ADN indiquent une séparationséparation quelque part entre 1 et 2 millions d'années avant notre ère. Pour d’autres, et d'après des études plus récentes basées là encore sur l'ADN mitochondrialADN mitochondrial, c'est plutôt entre 30 et 40 millions d'années que celle-ci se serait produite. Ce serait alors la remontée de l'Inde et sa collision avec l'Eurasie qui aurait causé la divergence en deux espèces, par isolationisolation des populations vivant alors sur les paléocôtes du Tertiaire.

    Le biologiste marin Lucky Lumingas, de la Sam Ratulangi University de l'île de Sulawesi, fait partie des scientifiques actuellement en train d'analyser la carcasse de ce coelacanthe qui sera conservée dans un musée indonésien. On sait maintenant que même si les coelacanthes sont contemporains du passage de la vie marine à la vie terrestre, ils ne constituent pas un ancêtre commun aux espèces vivant à l'airair libre. L'étude de leur anatomieanatomie et de leur ADN devrait tout de même nous apporter une meilleure compréhension de cet événement fondamental de l'histoire de la Vie sur Terre, et sans lequel nous ne serions pas là.