Les photos truquées pullulent sur Internet et sont parfois d’un réalisme confondant. Heureusement, il est quand même possible de détecter des images fabriquées par intelligence artificielle ou retouchées grâce à quelques indices.


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    Trop mignonne cette photo d’éléphant portant un lionceau dans sa trompe. Image réelle ou image truquée ? Partagée des millions de fois sur Internet, elle est en effet totalement fabriquée à partir d'une image trouvée sur Wikipédia.

    Des images truquées circulent sur Internet. © capture écran Twitter, Wikipédia
    Des images truquées circulent sur Internet. © capture écran Twitter, Wikipédia

    Ce cas illustre bien la facilité avec laquelle il est facile de créer une photo truquée, notamment grâce aux logiciels de retouche. Voici les indices qui doivent vous alerter et les moyens de se prémunir.

    Vérifier la date et le contexte originel de la photo originale

    Un cas très courant de détournement consiste à reprendre d'anciennes images pour les utiliser dans un contexte totalement différent. Ce fut le cas par exemple lors des manifestions des Gilets Jaunes, des incendies de forêt en Amazonie en août 2019 ou pour affirmer que « des arbres sont coupés pour ne pas gêner les ondes 5G ». Pour détecter ce genre de détournement, on peut faire une recherche inversée sur Google ou TinEye. Copiez l'adresse url de l'image en faisant un clic droit, ou téléchargez l'image puis collez le lien dans la barre de recherche. Vous voyez ainsi où cette image ou des images similaires sont apparues auparavant. Si plusieurs médias reconnus ont utilisé la photo, c'est qu'à priori elle est fiable. En revanche, si elle a été diffusée dans des multiples versions ou si elle date de plusieurs années, méfiance... Il y a de fortes chances pour que ce soit une photo truquée. Pour les vidéos, InVid propose un pluginplugin avec les mêmes fonctions.

    Ces images de manifestants à Hong Kong datées du 13 août dont la légende s’offusque des violences des policiers envers les manifestants ont en réalité été prises… sur les Champs-Élysées lors de manifestions de Gilets Jaunes en France. © capture écran Facebook et Google
    Ces images de manifestants à Hong Kong datées du 13 août dont la légende s’offusque des violences des policiers envers les manifestants ont en réalité été prises… sur les Champs-Élysées lors de manifestions de Gilets Jaunes en France. © capture écran Facebook et Google

    Une image trop belle pour être vraie ?

    Les sites Internet de voyage et les réseaux sociauxréseaux sociaux regorgent de paysages paradisiaques soi-disant « méconnus ». Et pour cause : de nombreuses images sont truquées, les photos sont retouchées pour ajouter des palmiers au bord d'un lagon, enlever les nuagesnuages ou repeindre une petite rue en bleu azur. N'hésitez pas à agrandir la photo pour déceler des détails suspects, par exemple des fleurs en arrière-plan qui recouvrent partiellement un élément situé en premier plan, un bout de pied qui manque ou des contours pas très nets.

    Cette <a href="https://twitter.com/pvermeul_peter/status/1163137050834419712" target="_blank">plage de rêve</a> en forme de cœur soi-disant située en Grèce est ainsi un photomontage réalisé à partir de la plage de Kelingking, située sur l'île indonésienne de Nusa Penida. La photo a été simplement dupliquée et retournée en miroir pour donner la fausse plage. © captures écran Twitter, Instagram
    Cette plage de rêve en forme de cœur soi-disant située en Grèce est ainsi un photomontage réalisé à partir de la plage de Kelingking, située sur l'île indonésienne de Nusa Penida. La photo a été simplement dupliquée et retournée en miroir pour donner la fausse plage. © captures écran Twitter, Instagram

    Photo truquée : des incohérences dans les arrière-plans ou les visages

    Les logiciels de Deep Fake génèrent de fausses images à partir de milliers d'échantillons trouvés sur Internet. Elles sont souvent difficiles à débusquer, les algorithmes étant particulièrement performants. Mais comme ils n'ont pas de « logique », certaines photos présentent parfois des incohérences. L'artiste digitale Kyle McDonald a publié en décembre 2018 un guide pour détecter les images générées par IA (intelligence artificielle). Un visage asymétriqueasymétrique, une mèche de cheveux isolée, un motif de TT-shirt bizarre ou un arrière-plan avec des caractères illisibles peuvent par exemple indiquer que la photo est l'œuvre d'un robot.

    Des boucles d’oreilles asymétriques, deux yeux qui ne regardent pas dans la même direction ou de couleurs différentes : des indices qui peuvent laisser penser que la photo est l’œuvre d’un robot. © capture d’écran Kyle McDonald
    Des boucles d’oreilles asymétriques, deux yeux qui ne regardent pas dans la même direction ou de couleurs différentes : des indices qui peuvent laisser penser que la photo est l’œuvre d’un robot. © capture d’écran Kyle McDonald

    Ne pas se fier au nombre de partages

    Ce n'est pas parce qu'une photo a été « likée » ou partagée des millions de fois qu'elle est pour autant véridique. Une étude publiée dans la revue Science en 2018 a ainsi calculé qu'une fausse informationfausse information se propageait plus rapidement sur Internet qu'une vraie. Les fausses nouvelles ont 70 % de chances supplémentaires d'être retweetées que les vraies et par un beaucoup plus grand nombre d'utilisateurs uniques, indique l'étude. De manière générale, tout ce qui est « incroyable » ou « extraordinaire » est beaucoup plus attirant et donc partagé.
     

    Cette photo de requin nageant dans les rues inondées de Houston après le passage de l'ouraganouragan Harvey, en août 2017, est une ancienne photo publiée dans un magazine en 2005 est qui « ressort » à presque chaque inondationinondation. © TwitterTwitter

    Décrypter les données cachées d’une photo

    Beaucoup de site de « Fast checking » conseillent de vérifier les métadonnées d'une photo pour savoir si elle est authentique ou truquée. Bien qu'utiles, ces informations ne prouvent cependant pas grand-chose. Il arrive par exemple que la date et l'heure soient désynchronisées sur un appareil photo, ce qui pourrait suggérer une fausse image alors qu'elle est réelle. De plus, de nombreuses photos partagées sur les réseaux sociaux sont des captures d'écran, où les métadonnées originelles ne figurent plus. Le site FotoForensics donne, lui, accès à de nombreuses analyses supplémentaires (pixelspixels cachés, niveaux de compressioncompression...) qui peuvent débusquer un photomontage.

    L’outil ELA (<em>Error Level Analysis</em>) indique le niveau de compression d’une image : plus cette image est copiée, plus celui-ci augmente. Des différences importantes, comme ici la fausse carte brandie par Kim Jong Un, peuvent signaler que des éléments ont été ajoutés ou enlevés. © capture écran FotoForensics
    L’outil ELA (Error Level Analysis) indique le niveau de compression d’une image : plus cette image est copiée, plus celui-ci augmente. Des différences importantes, comme ici la fausse carte brandie par Kim Jong Un, peuvent signaler que des éléments ont été ajoutés ou enlevés. © capture écran FotoForensics

    Prendre du recul avant de partager une photo

    Mais ce qui risque le plus de nous tromper, ce sont nos propres croyances et opinions existantes, met en garde Mona Kasra, professeur assistant à l'université de Virginie. « C'est ce que l'on appelle un "biais de confirmation", la tendance des gens à croire qu'une information est réelle ou vraie si elle correspond à ce qu'ils pensent déjà », explique la chercheuse. Si vous êtes persuadés que l'on nous cache une invasion d’extraterrestres, vous aurez tendance à prendre pour argentargent comptant toute photo ou vidéo susceptible d'apporter une « preuve » de cette croyance.