Des chercheurs de Singapour ont « imprimé » une image dotée de nuances de couleur avec une résolution de 100.000 points par pouce (dpi). Un record imbattable, puisque cette résolution nécessite d’aller jusqu’aux limites de la diffraction de la lumière.
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D'apparence, l'image représentant un visage de femme n'a rien d'impressionnant. Elle paraît fortement pixellisée et ressemble à ce que l'on pouvait attendre d'une imprimante des années quatre-vingt. Et pourtant, elle est le fruit d'une prouesse. Elle ne mesure que 50 micromètresmicromètres de largeur. C'est-à-dire l'équivalent de l'épaisseur d'un cheveu ! Concrètement, elle dispose d'une résolution de 100.000 points par poucepoints par pouce (dpi) ! Un record imbattable selon les chercheurs à l'origine de cet exploit.

Pour créer cette image en couleurcouleur, les scientifiques de l'Agency for Science, Technology and Research (A*Star) de Singapour sont allés jusqu'aux limites de la diffractiondiffraction de la lumièrelumière. Selon les chercheurs, même en grossissant au maximum l'image, il est totalement impossible d'identifier deux points distincts à une résolutionrésolution aussi élevée. Et l'inconvénient, c'est qu'à cette résolution, il est difficile de créer des couleurs. Pour comprendre comment ils y sont parvenus, il faut se placer à l'échelle nanoscopique.

Des pixels qui ressemblent à des Lego

La photo n'a évidemment pas été imprimée à partir d'une imprimante jet d’encre familiale, mais avec un appareillage spécifique, une sorte de « nano-imprimante » et le support n'est pas non plus du papier, mais une fine plaque de siliciumsilicium sur laquelle un petit tapis d'un alliagealliage d'argentargent et d'or a été déposé. Sur ce support, chaque pixel de l'image est composé de quatre petits piliers d'une taille de 96 nanomètresnanomètres que les chercheurs ont appelé nanodisques. Ces petits disques sont fabriqués eux aussi à partir d'or et d'argent. Cette structure est réalisée par évaporation grâce à un faisceau d'électronsélectrons.

À l’échelle nanoscopique, chaque pixel comporte quatre nanodisques (<em>Nanodisk</em>) composés d’un alliage d’argent (Ag) et d’or (Au). L’ensemble repose sur une plateforme du même alliage (<em>Backreflector Ag/Au</em>) placée sur une plaque de silicium (<em>Si substrate</em>). Selon le diamètre et l’espacement des nanodisques, la lumière se reflète plus ou moins pour créer une nuance de couleur par diffraction. © A*Star
 
À l’échelle nanoscopique, chaque pixel comporte quatre nanodisques (Nanodisk) composés d’un alliage d’argent (Ag) et d’or (Au). L’ensemble repose sur une plateforme du même alliage (Backreflector Ag/Au) placée sur une plaque de silicium (Si substrate). Selon le diamètre et l’espacement des nanodisques, la lumière se reflète plus ou moins pour créer une nuance de couleur par diffraction. © A*Star

Pour obtenir les différentes nuances de couleur, les nanodisques sont plus ou moins espacés et leur diamètre est plus ou moins gros. La lumière se reflète dessus et se diffracte. Ainsi, plus il y a d'espace entre deux nanodisques et plus l'élément va produire une couleur dans la partie rouge du spectrespectre visible. Avec de telles dimensions, pour obtenir cette résolution, on se trouve alors à la toute limite de la résolution optique. C'est pour cette raison que les scientifiques pensent qu'il ne pourra jamais y avoir une résolution plus importante que celle-ci.

Dans le résumé de leur article publié sur Nature Nanotechnology, ils expliquent que cette technologie pourrait être employée pour fabriquer des micro-images utilisables pour sécuriser des données, par exemple.