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En 2005 ont été mis à jour des vestiges de la colonie installée au Cap-Rouge (Canada) par Cartier et Roberval entre 1541 et 1543. Devant l'importance de la découverte, le gouvernement du Québec a lancé un vaste programme de fouilles archéologiques afin de reconstituer la première tentative de colonisation française dans la vallée du Saint-Laurent au XVIe siècle. Les archéologues ont trouvé des objets attestant d'échanges entre Français et Amérindiens et des outils utilisés dans la recherche de métauxmétaux précieux.
Cette tentative d'installation au Québec commanditée par François Ier se solde par un échec (car non soutenue en moyens humains et financiers) et le retour des colons en France.
Les explorateurs se tournent vers l'Amérique du Sud
Les explorations se tournent vers le Sud : des navires marchands français entretiennent un commerce régulier avec le Brésil, pour ramener le boisbois de teinture rouge « Brésil » très recherché par les métiers du textile. Les négociants normands s'imposent comme fournisseurs de ce rouge « Brésil », avec Rouen comme centre de redistribution vers Paris, Orléans et le nord de l'Europe.
En 1555, sous le règne d'Henri II, l'amiral de Coligny envoie Durand de Villegagnon vers le Brésil, pour y fonder la colonie de « France AntarctiqueAntarctique » avec des colons catholiques et protestants. En novembre 1555, les Français débarquent dans la baie de Janeiro : les conditions étant favorables à une installation, Villegagnon décide la constructionconstruction du fort Coligny. Cette colonie mixte d'un point de vue religieux retrouve sur place des motifs de discorde identiques à ceux qui agitent le royaume de France. En mars 1557, le réformateur Jean Calvin fait envoyer des renfortsrenforts de Genève : devant le climatclimat de tensions religieuses, Villegagnon va expulser les derniers arrivants protestants. En 1560, les Portugais détruisent le fort Coligny et en 1565, ils fondent Rio de Janeiro.
Carte de la France Antarctique, baie de Rio en 1555. © Wikimedia Commons, domaine public
La France en quête de colonies refuges
Les efforts de colonisation française se reportent alors sur la Floride : Coligny cherche à contrer l'implantation espagnole dans cette région et veut y offrir un refuge aux protestants français. En 1562, un voyage d'exploration est entrepris par le capitaine Jean Ribaut qui établit un fort sur un îlot appelé Charlesfort, en l'honneur du roi Charles IX. Le site est rasé par les Espagnols en 1563. L'année suivante est établi le fort Caroline avec plus de 600 colons, mais il est à nouveau détruit par les Espagnols en septembre 1565. La colonie française de Floride menaçait la route commerciale de l'empire hispanique d'Amérique vers l'Europe et qui plus est, elle était principalement constituée de colons protestants, situation intolérable pour le très catholique roi d'Espagne Philippe II. La répercussion du massacre est vive en Europe, chez les Anglais, les Hollandais et les protestants français, ce qui engendre une violente propagande anti-espagnole. La fin de la Floride française signe l'abandon de colonies refuges pour les protestants, après l'assassinat de l'amiral de Coligny en août 1572 (Saint-Barthélemy).
En 1594, l'implantation de la « France équinoxiale » au Brésil, dans la baie de Maranhao, provoque de vives réactions au Portugal et en Espagne. Henri IV envoie une mission de secours avec 500 colons mais la tentative française accélère en fait le processus ibérique d'occupation de la côte entre Brésil et embouchure de l'AmazoneAmazone.
Exploration de la Floride par Ribaut et Laudonnière, 1564. Tableau de Le Moyne de Morgues. © Wikimedia Commons, domaine public
La colonisation pour développer le commerce
L'idée d'empire colonial français prend véritablement forme avec Henri IV : pour qu'une politique de colonisation puisse être envisagée, il faut un pouvoir royal fort et une période de paix intérieure bien installée. Des enjeux commerciaux importants vont amener le roi à s'intéresser à nouveau à l'exploration canadienne.
En novembre 1603, Henri IV désigne le protestant Pierre Dugua de Mons comme lieutenant général des « terres et confins de l'Acadie, du Canada et autres lieux en Nouvelle France ». En contrepartie d'un monopole de dix ans sur le négoce des fourrures, Dugua de Mons s'engage à établir des colons et évangéliser les habitants.
En 1605 est fondé le site de Port-Royal en Acadie, sur l'actuelle presqu'île de Nouvelle-Écosse, considérée comme la première colonie permanente d'Amérique du Nord. Samuel de Champlain qui fait partie de l'expédition va laisser un précieux témoignage écrit de cette période fondatrice de l'Acadie.
En mai 1607, Dugua de Mons perd son monopole de négoce des fourrures, révoqué à l'instigation de concurrents malouins et basques qui ont réussi à convaincre Sully (conseiller d'Henri IV). En septembre 1607, tous les colons rentrent en France et laissent Port-Royal sous la garde des populations indiennes alliées, jusqu'à leur retour en 1610.
À l'été 1607, des colons anglais prennent possession des terres limitrophes, sur lettres patentes du roi Jacques Ier : ils empiètent ainsi sur le territoire qui a été attribué à Pierre Dugua de Mons. En 1613, Port-Royal est attaqué et c'est le début d'une longue suite de conflits sur les limites des territoires respectifs de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre. La France ne cherchera plus à s'installer sur le littoral atlantique, au sud de l'Acadie.