S'inspirant des missions Voyager 1 et 2 de la Nasa, la Chine réfléchit à lancer une mission spatiale à deux sondes à destination du milieu interstellaire. Si les objectifs scientifiques sont quasiment les mêmes, mais avec des instruments plus performants, le scénario chinois sera très différent de celui de la Nasa. Il prévoit d'envoyer une des deux sondes à l'opposé de là où se situent Voyager 1 et 2 : dans la queue de l'héliosphère, une région totalement inconnue dont on ne connait ni la forme ni à quelle distance du Soleil elle se termine.


au sommaire


    Programme après programme, la Chine s'affirme comme une puissance spatiale à part entière au point d'être en capacité de s'offrir une très large variété de missions dans tous les domaines des sciences spatiales, qu'ils soient techniques ou scientifiques. Pour répondre aux attentes de sa communauté d'astrophysiciensastrophysiciens, elle envisage, entre autres, une mission dans l’espace interstellaire. Provisoirement baptisée Interstellar Heliosphere Probes (IHPs), elle est à l'étude depuis plusieurs années mais n'a pas encore été officiellement approuvée. La mission prévoit deux sondes qui s'en iraient explorer l'héliosphère avant de s'aventurer dans l'espace interstellaire.

    Depuis quelques années, une équipe de scientifiques, sous la direction de Zong Qiugang, directeur de l'Institut de physique spatiale et de technologie appliquée de l'université de Pékin, travaille sur ce projet ambitieux. S'inspirant des missions Voyager de la Nasa -- qui ont franchi la frontière (héliopause) séparant l'héliosphère du milieu interstellaire en août 2012 pour Voyager 1, et novembre 2018 pour Voyager 2Voyager 2 mais du « même côté » --, l'idée de Zong Qiugang serait d'envoyer ses sondes dans deux directions opposées. L'une à destination de la tête et l'autre en direction de la queue. Il faut savoir que l'héliosphère n'est pas une région sphérique entourant le Système solaire. On suppose qu'elle a la forme d'une queue de comètequeue de comète mais sans savoir comment elle se termine -- ce qui explique pourquoi les vues d'artistes de l'héliosphère ne montrent que sa tête et jamais le côté opposé.

    Explorer des régions totalement inconnues 

    La première sonde, IHP-1 serait donc lancée en 2024 en direction de la tête de l'héliosphère, c'est-à-dire dans la même direction que les sondes Voyager 1 et 2. Quant à IHP-2, elle serait lancée dans la direction opposée, à destination de la queue de l'héliosphère.

    Pour atteindre l'héliosphère, les sondes IHP 1 et 2 utiliseront l'assistance gravitationnelleassistance gravitationnelle de la Terre et de JupiterJupiter pour accélérer. Dans le scénario de référence, qui prévoit un  lancement en 2024, IHP-1 survolerait la Terre en 2025, 2027, puis Jupiter en 2029 de façon à atteindre l'héliosphère en 2049. Cette date n'a pas été choisie au hasard. En 2049, IHP-1 se situera à 100 unités astronomiquesunités astronomiques de la Terre, afin de marquer le centième anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine (1949).

    Voir aussi

    La Nasa rallonge la vie des sondes Voyager aux confins du Système solaire

    Quant à IHP-2, le scénario de mission est très différent puisqu'il prévoit un survolsurvol de Jupiter en 2033 avant d'atteindre NeptuneNeptune en 2038, ce qui serait la deuxième visite d'une sonde depuis le survol de Voyager 2 en août 1989. IHP-2 devrait larguer une petite sonde dans l'atmosphèreatmosphère de Neptune et observerait son entrée. Après cette étape, IHP-2 s'en irait à destination d'un des objets les plus primitifs du Système solaire se trouvant dans la Ceinture de KuiperCeinture de Kuiper, puis s'enfoncerait aux confins du Système solaire jusqu'à la queue de l'héliopause, sans savoir à quel moment elle rejoindra cette frontière. Pour l'instant, cette mission est à l'état de projet et les dernières études de faisabilité lui sont favorables. Le feufeu vert officiel pourrait être accordé en 2021 ou 2022.