Trois minutes pour vulgariser sa thèse. Voici le défi que doivent relever les participants du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Trois des seize finalistes se confient sur leur expérience à quelques jours de la finale.


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    « Quand elle était toute petite, je donnais des cours de maths à ma petite sœur. » Une décennie plus tard, Gaël Mahfoudi apprécie toujours autant la vulgarisation scientifique. Cette année, il fait partie des 16 finalistes du concours national « Ma thèse en 180 secondes ». Ils seront départagés lors d'une dernière étape le 10 juin, diffusée en direct à 18 h 30, ici.

    Résumer des années de travail en trois minutes

    Cette compétition est proposée à toute personne en cours de thèse ou ayant soutenu il y a moins de deux ans. « À la fin [de la thèse, ndlr], ça permet de prendre du recul sur tout ce qu'on a pu faire, mais au début ça permet de formaliser tout ce qu'on pourrait faire », souligne Gaël. Deux objectifs « un peu différents », mais liés par une même envie : communiquer autour de son sujet. Le faire connaître. Transmettre.

    La prestation de Gaël Mahfoudi, finaliste de la région Champagne-Ardenne, lors de la finale régionale. Il a reçu le deuxième prix du jury. © Ma thèse en 180 secondes

    L'ambiance est « très bienveillante », souligne Diane Potart, également finaliste de cette édition. Les candidats sont « coachés » par des référents dans leur université respective. Des sessions de travail sur l'écriture du texte, sur la prestation orale avec des professionnels du théâtre et « des exercices de respiration juste avant de monter sur scène ». Avec une seule diapositive et leur personnalité, ils ont trois minutes pour convaincre le jury et le public. 

    Une durée très courte qui peut s'avérer avantageuse. « Je me suis senti capable de tenir », témoigne Huu Trong Nguyen. Né au Vietnam, il est le seul finaliste d'origine non francophone. « Le jour avant la représentation, tout le monde m'a souhaité "merde" et je ne comprenais pas pourquoi... Mais visiblement, ça m'a porté chance ! » 

    Puisqu'il participait surtout pour s'amuser, il n'avait pas pris la peine de parler de sa participation à sa famille au Vietnam. Malgré tout, elle est parvenue à suivre sa performance en direct sur FacebookFacebook. « Ma mère m'a raconté qu'à l'annonce de mon prix, mes parents se sont embrassés, tellement ils étaient contents ! » 

    La prestation de Huu Trong Nguyen, lauréat du premier prix du jury pour la région Champagne-Ardenne. © Ma thèse en 180 secondes

    Une expérience complémentaire à la thèse

    Retransmises en direct, les présentations sont ensuite mises en ligne sur YouTubeYouTube. « C'est vraiment le bon format pour le grand public », estime Gaël. Que ce soit pour avoir un aperçu « accessible » de plusieurs sujets de recherche ou pour donner envie d'approfondir. « Même moi, je ne comprends rien à la plupart des autres sujets de thèse, mais avec la présentation de mes camarades je peux avoir une vraie idée de ce qu'ils font. »

    Chez certains, cet exercice a insufflé de nouvelles envies. De vulgarisation scientifique, notamment. « Quelqu'un qui est passionné et qui raconte, c'est captivant ! Je me dis qu'il y a peut-être quelque chose à faire, c'est en réflexion », confie Diane. La thésarde s'est déjà lancée dans une initiative inédite pour elle : le podcast Thèse et vous !, dans lequel elle a été invitée pour conter sa thèse plus longuement.

    La prestation de Diane Potart, l'une des quatre finalistes du concours pour l'université de Bordeaux. © Ma thèse en 180 secondes

    S'il avait un peu d'expérience sur scène, Trong est davantage en confiance. Il considère que cet exercice l'aidera pour s'exprimer dans de futures conférences. Pour Gaël, la rencontre avec une multitude de personnes de milieux différents était très enrichissante. Au point d'avoir conseillé à son petit frère, qui démarre une thèse, de s'inscrire à son tour. Quant à sa petite sœur, elle a apprécié la prestation de l'aîné. « J'étais très content », rigole-t-il.

    Lancez-vous !

    Au début, l'expérience peut impressionner. Mais ces trois finalistes sont unanimes : chaque thésard devrait essayer ! « On est entouré de plein de gens bienveillants, c'est un plaisir d'y participer plus qu'une souffrance, même pour des personnes qui sont stressées sur scène », avance Gaël. Un point de vue partagé par Diane, pour qui « même les plus timides » ont leur place.