La sonde européenne a décollé le 14 avril dernier à destination de Jupiter et de ses lunes glacées. Alors qu’elle s’éloigne de notre Planète, le programme de Juice reste assez chargé au cours de ces prochaines semaines. Peu après son décollage, Juice nous révèle ses toutes premières images de la Terre.


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    Pour rappel, JuiceJuice part caractériser l'habitabilité de plusieurs lunes galiléennes et étudier le système jovienjovien dans son ensemble. C'est une mission historique qui doit répondre à des objectifs scientifiques nouveaux. Après le stress du décollage, c'est une nouvelle phase du vol qui s'est mise en marche, bien plus longue.

    Le rôle des caméras de surveillance

    Cela reste assez habituel qu'une sonde interplanétaire envoie très tôt des premières images. C'est avant tout un signe de bonne santé, et il est crucial pour la mission de s'assurer que la sonde fonctionne comme convenu après les remous du décollage. Une confirmation visuelle peut parfois être plus rassurante que ce que dit la télémétrie de la sonde. Les deux caméras JCM renvoient des images carrées de 1 024 pixelspixels de côté. Juice a aussi une caméra scientifique qui prend des images en haute résolutionrésolution, qui sera activée au cours des prochaines semaines.

    La Terre vue par une des caméras de surveillance de Juice. © ESA, Juice, JMC
    La Terre vue par une des caméras de surveillance de Juice. © ESA, Juice, JMC

    Juice est équipée de deux caméras de surveillance. La première, JCM1, est installée à l'avant de la sonde et observe en diagonale afin d'avoir un visuel sur une partie antennes et des panneaux solaires, dont la surface totale atteint 85 m² ! La seconde caméra (JCM2) est installée sur le dessus pour garder un œilœil sur le déploiement complexe de l'antenne radar (Rime), longue de 16 mètres. La raison est que Rime est l'instrument phare de Juice, pour sa capacité de visualiser à travers la glace des lunes. 

    Les panneaux solaires de Juice en train de bouger alors que la sonde s'éloigne de la Terre. © ESA, Juice, JMC
    Les panneaux solaires de Juice en train de bouger alors que la sonde s'éloigne de la Terre. © ESA, Juice, JMC

    Quelle est la suite du programme ?

    Après le déploiement automatique des panneaux solaires, les équipes du centre des opérations de l'ESA (l'Esoc) ont pris le contrôle de la sonde. Les équipes du centre des opérations de l'ESA vont alors vérifier tous les sous-systèmes afin de voir si leur fonctionnement demeure nominal après le lancement. En effet, si leur résistancerésistance a été testée en salle blanche, certains matériels peuvent être détériorés par les vibrations de la fuséefusée au cours du vol.

    La suite des opérations comporte plusieurs déploiements. « Juice est un satellite assez compliqué au niveau des appendices » a d'ailleurs précisé OlivierOlivier Witasse, responsable scientifique de Juice à l'ESA, répondant aux questions de Futura. Cela a commencé par celui de l'antenne moyen gain, qui servira à communiquer avec la Terre pendant le voyage interplanétaire. Quinze jours sont également consacrés au déploiement de l'antenne radar, puis à celui du bras du magnétomètre (long de 10 mètres), et enfin trois bras de 3 mètres au bout desquels se trouvent des sondes de Langmuir pour mesurer le champ électriquechamp électrique et caractériser le plasma ambiant.

    L'antenne Rime attend son déploiement, vue par la caméra JMC2. © Esa, Juice, JMC
    L'antenne Rime attend son déploiement, vue par la caméra JMC2. © Esa, Juice, JMC

    À la suite de cette phase de déploiement, débute celle du « commissioning » qui durera jusqu'à fin juin d'après Olivier Witasse. Durant cette phase, tous les sous-systèmes seront testés, notamment les instruments scientifiques. « Il y a dix instruments à bord, donc ça prend du temps, précise Olivier Witasse. Il faut les allumer l'un après l'autre, vérifier qu'ils marchent bien, tester quelques modes d'observation. Si on a le temps, on prendra une image de la Terre avec la caméra [scientifique] ». C'est à l'issue de cette phase que l'on pourra dire que Juice a bien « survécu au lancement ».

    Un décollage plus que parfait

    Une fois de plus, comme pour le télescope spatial James-Webb, Ariane 5Ariane 5 a fait Bull's Eye, autrement dit en français « dans le mille » ! Les précisions rapportées dans un tweet de Stéphane Israël, P.-D.G. d'ArianespaceArianespace, montrent qu'aucune manœuvre de correction ne sera nécessaire. Le carburant sauvé pourra alors être utilisé plus tard au cours de la mission, notamment pour une éventuelle extension.

    Après 8 ans de voyage interplanétaire et 35 survolssurvols d'Europe, GanymèdeGanymède et CallistoCallisto, Juice se placera en orbiteorbite autour de Ganymède en 2034 et y restera jusqu'à septembre 2035. La fin de la mission consiste en un crash à la surface. Mais s'il reste assez de carburant, et que la santé de la sonde le permet, la mission sera alors prolongée et pourra rapprocher son orbite à 200 kilomètres au-dessus de la surface.

    Le décollage vu sous tous les angles, y compris par les caméras d'ingénierie du pas de tir ! © Centre optique du CSG